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Vincent Marchetti : « L’idée que le foot devienne un métier m’a bloqué »

Propos recueillis par Maxime Brigand
Vincent Marchetti : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>L’idée que le foot devienne un métier m’a bloqué<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Revenu l’été dernier en Ligue 1 avec l’AC Ajaccio, le milieu corse de 25 ans s’épanouit et brille dans l’élite après avoir un temps hésité à plonger dans le système professionnel. Un système dont il a accepté de faire visiter toutes les facettes. Entretien.

Quelles sont tes premières images de foot au stade ? Dans mes premiers souvenirs, je suis petit et je ne regarde même pas les matchs. Je vais au stade François-Coty avec mon père, qui monte en tribune, et moi, je reste avec mes potes. On joue au foot, en bas… C’est un peu plus tard que je suis monté avec lui et que j’ai assisté aux matchs avec l’Orsi ribelli, le groupe de supporters de l’AC Ajaccio. C’est quelque chose qui est venu avec l’âge. J’ai toujours aimé ce côté supporter, ultra. J’étais sympathisant, je ne faisais pas partie du groupe, mais ado, j’étais toujours dans le kop. J’adorais ça.

Tu es déjà retourné dans un kop depuis que tu es pro ? Oui, à Nancy. Je connaissais bien le chef des ultras du club, le Saturday FC, et un jour, alors que j’étais suspendu, je suis allé passer toute la deuxième mi-temps avec eux. Après, quand tu es pro, c’est différent. Tu n’es plus un anonyme, mais un joueur pro qui vient dans la tribune. Tu n’as plus le même statut, donc on regarde un petit peu plus ce que tu fais, tu es moins libre. J’en garde quand même un top souvenir.

Quand tu étais ado, quel était ton rapport avec les joueurs pros ? J’essayais de m’imaginer ce qu’ils pouvaient ressentir quand ils entraient sur le terrain. Je me posais d’ailleurs souvent la question : comment ça peut être de rentrer sur la pelouse ? Après, je ne me projetais pas trop, mais j’avais ce rêve d’en être un jour, évidemment, même si je n’en faisais pas une fixette. Je me questionnais plutôt sur les sensations que pouvaient avoir les joueurs et je me demandais si j’aurais un jour la chance de les ressentir à mon tour.

Le jour où tu as été lancé chez les pros, tu as réussi à mettre des mots sur ces sensations ? J’ai été dans mon premier groupe pro à 17 ans et je n’oublierai jamais ce premier moment où le coach appelle ton nom, te fait entrer… Ça a quelque chose d’assez magique, mais, même si le rêve de gosse était encore là, j’ai vite ressenti un décalage.

Quand le foot passe du statut de passion à celui de métier, tu peux être bousculé. Et sur le moment, c’est vrai que je me suis demandé si c’était vraiment ce que je voulais faire.

Vincent Marchetti

Pourquoi ? Je sais que parfois, les gens ont du mal à comprendre parce qu’on pense souvent argent, célébrité et compagnie. Attention, je ne suis pas Neymar ou une autre superstar, mais quand le foot passe du statut de passion, que tu vis avec tes amis, à celui de métier, avec toutes les contraintes que ça peut avoir, tu peux être bousculé. Et sur le moment, c’est vrai que je me suis demandé si c’était vraiment ce que je voulais faire. J’étais entre deux feux, en fait. J’avais 18 ans, j’étais en train d’arriver là où je voulais arriver, mais est-ce que j’étais prêt à faire tous les sacrifices pour y rester ?

Avec qui tu discutes de cette question ? Avec mes parents, c’est un petit peu compliqué, parce qu’ils se posent, eux aussi, la question. Ils voyaient que je venais de mettre un pied dans mon rêve, que je n’avais plus trop envie, que les études ne me faisaient pas trop rêver non plus… Ils se disaient : « Bon, si tu ne fais pas ça, ni ça, qu’est-ce que tu vas faire ? » Ils étaient un peu dans le flou, et je les comprends. J’ai surtout réfléchi à tout ça de mon côté. J’en ai aussi un peu parlé avec quelques amis et mes coachs de l’époque, même si c’est plutôt eux qui venaient le faire parce que j’étais un peu fermé. Après, ils ne ressentaient pas ce que je pouvais ressentir. Mes potes me disaient : « Vince, tu peux être footballeur pro, c’est énorme ! » Oui, d’accord, mais le reste ? Mon ressenti ?

