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- Marseille-Monaco (2-2)
Vitinha à l’OM, anatomie d’une chute
Logiquement visé après le match nul peu convaincant de l’Olympique de Marseille contre l’AS Monaco, Vitinha est sous le feu des critiques après un match manqué dans les grandes largeurs. Mais le Portugais est-il le seul responsable de cette situation ?
Tenu en échec sur sa pelouse contre une vaillante équipe monégasque réduite à neuf, l’OM a manqué une réelle occasion de ramasser trois points à domicile face à un concurrent direct aux places européennes. À cause de quoi ? Si certains parleront d’un collectif trop passif et victime de trous d’air assez inquiétants, d’autres vont directement viser les individualités. À cause de qui ? Les projecteurs se braquent immédiatement sur Vitinha avec une image qui vaut mille mots. Celle d’un buteur en total manque de confiance, qui a raté l’immanquable à la dernière seconde avant de filer directement aux vestiaires, le visage fermé, pour ne pas subir la bronca et les quolibets du Vélodrome qui a sans doute compris que le Portugais ne serait pas le grand attaquant espéré sur la Canebière.
Maladroit au but
Pour Vítor Manuel Carvalho Oliveira, l’aventure dans les Bouches-du-Rhône a commencé il y a un peu moins d’un an. Le 31 janvier 2023, l’OM trouvait un accord avec le SC Braga pour s’attacher les services d’un avant-centre prometteur. L’achat est fixé à 32 millions d’euros, bonus inclus. Dès lors, Vitinha devient la recrue la plus chère de l’histoire du club phocéen devant Dimitri Payet. Dans une région qui cherche désespérément un attaquant capable d’empiler les buts, l’arrivée de Vitinha comporte forcément son lot de pression. Ce samedi, le principal intéressé a peut-être grillé ses dernières cartouches auprès d’un public réputé pour être sans pitié.
Bien sûr, il y a cette balle de match manquée seul face au but vide à la toute dernière minute du temps additionnel (94e). Mais ce n’est pas tout : il y a aussi cette double occasion manquée, déjà une balle de 3-2 (69e). Dès la première égalisation marseillaise, Vitinha avait été très heureux de voir sa frappe dévissée sur le poteau profiter à Pierre-Emerick Aubameyang. La confiance a disparu, le talent semble aussi manquer cruellement. En 42 apparitions sous le maillot de l’OM, l’international portugais n’a marqué que six fois. Si le bilan de cette saison en Ligue 1 est un poil meilleur que celui de la saison passée pour l’instant (17 matchs, 3 buts), cela ne peut pas convenir à un club du standing de Marseille. Au moment de refaire le match au micro de Canal+, Gennaro Gattuso est tombé sur cette ultime action loupée par son joueur. « C’est le football, a soufflé l’Italien. Je suis vraiment désolé qu’il n’ait pas réussi à marquer, mais qu’est-ce que je peux y faire ? »
La responsabilité de la direction
Sur la forme, il est difficile de contredire le champion du monde 2006, peu à l’aise dans l’exercice de la finition au cours de sa carrière de milieu de terrain. Sur le fond, en revanche, il est aussi l’heure de mettre des noms sur les responsables du camouflet Vitinha. En première ligne, Pablo Longoria et Javier Ribalta, bien sûr. Réputé pour bâtir des effectifs de qualité comme il l’avait notamment fait à Valence, le président de l’OM s’est planté dans le choix du Portugais. Il se présente d’ailleurs comme un marqueur du mandat de l’Espagnol, qui a fait beaucoup de bien à Marseille, mais dont la stratégie sportive est franchement devenue illisible depuis quelques mois. On se souvient de l’enthousiasme à l’arrivée de Vitinha il y a quasiment un an jour pour jour : le coup était immense, et l’investissement colossal ne devait pas faire peur, il serait forcément rentabilisé. Aujourd’hui, le discours n’est plus le même, et l’histoire entre Vitinha et l’OM semble déjà toucher à sa fin. Il ne peut pas être le vilain petit canard, tant les lacunes sont nombreuses dans cette équipe, mais il se présente ce week-end comme un triste symbole.
Par Antoine Donnarieix