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- Marseille-Troyes (3-1)
Vitinha, c'est parti !
Muet depuis son arrivée sur la Canebière, Vitinha est sorti de sa tanière ce dimanche soir en plantant un doublé face à l’ESTAC. Malgré la faiblesse adverse, sa prestation n’augure que du bon, et l’OM pourrait bien s'en remettre à lui pour le sprint final.
Il avait d’abord été envoyé au casse-pipe le 5 février dernier, cinq jours seulement après son arrivée, dans une nuit où l’OGC Nice avait glacé le Vélodrome. Sorti à la mi-temps ce soir-là, Vitinha avait, semble-t-il, perdu en partie la confiance de son entraîneur, qui s’était ensuite passé de lui dans ses compositions pour ne lui offrir que des bouts de matchs. Pas facile donc d’entrer dans le moule dans ces conditions, avec l’étiquette d’une recrue à trente millions d’euros collée à la peau, et une impatience grandissante venue des tribunes. Remis en question ces derniers jours, Igor Tudor a alors choisi de dégainer à nouveau la carte Vitinha de son chapeau ce dimanche soir, lors de la réception de Troyes au Vélodrome. Et bien lui en a pris, puisque le transfuge de Braga s’est offert ses deux premiers buts sous la tunique olympienne, permettant à sa troupe de regagner la place de dauphin du PSG.
Un soulagement et des sourires
Jusque-là maladroit dans son aventure phocéenne, le Portugais ne s’est cette fois pas posé mille questions : sur son premier ballon exploitable, il a profité des largesses défensives de l’ESTAC pour ajuster un Gauthier Gallon abandonné par sa ligne devant lui. On a alors senti un soulagement immense pour le buteur, qui attendait terriblement ce moment, et a ensuite pu se libérer sur le pré. Très présent dans le jeu de son équipe, il a notamment été plus inspiré qu’Alexis Sánchez, moins tranchant qu’à l’accoutumée. Dans tous les bons coups, c’est assez logiquement qu’il a été récompensé en voyant le cuir revenir dans ses pieds à la suite d’un coup de casque de Kolašinac et en n’ayant plus qu’à le pousser au fond des cages auboises.
À la fin des débats, ses coéquipiers l’ont longuement congratulé, et on a aperçu de nombreux sourires sur son visage. « J’ai toujours eu confiance en moi depuis que je suis arrivé ici, j’ai toujours travaillé pour être bon au moment où j’aurais ma chance. L’équipe ne doutait pas d’elle, on se battra jusqu’au bout pour garder cette place qualificative pour la Ligue des champions », a soufflé le principal intéressé après le match, avant d’entendre son entraîneur, qui fêtait ses 45 printemps ce dimanche, le féliciter : « C’est un super cadeau, merci à mes joueurs ! Aujourd’hui, Vitinha a amené de la fraîcheur et de l’énergie. On avait besoin de quelque chose de nouveau, et il l’a bien fait. »
Une solution bienvenue pour un Tudor qui tâtonne
Il s’agit aussi d’une petite victoire pour Igor Tudor, qui avait annoncé dans les colonnes de L’Équipe il y a quelques semaines sa volonté de faire redescendre d’un cran Alexis Sánchez, afin de le placer à un poste qu’il préfère, et de l’associer à Vitinha. Le Croate avait testé cette formule face à Montpellier fin mars, sans succès, et il a finalement choisi le bon moment pour lui relaisser une chance. Cette nouvelle solution offensive pourrait faire un bien fou à un collectif marseillais qui commençait à s’essouffler physiquement, et qui manquait par moments d’idées.
Sur le papier, le style du Portugais, différent de celui de Bamba Dieng et Arkadiusz Milik, les deux derniers avants-centres du club, est sans doute celui qui colle le mieux au système prôné par Tudor, tant Vitinha ne lésine pas non plus sur les efforts à la perte du ballon. Il faut néanmoins relativiser sa prestation du soir avant de s’enflammer, en prenant en compte la faible opposition proposée par les Troyens ce dimanche, qui ont trop rapidement abdiqué, et ses occasions gâchées qui auraient pu lui permettre de repartir avec un triplé dans la besace. Désormais, c’est un OL revigoré qui se dresse face à l’OM dès ce dimanche, et ce duel des Olympiques pourrait bien nous en apprendre un peu plus sur ce qu’a dans le ventre ce fameux Vitor.
Par Alexandre Lejeune