Tes coachs, eux, te disaient quoi ? Que je faisais un peu de la merde. Il y avait un petit côté gâchis et ils n’avaient pas tort. J’avais le cul entre deux chaises, et ça ne servait à rien, et à personne, de rester dans cette situation. Il fallait que je trouve la bonne solution pour moi et je ne parle pas du joueur de foot, mais de l’homme. Ça ne pouvait pas durer éternellement. J’ai fait des conneries, j’ai multiplié les retards… On pouvait penser que je faisais ma petite crise, mais non, j’étais juste décroché du truc parce que j’étais arrivé au stade où je m’en fichais.

Parce que tu avais perdu la notion de plaisir ? Exactement, mais c’était un tout. Je devais digérer que premièrement, le foot avec les amis, c’était fini. Le foot, mais aussi les soirées, les vacances, les week-ends, les moments comme ça… Je devais aussi accepter d’entrer dans un système fait de contraintes, d’horaires, de pression liée à la performance. Un footballeur pro n’a pas le droit de faire grand-chose en dehors de son métier. Je trouve, en plus, que c’était peut-être un peu plus compliqué il y a quelques années qu’aujourd’hui pour les jeunes qui arrivent dans un groupe pro. À l’époque, les anciens pouvaient être plus durs avec nous et c’était un peu pesant. Je ne dis pas que c’est mal. Je dis juste que c’était différent, et qu’à 18 ans, tu peux avoir d’autres envies qu’entrer dans un tel système.

De l’extérieur, on a le sentiment que certains sont pourtant programmés pour entrer dans le foot pro, pour s’imbriquer dans le système. Honnêtement, moi, mes parents ne m’ont jamais mis la pression pour quoi que ce soit. J’ai simplement dû faire un choix à l’adolescence entre le foot et le tennis au moment où j’ai eu l’opportunité d’intégrer le centre de formation de l’ACA. Ils voulaient que je sois heureux dans ce que je faisais, c’est tout. C’est vraiment l’idée que ça devienne un métier qui m’a un temps bloqué, de rentrer dans une vie active si brutalement. C’est quand même un choix fort, mais oui, certains sont faits pour ça. Aujourd’hui, quand je vois Désiré Doué ou Eliesse Ben Seghir, ils ont 17 ou 18 ans, ils sont à l’aise, matures dans leur jeu, décomplexés. Je pense quand même qu’il y a des joueurs programmés pour un jour atteindre un tel niveau et d’autres un peu moins.

Qu’est-ce qui fait que tu changes d’état d’esprit à un moment donné ? Je ne pense pas être le plus gros des attardés, donc je me suis posé cinq minutes et j’ai réfléchi : si je ne fais pas ça, aujourd’hui, qu’est-ce que je fais ? Devenir footballeur pro, c’est quand même une chance, et je me suis dit que même si ce n’était pas mon idéal de vie à ce moment-là, travailler dans un bureau de 8h à 19h n’était pas non plus ce que je voulais faire. Dans les études, je me suis souvent reposé sur mes acquis, je faisais le strict minimum, et je ne me voyais pas non plus m’embarquer dans de longues études comme ma sœur. Je pense que j’ai finalement eu la maturité nécessaire pour me dire : « Allez, saisis ta chance. »

Le coach Olivier Pantaloni, qui était déjà sur le banc de l’ACA à l’époque, a joué un rôle dans cette décision ? Non, mais je peux le comprendre, parce que quand je faisais mes conneries, je retournais avec la réserve, donc c’est plutôt le coach de la réserve, Patrick Léonetti, ou Stéphane Faedda, mes coachs chez les jeunes quoi, qui m’ont un peu bougé. Pour le coach Pantaloni, c’était autre chose : si je ne voulais pas, tant pis, il passait à autre chose, et c’est normal. C’est pour ça qu’on dit souvent que le train ne repasse pas toujours.

