- Ligue 1
- J10
- OM-OL (3-0)
« VA », la bonne affaire de l'OM
Associés en pointe d'un 3-4-1-2 inédit, Aubameyang et Vitinha ont rayonné face à l'OL (3-0). Tous les deux buteurs et passeurs décisifs, les deux hommes ont prouvé qu'il y avait de quoi espérer du côté de l'OM, revenu à trois points des places européennes.
« Il faut déchiffrer là, attend. » Quand la feuille de match a circulé dans les entraves du Vélodrome, à une heure du coup d’envoi face à Lyon, la perplexité a gagné la salle de presse. À quoi jouait Gennaro Gattuso ? En quête de repères, l’OM avait trouvé sa formule avec un 4-2-3-1 compact, qui donnait les clefs du jeu à Amine Harit, en soutien de Pierre-Emerick Aubameyang. Mais à l’heure de recevoir l’OL en match en retard de la 10e journée, le champion du monde 2006 a surpris tout son monde. Place à une défense à cinq et à un milieu à trois pour venir épauler un duo jamais vraiment associé jusque-là : Pierre-Emerick Aubameyang et Vitinha. La surprise a toutefois vite laissé place à l’évidence, puisque les deux hommes ont été impliqués sur les trois buts de la soirée : deux passes décisives (dont une pour Vitinha) et un but pour le Gabonais, une passé dé (pour PEA) et un but pour le Portugais. La doublette « VA » est née, au bon souvenir de l’OM.
Une envie d’abord défensive
Ce choix était pourtant dicté par une volonté défensive, a confié l’Italien, après la rencontre : « On a étudié Lyon, et sans Rongier et Kondogbia, il fallait mettre à part mon credo footballistique (celui de jouer à 4 défenseurs, NDLR). On a décidé de jouer à trois centraux, dont un agressif pour construire derrière, utiliser la largeur, et cette situation de surnombre. Je remercie les joueurs, ils n’étaient pas convaincus à 100%. On a fait un bon match. » C’est donc presque par défaut que Gennaro Gattuso a disposé ses troupes ainsi, avec une volonté d’étirer un maximum le bloc lyonnais. « J’ai pris mes responsabilités. On pensait pouvoir faire mal ainsi, on a insisté. C’était une question de vie ou de mort. On a été récompensés », a savouré le champion du monde 2006, qui a répété son envie de toujours s’adapter à l’adversaire. Rien ne dit donc que l’on reverra ce 3-5-2 dès dimanche à Lorient, malgré les réussites affichées face à Lyon, et concédées par son adversaire du soir.
« Ce qui nous a vraiment gênés, c’est la position très large sur leur côté gauche. C’est souvent là où ils ont fait la différence, on a eu du mal à fermer l’intérieur et l’extérieur, a reconnu Pierre Sage, le coach lyonnais, en bonne victime expiatoire. Ils avaient tellement d’alternatives de jeu qu’ils n’avaient plus qu’à choisir la bonne. On s’est ajusté à la mi-temps avec deux pistons en 3-4-3, mais on s’est alors plus ouvert dans l’axe. Ils arrivaient bien à faire dézoner notre axial. » Des possibilités qui se nommaient souvent Pierre-Emerick Aubameyang et Vitinha, parfaitement accordés pour éparpiller la défense lyonnaise sur la pelouse du Vélodrome. Car si Gattuso a opté pour le 3-5-2 en pensant à sa défense, c’est bien son duo d’attaque qui en a fait une réussite. Ce que l’Italien a reconnu, non sans mal : « Vitinha a apporté beaucoup de choses sur le plan physique, il attaque la profondeur. Ça permet à Aubam de se balader sur le côté. Ça nous a permis de varier un peu, c’est difficile pour la défense adverse de les suivre. Un va chercher le ballon, l’autre plonge derrière : ça nous a beaucoup aidés. »
Un plan B de premier choix
En pratique, la présence de Vitinha a libéré Aubameyang, électron libre et libéré, après sa semaine dernière à cinq buts. De retour en confiance, le Gabonais a rayonné en début de période, et déséquilibré à lui seul le bloc lyonnais. Une fois la balance penchée dans son sens, il a fait parler sa justesse technique pour servir Vitinha, sur le premier but, puis Murillo sur le second. Deux passes décisives et un grand sourire pour celui qui est impliqué sur 15 buts toutes compétitions confondues cette saison avec l’OM (10 buts, 5 passes décisives) : seul Kylian Mbappé (18 buts, 2 passes décisives) fait mieux en France pour le moment. Surtout : cette association a permis à Gennaro Gattuso de ne pas faire maronner Vitinha. Titulaire à l’arrivée de l’Italien, mais de nouveau relégué sur le banc depuis dix jours, le Portugais a pu profiter de la confiance de l’ex-Stéphanois pour se relancer face à Lyon. Car en dehors de son but, la recrue la plus chère de l’histoire de l’OM a eu une activité incessante, pressant sans arrêt l’OL. C’est d’ailleurs ainsi qu’est venu le troisième pion phocéen.
Sur une ouverture d’Aubameyang, Vitinha a pris la profondeur. Au duel avec Lovren, le numéro 9 s’est écroulé, mais aussitôt relevé avant de lever les yeux. Il a ainsi vu Aubameyang, parfaitement démarqué en retrait pour le 3-0. Preuve que malgré l’avalanche de critiques (voire de moqueries) des dernières semaines, le petit protégé de Jean-Pierre Papin est bien plus qu’un gros buffle. Il est d’ailleurs passé tout proche d’un doublé ensuite, avant de sortir sous l’ovation du stade Vélodrome. Tout comme son compère d’attaque. Grâce à ses deux gâchettes, impliquées sur les trois buts de la soirée, l’OM a signé sa plus large victoire face à l’OL depuis le 26 avril 1994, et surtout la troisième de suite : une première dans l’histoire. Des jolies lignes statistiques qui donnent envie de revoir le duo « VA » associé en pointe, même si Gennaro Gattuso a bien rappelé que cela dépendra des adversaires. Et de la profondeur de banc : car si la paire Aubameyang-Vitinha a brillé face à Lyon, le coach de l’OM a dû faire entrer Ismaïla Sarr et Bilal Nadir ensuite, en pointe. À défaut de devenir le plan A des Marseillais, cette association a en tout cas tout d’un plan B de premier choix, ce que l’OM n’avait plus vraiment connu ces dernières années.
Par Adrien Hémard-Dohain, au Vélodrome