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Virgil Thérésin : « On n’a pas eu très peur face à l’Atlético »
Le 23 janvier 2020, Virgil Thérésin a vécu une soirée inoubliable lors de la qualification de son équipe de troisième division, la Cultural Leonesa, aux dépens de l’Atlético de Madrid pour le compte des seizièmes de finale de la Copa del Rey. Un joli coup, que le défenseur central français de 21 ans et ses coéquipiers comptent bien reproduire face à Valence ce mercredi en huitièmes.
Raconte-nous cette qualification face à l’Atlético.
Lors du tour précédent, on a réussi à sortir Huesca et c’était déjà quelque chose d’incroyable. Mais, là, éliminer l’Atlético de Madrid, c’est la première fois que je vis un moment aussi fort. D’autant que l’on perdait 1-0, et que l’on a réussi à revenir avant la prolongation. Je vais m’en souvenir longtemps. Contre Huesca, il y avait du monde, mais là, le stade entier (il fait plus de 13 000 places, N.D.L.R.) était plein. Sur l’égalisation, j’étais juste derrière Julen Castañeda, prêt à récupérer le ballon au cas où ça revenait. Quand il a marqué, et qu’on est allé célébrer avec nos supporters, la première chose à laquelle j’ai pensé, c’est que Dieu était avec nous. Rien ne pouvait nous arriver, on allait le faire.
Tu as eu davantage de pression en sachant que tes proches te regardaient ? Je ne pense pas que c’était de la pression. J’étais plutôt content de leur montrer que je n’étais pas là pour rien. J’avais à cœur de prouver que j’avais le niveau pour aller plus haut. Et puis, je sortais d’un gros match face à Huesca et j’avais aussi besoin de confirmer, de me prouver à moi-même que j’étais capable de me mesurer à ce genre d‘équipe. J’ai gagné en confiance grâce à cette qualification.
Comment votre coach a-t-il réussi à gagner la bataille tactique contre Diego Simeone ? Il avait trouvé une faille ?
En début de rencontre, il nous avait demandé de resserrer les lignes. Ce n’est pas que ça ne marchait pas, mais ce n’était pas naturel. À la pause, il nous a ensuite fait repasser dans notre 4-4-2 habituel en phase défensive, et de jouer comme d’habitude. Lorsqu’Ángel Correa ouvre le score pour eux, je n’ai pas douté. C’est un but comme un autre, on a la possibilité d’égaliser, alors on y va.
Qu’est-ce que ça fait de museler João Félix ? Il t’a impressionné ?Je pars du principe que, même si c’est un très bon joueur, s’il est sur le terrain face à moi, c’est que j’ai les armes pour le faire déjouer. Que ce soit lui, Correa ou un autre, je ne me base pas sur le nom. Je n’ai pas été impressionné, ce n’est pas dans ma nature de faire des fixettes sur les joueurs en face de moi.
Comment avez-vous fêté la qualification?
Mon père m’a fait une surprise, je ne savais pas qu’il était venu me voir au stade. Ma famille habite en région parisienne, ils n’ont pas souvent l’occasion de venir me voir. Lorsqu’on vient me chercher dans le vestiaire, qu’on me dit quelqu’un est là pour moi, et que je me rends compte que c’est mon père et qu’il a vu de ses yeux ce match-là… Oui, forcément, ça me touche. Après, mon père, c’est le genre de personne qui me dit rapidement de passer à autre chose, que j’ai bien joué, mais qu’il faut tout de suite penser au match d’après. Même si j’ai fait un match de fou, il va surtout me parler d’une erreur que je ne dois plus refaire à l’avenir.
Qu’est-ce que ça fait de se voir en « Une » des principaux quotidiens espagnols ? C’est glorifiant, c’est clair ! Notre exploit a été cité en France, en Espagne et dans d’autres pays… C’est qu’on a fait quelque chose de grand ! J’ai la photo de la Une de Marca dans mon téléphone et je compte bien la garder !
Comment as-tu atterri à la Cultural Leonesa ? Avant d’arriver à la Cultural, j’étais en D4 espagnole au Caudal Deportivo pendant un an. C’est l’équivalent de la N2 en France. J’ai fait une saison là-bas pour me relancer. Pourquoi je n’ai pas fini en équipe première à Guingamp ? (Il marque une pause.) Peut-être que je n’ai pas fait ce qu’il fallait pour y arriver, tout simplement. Je savais d’avance qu’il y avait plus de chances que je ne réussisse pas à percer pro à Guingamp, car le pourcentage de joueurs qui décrochent un contrat professionnel est très mince. Il fallait que je me remette au travail, d’autant qu’aujourd’hui, on voit qu’il y a de plus en plus de grands joueurs qui ont des parcours atypiques.
D’accord, mais comment se retrouve-t-on à signer en D4 espagnole depuis Guingamp ?
Mon agent m’a parlé de l’Espagne, et m’a dit tout de suite que je pouvais me relancer en D4 là-bas. J’aime les défis, je n’avais rien à perdre et pour le moment, ça fonctionne plutôt bien. J’ai appris la langue sur le tas, j’avais quelques bases de l’époque collège/lycée. Le football espagnol m’a toujours attiré, c’est pour ça que je n’ai pas hésité.
Vous affrontez Valence ce mercredi pour le compte des huitièmes de finale de la Copa del Rey. Vous êtes prêts à refaire le coup ? Le but, c’est de renverser toutes les équipes qui vont tomber contre nous. Forcément, les joueurs de Valence vont avoir en tête qu’on vient d’éliminer l’Atlético, d’autant plus que ce n’était pas sur un coup de chance. On n’a pas eu très peur, en fait, face à l’Atlético. On a très bien joué notre jeu, notamment dans la construction de nos actions. Mon rêve ? Je n’en ai pas forcément, je veux simplement aller le plus haut possible. J’ai commencé le foot pour atteindre le haut niveau, c’est toujours dans un coin de ma tête.
Propos recueillis par Andrea Chazy