Ce qui est assez marquant, c’est qu’une fois que tu montes dans ce train, tout te tombe un peu dessus : tu joues avec les pros, tu vas être convoqué avec l’équipe de France U19 quelques mois plus tard… Je n’ai jamais eu aucune prétention, mais je savais que si je me décidais à y aller, c’était pour y aller à fond, pas à moitié, et c’est vrai que quand je suis remonté avec les pros, que dans la tête j’étais en paix avec mon choix et heureux, ça s’est très bien passé. J’ai vite retrouvé le plaisir, surtout lors des matchs.

Honnêtement, je suis arrivé là-bas et je me suis demandé : “Mais qu’est-ce que je fous là ?”

Vincent Marchetti, sur la sélection U19

Comment ça se passe avec l’équipe de France ? Honnêtement, je suis arrivé là-bas et je me suis demandé : « Mais qu’est-ce que je fous là ? » C’est très bizarre, d’ailleurs, parce que tous les autres étaient très à l’aise, alors que j’étais à cette époque l’un des seuls qui jouaient régulièrement en Ligue 2 avec Jeando Fuchs. Les autres – Amine Harit, Marcus Thuram, Enock Kwateng, Ludovic Blas, Jérémie Boga – jouaient avec la réserve de leur club pro, mais j’avais l’impression qu’ils étaient davantage prêts que moi. Eux ne se sont jamais posé la question : est-ce que je veux que footballeur soit mon métier ? Ils étaient dans leur truc, il y avait quelque chose de plus naturel… Je ne parle pas de talent, juste d’approche. Moi, cinq mois avant, je ne savais pas encore si je voulais être pro ! J’en garde un bon souvenir, même si quand tu arrives dans une telle machine, tu te rends compte que les mecs jouent souvent depuis des années ensemble, en U16, U17, U18, qu’ils se connaissent un peu par cœur et que toi, tu as beau jouer en Ligue 2, tu arrives un peu comme un cheveu sur la soupe. Il faut se faire sa petite place et ce n’est pas toujours facile.

À l’été 2017, tu découvres une autre réalité du foot de haut niveau : le fait de devenir une “marchandise”, un joueur vendu par son club à un autre. Pour toi, c’est d’autant plus important que ta vente permet à l’ACA de se sauver financièrement. Je ne suis pas complètement hors sol à cette époque-là, au contraire même. Même si c’est avec ça que je ne colle pas trop, j’ai bien conscience que si j’accepte d’entrer dans le monde pro et que je suis performant, ça fait partie du jeu. Il y a un côté suite logique et j’avais quand même un peu d’ambition. J’aurais aimé rester à Ajaccio un an de plus, mais à l’été 2017, l’ACA ne va pas bien du tout et il ne lui manque qu’une chose pour se sauver : ma vente. Je discute avec plusieurs clubs qui proposent de me reprêter un an à Ajaccio et ça me va, parce que je sens que ce n’est pas le moment de quitter la Corse. Je voulais me refaire une année pleine en Ligue 2 avant d’aller voir plus haut, sauf qu’en discutant avec Nancy, qui est alors en Ligue 1, et Pablo Correa, le discours est : « On te veut maintenant. » Et j’ai accepté.

Pourquoi ? Déjà, parce que j’ai fermé la porte aux clubs étrangers et parce qu’il y avait quand même cette chance de jouer en Ligue 1 tout de suite. Je sais que c’est aussi très important pour l’ACA, mais attention, je ne veux pas non plus que ça se décide sans moi. D’ailleurs, à l’époque, les dirigeants du club s’étaient mis d’accord avec ceux d’un autre sans me le dire, j’étais un peu le pion de l’affaire et je m’y étais opposé. Finalement, Nancy venait de remonter, je savais que je pourrais avoir du temps de jeu, et ma discussion avec Pablo Correa a aussi été déterminante. C’était ma condition avant de choisir. Je voulais avoir le coach au téléphone parce que je sais comment ça peut parfois se passer : tu peux arriver sans savoir qui te veut vraiment, si c’est l’entraîneur, le directeur sportif… Bref, je voulais de la transparence et je l’ai eue. Cet été-là, Arnaud Lusamba part à Nice, le coach Correa a besoin d’un remplaçant, il me parle du projet de jeu, j’ai un bon feeling, feu.

