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Vitolo, couteau suisse de Séville
Jeune, beau et riche. Voici la vie rêvée de Vitolo, la nouvelle sensation ibérique en ce début d'année 2015. À 25 ans, le milieu de terrain du FC Séville prend chaque semaine plus d'ampleur en Espagne. Et ça ne devrait pas s'arrêter de sitôt.
C’était il y a tout pile une semaine, dans le cœur du Madrigal de Villarreal. Pour ce huitième de finale aller de Ligue Europa entre faux frères, le FC Séville peut légitimement se sentir en danger face à un concurrent direct sur la route de la finale à Varsovie. Pour se sortir du guet-apens valencien, Unai Emery fait confiance à son milieu à cinq, sans titulariser les produits créateurs de la Masia Denis Suárez et Gerard Deulofeu. Une composition pouvant laisser perplexe au vu de la capacité du sous-marin jaune à détruire ses derniers adversaires par un jeu collectif impressionnant. Mais Emery connaît ses gars sûrs. Après seulement 13 secondes de jeu, les Palanganas construisent une attaque tranchante par l’intermédiaire de Vicente Iborra, Kevin Gameiro et Victor Machin Pérez. Peu connu jusque-là sur le Vieux Continent, le dernier cité va conclure l’action éclair et inscrire ainsi son nom dans les records de la compétition, devenant le buteur le plus rapide de l’histoire du tournoi. Rapide, c’est aussi le mot pour définir l’ascension de la carrière de Victor Machin Pérez, alias Vitolo. Des plages des îles Canaries à l’Andalousie, le footballeur connaît pour l’instant beaucoup de soleil dans sa vie. Pourvu que ça dure.
Jonathan Viera, le frère du sol
Enfant de Las Palmas, Victor acquiert rapidement les premières notions de football sur les étendues de sable chaud. Repéré par le club de la région à partir des pupilles, son entraîneur de l’époque Mingo Oramas se souvient de l’adolescent : « C’était un garçon très ouvert vers les autres, sympa et toujours prêt à vanner ses coéquipiers. En revanche, il était hyper concentré dans le travail à l’entraînement. C’est un vrai passionné du foot, sur les terrains comme sur les plages. » Associé à son talent naturel, les efforts consentis à l’entraînement le rendent incontournable chez les jeunes pépites du club. « Vitolo faisait partie des meilleurs joueurs dès le début, explique Oramas. Ils étaient trois à sortir du lot, il y avait lui, Jonathan Viera et Juanpe, aujourd’hui à Santander. Ensuite, Vitolo est arrivé avec Jonathan dans les équipes nationales en Espagne, ça l’a bien aidé à progresser. »
Depuis tout gamin, Vitolo partage une amitié profonde avec son copain d’enfance. Entraîneur de Vitolo dans l’équipe réserve de Las Palmas, Victor Alfonso voyait les deux larrons être comme cul et chemise dans la vie. « Ils étaient comme des frères, à jouer ensemble à l’entraînement ou en match, partager la même chambre d’hôtel, raconte leur ancien coach. Quand Paco Jémez les a fait débuter en équipe première, le public s’identifiait à eux, parce qu’ils venaient tous les deux de familles modestes de Las Palmas. Vitolo et Viera ont rassemblé beaucoup de fans dans l’île. » Après deux saisons pleines, Jonathan décide en premier de mettre les voiles et file au FC Valence. La saison suivante, Vitolo signe au FC Séville, un bon souvenir pour Oramas. « J’ai le souvenir d’un match de coupe en moins de 18 ans contre le FC Séville justement, où il avait fait gagner notre équipe en sortant du lot. J’imagine que depuis ce jour, Séville avait gardé un œil sur lui… »
La Roja en ligne de mire
Avec ses airs de play-boy débarqué d’Ibiza, le milieu offensif se met tout de suite au diapason et fixe les objectifs du club dès la présaison 2013-2014 en Indonésie, où il envisage de récupérer la Ligue Europa au Juventus Stadium. Un sorte de prédiction, puisque le club remporte la C3 en fin d’exercice. Tout sauf un hasard pour Alfonso : « Vitolo est un joueur ambitieux. À chaque entraînement, il boostait l’équipe en transmettant sa rage de vaincre. C’était vraiment communicatif, même pour moi. Je connais bien l’entraîneur adjoint à Séville, et il me dit qu’il est toujours dans cet état d’esprit. Vitolo, c’est un vainqueur avant tout. » Un gagnant certes, mais aussi un croyant. Couvert de tatouages sur les bras, le Canarien porte aussi les marques de sa foi avec une vierge sur l’épaule gauche. « Il reste très discret sur la signification de ces tatouages. Tout cela est lié à son passé, les épreuves par lesquelles il est passé dans sa vie personnelle. Son père avait dû être hospitalisé suite à une infection, ça l’avait marqué. »
Aujourd’hui bien implanté chez les Nervionenses, Vitolo totalise 16 buts et 15 passes décisives en deux saisons de Liga. Avec un tel ratio et des postes différents sur chaque rencontre, le beau gosse prouve son adaptabilité rapide et efficace. La performance commence même à taper dans l’œil du grand patron, puisqu’il se murmure que Vicente del Bosque devrait convoquer le joueur lors de sa conférence de presse ce vendredi, pour les matchs contre l’Ukraine et les Pays-Bas. « Je suis convaincu que le sélectionneur national ferait un bon choix en le prenant, tranche Alfonso. D’abord, parce que le joueur le mérite au vu de sa dynamique actuelle, comme Nolito l’avait mérité lors du dernier appel. Ensuite, Vitolo possède tout ce que recherche Del Bosque : la jeunesse, le talent, la puissance physique et la performance en club. Enfin, Del Bosque recherche un vestiaire sain, avec de la bonne humeur et de la cohésion. Victor sait apporter ces choses-là dans un groupe. » De quoi voir encore plus grand pour Vitolo.
Par Antoine Donnarieix