Vincent Ponsot, de l’ombre à la lumière

« C’est un portrait à charge ou pas ? », s’interroge Julien Fournier quand on lui propose de parler de Vincent Ponsot. Cette phrase de l’ancien directeur général de l’OGC Nice résume assez bien la situation du directeur du football de l’OL. Alors que les Gones coulent lentement, mais sûrement depuis trois ans, cela correspond à l’exposition de plus en plus importante de celui qui se veut pourtant très discret dans les médias. Encore directeur général adjoint juridique il y a deux ans, l’homme de 46 ans a été promu au poste de directeur général du football au beau milieu de l’été 2020, alors qu’il commençait déjà à se chamailler avec Juninho. Cette dénomination, hiérarchiquement, le plaçait au-dessus de la légende brésilienne. Alors forcément, les mauvais résultats, ruisselants de mauvais choix, ont poussé les supporters du club à faire porter le chapeau à Juninho, un peu, mais surtout à Vincent Ponsot, qui avait donc l’air de toujours plus s’impliquer dans les affaires purement sportives. « Pour moi, Vincent n’a pas changé, assure Julien Fournier.Son titre peut-être parce les positions évoluent. Mais fondamentalement, le métier qu’il fait aujourd’hui est le même qu’il y a cinq ans. »

Un véritable professionnel

Désormais à Parme après son départ de la Côte d’Azur l’été dernier, Fournier connaît Ponsot depuis la fac de Toulon, d’où ce dernier est originaire, et le duo a passé le DESS droit et économie du sport au CDES de Limoges en même temps. « On est des vrais amis, c’est solide et sincère, ce n’est pas juste une amitié dans le foot », affirme Fournier. Même si son ami explique qu’il « avait de l’appétence pour le rugby », mais qu’il « a toujours préféré le foot », le directeur du foot de l’OL commence sa carrière de juriste au RC Toulon, puis poursuit à la Ligue nationale de rugby. Il change ensuite de sport, en passant à la commission juridique de la LFP, durant le mandat de Frédéric Thiriez, qui le décrit comme « un type compétent et travailleur ». C’est à cette période qu’il montre une aisance particulière pour les textes et que ses premières joutes avec Julien Fournier, alors à l’OM, débutent. « Le transfert de Ben Arfa s’était terminé à la commission juridique. D’un côté, il y avait Pape Diouf et moi-même, de l’autre Jean-Michel Aulas et Marino Faccioli. Vincent me faisait les gros yeux parce que j’avais une attitude… déplacée. Et son regard m’avait un peu remis dans le droit chemin parce que j’avais un comportement qui n’était pas adéquat avec Aulas », raconte le néo-Parmesan.

En 2009, donc, Ponsot est enrôlé au service juridique de l’OL et se montre extrêmement compétent sur deux aspects : la défense du club à la LFP et la rigueur quant à la vérification des contrats. « Quand certains nourrissent le doute erroné d’un club protégé par les institutions, je vois surtout quelqu’un de trop performant devant les commissions de discipline », décrivait Aulas pour le journal L’Équipe. Côté contrat, il arrive à trouver la petite bête dans un milieu pas toujours très propre et met un point d’honneur à être le plus irréprochable possible. Les exemples sont nombreux, mais, encore cet été, Ponsot s’était illustré concernant le transfert raté de Tyrell Malacia. Le latéral gauche devait signer à l’OL cet été, mais la signature a traîné, laissant le champ libre à Manchester United. Ponsot se défendra des critiques en expliquant en conférence de presse que tout n’était pas net autour de ce joueur et de ses demandes. « Je pense que le président est content de pouvoir dormir sereinement le soir et de ne pas voir débarquer la police le matin. Moi aussi », détaillait-il en conférence de presse. « Il est carré dans son travail, il est investi, consciencieux et surtout il est bon », martèle Fournier.

Le sportif, mais pas trop

Si ses qualités de juriste ont rarement été remises en cause, c’est plutôt sa récente implication dans le domaine sportif qui fait grincer des dents à l’OL. Chez les supporters, mais pas que. « Toi déjà pourquoi tu parles de foot, tu n’es pas directeur sportif. Vincent Ponsot ne doit pas s’en mêler », lançait Juninho le 30 septembre dernier sur RMC. « On nomme représentant du football Vincent Ponsot, quelqu’un qui ne connaît pas le foot. C’est un homme très compétent dans son domaine, mais sa seule sortie médiatique a été catastrophique », corroborait Sidney Govou dans L’Équipe trois jours plus tard, faisant référence à une déclaration à propos de Peter Bosz⁽¹⁾. « C’est la caricature du joueur de foot qui n’a pas été en capacité de remplir la fonction ou les attentes qu’il avait autour de lui, défend Julien Fournier. Ce n’est pas parce qu’on n’a pas pratiqué le foot à haut niveau qu’on ne peut pas le comprendre. Dans la gestion d’un club, il faut des compétences partout. Et Vincent, et je ne le dis pas parce que c’est mon ami, est parfaitement légitime dans la fonction qu’il occupe aujourd’hui. »

Pour Julien Fournier, le problème est sûrement la dénomination de son poste. Ce qu’a confirmé Vincent Ponsot lui-même en février dernier, en marge de la présentation de Tanguy Ndombele et Romain Faivre. « Je travaille avec Bruno Cheyrou, avant j’ai travaillé avec Florian Maurice. Quand il y avait Juni, c’est lui qui prenait toutes les décisions sportives. Moi, je suis dans mon périmètre. Directeur du football, cela prête peut-être à confusion. Je peux le comprendre », déclarait-il. « Dans une entreprise de football, les opérations foot, ce n’est pas que du recrutement. Il y a une dimension légale, managériale, financière. Tout ça, ce sont des atouts pour un club. Après, si la question est : « Est-ce que Vincent est un scout, peut-il aller recruter dans un stade, découvrir la perle rare ? »Non, mais ce n’est pas son métier », dépeint Fournier.

Cet éventail de compétences lui a donc permis de rentrer dans le cœur d’Aulas, qui le considère comme son numéro deux. « Sa crédibilité fait que je l’écoute. L’ambition que je nourris pour mon club m’incite à être extrêmement innovant et à prendre des risques. Vincent m’évite de commettre des bêtises concernant le respect du droit et me permet de respecter à la lettre le règlement sans rester statique », confiait le boss à L’Équipe. De là à le former pour lui succéder ? « C’est tout le mal que je lui souhaite, mais je ne suis pas sûr que ce soit dans ses objectifs, ce n’est pas un carriériste », estime le DG de Parme. Tant que le navire de l’OL continuera à tanguer, aucun de ses capitaines ne sera épargné. « J’ai vu que j’étais responsable de plein de maux du club. Je ne dis pas que cela ne me touche pas, mais ça ne m’empêche pas de faire mon travail », affirmait-il l’hiver dernier. En attendant, il espère sûrement que le docteur Blanc passe un peu de pommade sur cet OL malade.