Qu’est-ce que tu gardes de tes premiers contacts avec la Ligue 1 ? Je n’ai jamais fait de complexe d’infériorité avec qui que ce soit, donc je me dis que c’est cool, une bonne expérience, même si je sens un différentiel technique. J’entends souvent dire qu’on a plus de temps en Ligue 1, mais pour moi, ce n’est pas vrai. Les matchs ne se ressemblent pas du tout avec la Ligue 2, où c’est plus physique, un peu plus fouillis. Il y a beaucoup plus de duels qu’en Ligue 1, où les équipes se craignent beaucoup plus, ce qui fait que oui, on a beaucoup plus de temps dans certaines zones et que tu peux toucher 150 ballons dans le premier tiers, jouer à droite, à gauche… Par contre, quand tu arrives dans le cœur du jeu et dans les trente derniers mètres, ça va à une allure de dingue. Si tu n’es pas prêt techniquement, tu te fais enfoncer.

Comment tu t’es adapté ça ? Au début, ça n’a pas été hyper simple, d’autant qu’à Nancy, j’ai évolué dans un nouveau système : un 4-3-3 avec une pointe basse où je jouais en 8, alors que j’étais davantage dans le double pivot d’un 4-2-3-1 à Ajaccio. Il a donc d’abord fallu découvrir un nouveau rôle, avec un peu moins le jeu devant moi, moins de temps pour agir, et lors des premiers matchs, le ballon m’a un peu brûlé les pieds. J’ai eu besoin d’une petite période pour me mettre dans le rythme, puis c’est venu. Ma première entrée, c’est à Lorient, il reste huit minutes, on gagne et je fais une passe décisive, donc il y a pire. (Rires.)

Quand tu as 19 ans dans un groupe pro de Ligue 1, est-ce qu’il y a une logique pure et dure de concurrence ou est-ce que les joueurs plus expérimentés accompagnent ton intégration ? Je pense que ça dépend des groupes, des mecs, de la saison. Moi, je ne vais pas te dire que j’ai reçu un milliard de conseils à mon arrivée en Ligue 1. J’ai la chance de rapidement assimiler les choses, de ne pas avoir besoin de grandes discussions…

On dit parfois que c’est super qu’un joueur coure 15 kilomètres, mais si c’est pour à chaque fois courir derrière le ballon, à quoi ça sert ?

Vincent Marchetti, statosceptique

Mais tu as besoin d’autres choses ? De vidéo, d’un retour statistique sur tes matchs ? Je ne suis pas du tout un fan des stats. Personnellement, je m’en fous même complètement. Maintenant, le foot a évolué, et on a tous compris à un moment donné que ce serait très important : les courses, les trucs, les machins… On dit parfois que c’est super qu’un joueur coure 15 kilomètres, mais si c’est pour à chaque fois courir derrière le ballon, à quoi ça sert ? C’est comme les passes réussies. 100% ? Très bien, mais combien vers l’avant, combien qui déclenchent quelque chose ? Tu peux aussi avoir un mec qui fait une saison à zéro but et zéro passe décisive, mais qui a une influence mille fois plus importante qu’un autre qui a fait trois passes décisives et marqué un but. Malgré ça, souvent, tu vas entendre quoi ? Que le second a été décisif et pas l’autre. C’est aussi à cause de ça, par exemple, que Benjamin André est encore aujourd’hui très très très sous-coté alors que pour moi, il est dans le top des milieux.

Tu dis que les joueurs ont compris que les stats étaient devenues vitales, mais on peut aussi constater que ça a un impact majeur : les joueurs se lâchent moins et on ne voit quasiment plus aucun dribbleur aujourd’hui. Toi qui te classes aujourd’hui parmi les meilleurs dribbleurs de Ligue 1, tu en penses quoi ? Que c’est vrai ! Les joueurs osent moins. L’avantage du dribble, c’est que ça élimine un adversaire, donc forcément, ça parle tout de suite. Tu sais que souvent, l’idée est de créer, amener un déséquilibre, faire avancer le jeu, et c’est pour ça que j’adore Téji Savanier. Je ne suis pas le plus gros des mangeurs de foot, mais quand je suis à la maison tranquille, je regarde souvent des matchs et je prends énormément de plaisir devant ce type de joueurs.

