- Serie A
- J37
- Bologne-Juventus
Allegri, le museau fut trop court
Viré par la Juve à la suite de son comportement en marge de la finale de la Coupe d’Italie, Massimiliano Allegri a vu le couperet tomber, mettant ainsi fin à son aventure turinoise. De son deuxième passage à la Juve resteront cette victoire en Coupe d’Italie, et surtout trois saisons où a régné l’ennui.
Le Bologne-Juve de ce lundi 20 mai avait une belle allure de grand-messe pour un passage de témoin. Si depuis plusieurs jours, Thiago Motta fait tout pour éteindre les rumeurs qui l’envoient sur le banc de la Vieille Dame l’été prochain, l’ancienne sentinelle du PSG n’aura même pas l’occasion de saluer son potentiel futur prédécesseur au Renato-Dall’ Ara, le sublime stade de Bologne, qu’il connaît désormais par cœur et qu’il a mis à ses pieds. Vous l’avez compris : en plus de se présenter en Émilie-Romagne dans la peau du chasseur – la Juve possédant le même nombre de points que Bologne, mais une moins bonne différence de buts après le nul (1-1) à l’aller –, les Bianconeri feront donc le voyage sans Massimiliano Allegri. En poste depuis 2021, le technicien né à Livourne n’a pas survécu à son après-match lunaire de la semaine passée en Coupe d’Italie malgré la victoire des siens sur l’Atalanta (1-0). Le clin d’œil est puissant : comme à l’issue de son premier cycle en 2019, Allegri a pris la porte un 17 mai.
« Je viens et je t’arrache tes deux oreilles »
Cette fois, c’est un craquage qui a mis fin aux trois longues années d’ennui d’Allegri sur le banc de la Vieille Dame. S’il avait déjà tombé la veste pour s’en prendre au quatrième arbitre dans les dernières minutes de la finale, « Mad Max » ne s’est pas arrêté en si bon chemin. Au moment des célébrations avec ses joueurs de ce seul trophée glané en trois ans, la quinzième Coupe d’Italie de l’histoire de la Juve, il a indiqué à son directeur sportif Cristiano Giuntoli d’aller voir ailleurs. Plus grave ensuite, dans les coursives, il s’en est pris à un journaliste : Guido Vaciago, directeur du journal turinois Tuttosport, qui a lui-même raconté la scène dans les heures qui ont suivi ces menaces physiques. « “Directeur de merde ! Écris la vérité sur ton journal, pas ce que te dit le club !” (…) Il m’a attrapé, poussé et m’a hurlé avec son doigt sous mon nez : “Tu sais que je sais où venir te choper. Je sais où t’attendre. Je viens et je t’arrache tes deux oreilles. Je viens et je te tape dans le nez. Écris la vérité sur ton journal.” » Ambiance.
This is the last moment of Max Allegri's second stint at Juventus. What a way to go out!pic.twitter.com/hkFGIXuqGf
— Get Italian Football News (@_GIFN) May 17, 2024
Si l’incident entre les deux hommes est désormais clos, la Juve n’a pas vraiment apprécié le comportement de son tacticien, au point de le mettre à la porte. « Ce licenciement fait suite à certains comportements pendant et après la finale de la Coupe d’Italie qui, selon le club, n’étaient pas compatibles avec les valeurs de la Juventus et le comportement de ceux qui la représentent », a écrit le club le plus titré de la Botte dans un communiqué pour justifier sa décision. Pour les deux dernières rencontres de la saison, à Bologne donc, puis à la maison face à Monza, c’est l’Uruguayen Paolo Montero qui sera aux manettes. Une manière de déjà commencer à refermer pour de bon le chapitre Allegri en vue de la saison prochaine.
Motta, De Zerbi : le futur s’annonce chaud (et beau ?) à Turin
Il ne faut pas s’y tromper : pour les dirigeants turinois, ce coup de sang d’Allegri était une aubaine. À l’image de leurs fans, la direction bianconera avait compris depuis longtemps que son technicien n’était pas l’homme sur qui la Juve pouvait compter pour commencer une nouvelle ère victorieuse. Si le bilan final d’Allegri est loin d’être dégradant avec cette qualification en Ligue des champions et cette Coupe d’Italie ramenée à la maison, le jeu produit par la team emmenée par Adrien Rabiot a trop souvent déçu. Si virer Allegri, qui avait encore un an de contrat, aurait coûté plusieurs millions d’euros à un grand club qui n’a pas besoin de ça en ce moment, le licencier pour faute grave permet d’économiser cette somme pour pourquoi pas la réinvestir dans le contrat de son successeur.
Cela tombe bien, les candidats ne manquent pas. Car hormis Thiago Motta, qui se serait déjà mis d’accord avec le club pour un contrat de trois ans selon Sky, il y a aussi l’opportunité d’attirer Roberto De Zerbi qui s’est matérialisé ces dernières 48 heures. Deux noms qui en disent long sur l’ambition de la Juve de retrouver les sommets, à la fois au classement, mais aussi dans le jeu. À Turin, l’été s’annonce chaud, mais également plutôt excitant.
Paul Pogba et la Juventus, ce serait bientôt finiPar Andrea Chazy