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Vinícius Júnior, vidi et vici ?
Recruté 45 millions d'euros il y a un an, Vinícius Júnior (18 ans) débarque enfin au Real Madrid, où il vient d'être présenté officiellement ce vendredi. Et si son avenir pourrait passer par un prêt dans un autre club européen, l'ailier brésilien, comparé à Neymar, compte bien éclabousser la Liga de son talent dès cette saison.
Une démarche fébrile, les yeux grands ouverts, un stress palpable. Vinícius Júnior ne semble pas vraiment serein au moment de faire ses premiers pas au Santiago-Bernabéu pour y être présenté devant quelques centaines de supporters venus l’acclamer. Timide et un brin perdu, l’attaquant brésilien pose alors le ballon qu’il porte entre ses bras et démarre une série de jongles. Comme par magie, le visage de Vinícius Júnior se détend à mesure qu’il épate la galerie en collant notamment le cuir au niveau de son omoplate.
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— Real Madrid C.F. (@realmadrid) 20 juillet 2018
Soulagé d’avoir réussi cette terrible épreuve de jonglerie fatale à son nouveau coéquipier Theo Hernandez, le prodige qui vient d’avoir 18 ans peut laisser éclater sa joie et son appareil dentaire au moment de claquer un selfie avec son compatriote Ronaldo – le vrai. Avant d’entendre son président, Florentino Pérez, lui cirer les pompes : « Il y a longtemps que tu nous a séduits. Nous croyons que tu es appelé à être l’un des grands dans cette nouvelle ère qui s’ouvre. Nous sommes convaincus que tu es l’un de ces joueurs qui va marquer d’une manière spéciale le futur, mais qui se montre déjà comme une réalité. »
Plus fort que Neymar et Gabriel Jesus au même âge
Et Florentino Pérez ne croit pas si bien dire quand il parle de longue attente avant de recevoir son nouveau jouet. Retour en mai 2017. Alors que Vinícius Júnior ne pèse que seize ans et 17 minutes de jeu en pro avec Flamengo, le Real Madrid n’hésite pas une seule seconde à claquer 45 millions d’euros et ainsi convaincre le gamin de São Gonçalo de rejoindre la Maison-Blanche plutôt que le Barça, aussi intéressé. La mission réussie, les Merengues peuvent laisser celui qui évolue le plus souvent sur l’aile gauche s’aguerrir et prendre du galon au sein de son club formateur pendant un an. Si les attentes autour de lui se multiplient d’un coup, Vinícius Júnior ne reste, comme son nom l’indique, qu’un gamin de seize ans qui empile les buts chez les juniors et qui roule sur le Championnat de la CONMEBOL U17.
Son entraîneur, Zé Ricardo, lui fait comprendre en le cantonnant à un rôle de supersub: « Il n’est morphologiquement pas prêt pour être titulaire. Il a des difficultés pour enchaîner les matchs le mercredi et le dimanche. Il peut être plus dangereux en entrant en jeu quand l’équipe adverse se fatigue. Ce que je souhaite, c’est qu’il se développe en tant qu’athlète. » Résultat, ce grand fan de Robinho doit attendre son quinzième match en Serie A et sa quatrième titularisation pour ouvrir son compteur en championnat en inscrivant un doublé face à l’Atlético Goianiense (2-0). La suite ? Trois changements d’entraîneur, une musculature qui se dessine, des dribbles chaloupés, des accélérations boltesques, des filets qui tremblent et un poste de titulaire qui arrive petit à petit.
Et si ses statistiques ne sont pas affolantes (sept buts en 37 matchs de Serie A), elles n’en restent pas moins supérieures à celles de Neymar et de Gabriel Jesus qui n’avaient marqué « que » sept pions après 1380 minutes chez les pros (huit pour Vinícius). De quoi permettre au nouveau Madrilène de faire taire les critiques, comme il le concède en mai dernier au Guardian : « Ce transfert au Real Madrid est un grand changement dans ma vie, et les supporters attendent beaucoup de moi. Maintenant, ils savent combien j’ai été vendu. Chaque jour, c’est le même sujet et parfois vous êtes critiqués, mais vous devez comprendre et faire abstraction. Je parle beaucoup à mon père du fait que même Lionel Messi, Cristiano Ronaldo ou Neymar peuvent avoir un mauvais match de temps en temps. Alors, pourquoi moi je ne pourrais pas ? »
Cible des critiques
Ce n’est pas un hasard si Vinícius Júnior prend l’attaquant du PSG comme exemple. Il n’y a qu’à voir les vidéos des plus beaux skills du jeune prodige de 18 ans pour comprendre d’où il a récolté son surnom de « nouveau Neymar Jr » . Une comparaison qu’accepte avec plaisir le principal intéressé lors de sa présentation : « Neymar est mon idole. Mais ce n’est pas seulement mon idole, c’est l’idole de tous les Brésiliens. Je ne sais pas si je lui ressemble ou pas, si je suis meilleur dans un domaine, c’est à vous de me le dire. » Et ce n’est pas Kadu Fernandes, défenseur de Boavista, qui s’est fait une entorse à la cheville sur une feinte de centre de Vinícius Júnior, qui va venir le contredire.
Histoire de pousser la ressemblance avec Neymar jusqu’au bout, Vinícius possède, lui aussi, ses haters. Parmi eux, l’ancien tireur de coups francs de l’OL, Juninho, qui n’a pas aimé la célébration chororô (consistant à faire semblant de sécher ses larmes) de l’ancien ailier de Flamengo après son but contre Botafogo et l’a fait savoir au micro de TV Globo : « Il faut plus respecter le perdant, il ne faut pas le frapper quand il est au sol. La vie réserve beaucoup de rebondissements. Parce que même s’il a la liberté pour le faire, je ne vois pas quelqu’un au Real Madrid faire ça. Cette attitude n’était pas nécessaire. Faire ça à 3-1… je suis 100% en désaccord. »
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— Real Madrid C.F. (@realmadrid) 19 juillet 2018
Dans un autre style, l’ancien milieu du Real Madrid, Clarence Seedorf, est, lui, venu calmer les ardeurs de Vinícius Júnior sur SporTV quelques jours avant sa présentation au Bernabéu : « Madrid est un club avec une très forte exigence. Il ne va pas jouer à Madrid. Si tu as de la chance, tu es prêté dans une équipe comme Porto pour mûrir. Et si tu ne le fais pas bien, d’autres prendront ta place. Zé Roberto était l’un des meilleurs joueurs que j’ai pu voir et il n’est pas resté. Eto’o est parti à 18 ans. » Vu les premiers pas du Brésilien à l’entraînement et son combo crochet, folle accélération et centre de l’extérieur du pied pour Gareth Bale, Vinícius Júnior compte pourtant bien s’imposer dès cette année.
Par Steven Oliveira