Au-delà du côté « marchandise » du joueur de foot, tu as aussi connu l’autre mal de l’athlète : la blessure, avec deux ruptures des ligaments croisés. Tu n’as jamais eu l’envie de tout bazarder ? Un peu, mais ça n’a pas duré longtemps. Ça aussi, ça fait partie du jeu, de la vie du footballeur pro, des risques acceptés. Certains joueurs sont peut-être plus chanceux que d’autres, c’est comme ça. La première fois, ça a été un gros coup sur la tête, mais la deuxième, ça a été encore plus dur, car je savais ce qui m’attendait : six mois où tu as l’impression d’être hors du groupe, où tu es souvent seul, où tu sors un peu de la dynamique collective… Le week-end, tu vas voir les copains jouer sans pouvoir aider. Tu deviens impuissant, et c’est dur. Parfois, éphémèrement, tu penses à arrêter. La longue blessure, c’est le pire du sportif de niveau, donc le vivre deux fois, ce n’était pas le plus agréable, mais ça m’a encore un peu plus renforcé mentalement. J’ai toujours eu à cœur de ne rien lâcher, de me prouver que je pouvais tenir et passer des épreuves comme celles-ci.

Il y a l’idée dans le sport de niveau que c’est la résilience qui définit quel type de sportif tu peux être. Toi, tu mettais quoi à l’horizon pour te porter ? On reste des privilégiés qui travaillent dehors et on ne fait pas d’horaires de bureau ou on ne va pas à l’usine, mais ce qu’un joueur blessé veut retrouver au plus vite, c’est sa routine : s’entraîner, retrouver ses coéquipiers, retrouver l’idée du partage collectif…

Quand tu t’es retrouvé sans club, au printemps 2020, tu as aussi eu ce sentiment ? Oui, mais je l’ai plutôt bien vécu, parce que c’était un choix personnel. J’ai eu besoin de couper un peu avec Nancy. Malheureusement, je n’y ai pas vécu les quatre plus belles années de foot de ma vie entre les blessures, une opération au cœur en arrivant, la descente, des maintiens à la dernière journée, cinq coachs, parfois la cave, donc j’ai ressenti un trop-plein et avec le confinement, j’ai repassé des moments chez moi, au village, à Calenzana, avec ma chérie, ma sœur et mon beau-frère. Ça m’a vraiment fait du bien.

Tu n’as jamais eu peur de ne pas retrouver un club ? Non, mais j’étais conscient du risque. Il faut imaginer : je me suis fait une rupture du ligament croisé à la troisième journée lors de la saison 2019-2020, donc en août, j’ai bossé comme un dingue, et au moment où je reviens, début mars, le championnat est arrêté. En refusant de prolonger à Nancy, je me suis exposé au fait de ne plus jamais retrouver de club, mais j’ai assumé mon choix. En sortant du confinement, on m’a quand même parfois ramené à la réalité. On me demandait : « Alors, le foot ? Tu vas reprendre ? »

Et tu répondais quoi ? Que j’attendais le projet motivant. Je sais qu’on peut se tromper, mais je voulais sentir le truc qui me faisait dire : c’est là où j’ai envie d’aller. Ajaccio a été le bon compromis, finalement, mais j’étais prêt à requitter la Corse. Maintenant, les clubs avaient un peu peur, ne savaient pas trop dans quel état j’étais, et je peux le comprendre, même si je n’avais que 23 ans. Finalement, je me suis un peu entretenu dans mon coin et en août, j’ai été un peu m’entraîner avec la réserve de l’ACA. Puis, ça s’est de nouveau enclenché.

Tu repenses à la Ligue 1 à cette époque ? Loin de là, très loin de là même. Je voulais juste me sentir bien. Quand je rentrais, avant, je repassais régulièrement au club, donc je n’avais pas totalement perdu le contact. J’ai resigné hyper tard puisque je me suis engagé début octobre 2020. Derrière, ça a été très vite : Mathieu Coutadeur se blesse, je me retrouve à enchaîner contre Toulouse, Clermont, Troyes, donc que des favoris, très vite dans le bain. Et c’était reparti jusqu’à la montée en Ligue 1.

Ce que j’aime, c’est défendre. Je suis un pur 6. Faire une belle passe décisive, oui, ça me plaît, mais marquer des buts, même si c’est toujours bien, ce n’est pas ce qui me fait le plus kiffer.

Vincent Marchetti, pacte de 6

Tu es quand même surpris par le niveau que tu as cette saison en Ligue 1 ? Je ne suis pas surpris, mais je suis heureux. Je ne suis surtout plus du tout le même joueur. Connaître la Ligue 1 à 19 ans et à 25 ans, c’est autre chose. Tu as beaucoup plus de maturité dans ton jeu, de repères… C’est aussi pour ça qu’on prend parfois le temps de dire à nos jeunes d’être calme, patient. Aujourd’hui, je prends vraiment cette saison avec bonheur. Je suis chez moi, en Ligue 1, je veux profiter. Avec ce groupe et ce qu’on a connu la saison dernière, on savait qu’on pouvait voyager partout. On n’a pas gagné énormément de matchs, mais on a gagné à Marseille, on a fait des bonnes performances à Rennes, à Lyon… On savait que ce serait dur, ça l’est, mais l’ACA n’est pas ridicule. On est même au niveau, on l’a revu contre Lyon à domicile récemment, sauf que chaque week-end, en Ligue 1, tu affrontes des équipes qui n’ont pas besoin de quatre occasions pour te planter.

En quoi es-tu un autre joueur ? Et qu’est-ce qui te manque encore selon toi ? Des stats ? (Rires.) Cette saison, je pourrais être à six passes décisives, mais je ne suis qu’à une. Contre Strasbourg, ballon en profondeur pour Youcef Belaïli, qui rate son face-à-face. Il y a penalty et but derrière. À Nantes, je ne fais pas une passe décisive, mais une bonne avant-dernière passe. Ça reste un geste décisif. À Lyon, passe en profondeur vers Mounaïm El-Idrissy qui se fait tamponner par Lopes. Rouge. Contre Strasbourg, passe en profondeur vers Hamouma, fauché, penalty. À Nantes toujours, une-deux avec Hamouma, j’arrive face à la cage, on me fauche, penalty. Contre Angers, décalage vers Youcef Belaïli, il crochète le gardien, penalty. Ce n’est pas des stats, mais ça va, j’ai quand même été un peu décisif, non ? (Rires.) Après, je n’ai jamais vraiment été un buteur. On m’a souvent dit que j’étais trop altruiste. Je prends mon plaisir ailleurs.

Où ? Franchement ? Moi, j’aime défendre, déjà. Pour moi, un super retour, un dribble pour sortir de la pression et qui offre de l’espace à un coéquipier, c’est plus gratifiant. J’entends souvent : « Mais Vincent, tu es capable d’éliminer, de marquer… » Mais ce que j’aime, c’est défendre. Je suis un pur 6. Faire une belle passe décisive, oui, ça me plaît, mais marquer des buts, même si c’est toujours bien, ce n’est pas ce qui me fait le plus kiffer.

Si on fait un petit bilan, à 25 ans, est-ce que tu es quand même heureux du joueur que tu es devenu ou est-ce que tu regrettes d’avoir accepté d’entrer dans le système du foot pro ? Est-ce que je suis le joueur que je voulais être ? Je n’en sais rien. Par contre, ce que je sais, c’est que je suis dans le contexte que je voulais. L’essentiel dans ma vie est d’être heureux avant de penser à tout l’environnement autour du terrain. Je n’ai aucun regret et je savoure. Le matin, il m’arrive encore parfois de tirer un peu la gueule avant d’aller à l’entraînement parce que ce qui m’anime avant tout, ce sont les matchs, mais une fois que j’y suis, je ne triche pas. Je ne me suis jamais économisé et je n’ai jamais calculé. Ça ne va pas commencer maintenant.

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