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Vincent Hognon : « J’ai déjà dû apprendre à tutoyer Fred Antonetti »

Propos recueillis par Mathieu Rollinger
9 minutes
Vincent Hognon : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>J’ai déjà dû apprendre à tutoyer Fred Antonetti<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Alors qu'il a débuté la saison en tant qu'adjoint de Frédéric Antonetti sur le banc du FC Metz, Vincent Hognon a dû assurer l'intérim quand le Corse a pris ses distances pour prendre soin de sa femme malade. Sans être véritablement numéro un, ni complètement déchargé des responsabilités de gestion quotidienne, l'ancien Nancéien a vécu une drôle de saison qui l'a vu ramener les Grenats en Ligue 1 et valider le titre de champion. C'est donc avec beaucoup d'humilité qu'il revient sur cette expérience, sans vraiment savoir de quoi son avenir – en partie liée à celui d'Antonetti – sera fait.

Metz sera dès la saison prochaine en Ligue 1, l’objectif est donc rempli. Comment abordez-vous cette dernière journée ?La montée est validée depuis trois journées et le titre de champion depuis deux, c’est le symbole d’une saison aboutie. On est ravis. Affronter Brest, notre dauphin, lors de la dernière journée, aurait pu être un piège, bien qu’un match très excitant à jouer. Mais on a su faire le nécessaire pour éviter ça. Ça nous permet de célébrer pleinement ça, avec la remise du trophée dans un stade plein, avant de se projeter. Ce sont des moments qu’il faut savourer, car ils sont rares.

Quelle est votre plus grande satisfaction avec ce groupe ?C’était important de pouvoir compter sur un groupe concerné et travailleur, un groupe qui savait ce qu’il voulait. Frédéric Antonetti avait fixé des objectifs élevés dès le début de saison et, à travers les performances en match et à l’entraînement, je crois qu’on pouvait mesurer l’adhésion au projet et l’ambition de cette équipe. Je sentais mes joueurs déterminés à chaque match.

Le FC Metz, leader depuis la 2e journée, a donné une vraie impression de maîtrise cette saison, tout en laissant penser qu’il en a gardé un peu sous la pédale en matière de jeu. Est-ce quelque chose que vous avez aussi senti ou c’est la difficulté de ce championnat qui veut ça ? Je pense que c’était difficile de faire mieux. On a quand même la deuxième attaque alors qu’on a été attendus partout par des équipes avec des blocs très bas et une défense renforcée. Et pourtant, on s’en est souvent sortis par le jeu. Tous les principes qu’avait instaurés Fred Antonetti en début de saison. Il y a des moments où ça marchait bien, d’autres où c’était plus dur. Mais je ne pense pas qu’on ait manqué d’ambition dans le jeu. Même si tout le monde ne le ressentait pas forcément, quand on revisionnait nos matchs, cette ambition paraissait très claire.

À titre personnel, c’est votre troisième titre de champion de deuxième division (en 1998 avec Nancy et en 2004 avec Sainté, N.D.L.R.), mais le premier sur un banc… (Il coupe.) Mieux : c’est ma cinquième montée et la deuxième dans un staff. (En 2015-2016 avec l’ASNL, N.D.L.R.) Mais toutes ces montées sont différentes. Je suis arrivé mi-août dans ce club, à la demande de Fred Antonetti qui voulait renforcer son équipe. J’avais besoin de rebondir, donc c’était une bonne opportunité pour moi. Je vais m’en souvenir parce que, malheureusement, les événements ont fait que j’ai dû, avec l’aide de Jean-Marie de Zerbi, remplacer le coach pendant plus de la moitié de la saison.

Comment avez-vous vécu ce revirement inattendu ? Il y a quand même eu besoin d’un petit moment d’adaptation.La chance que j’ai eue, c’est qu’on a réussi à conserver une certaine régularité dans les résultats. Quoi qu’on en dise, la pire série négative qu’on a dû connaître depuis décembre, c’est deux nuls et une défaite (1-1 contre Troyes, 0-1 contre Orléans et 0-0 à Lens). On a tous réussi à s’adapter à la situation. J’ai dû prendre mes responsabilités et tout faire pour que les joueurs sentent le moins possible l’absence de Fred.

J’ai dû prendre mes responsabilités et tout faire pour que les joueurs sentent le moins possible l’absence de Fred.

Il y a eu une forme d’appréhension à relever ce défi ?On se demande toujours comment ça peut continuer à vivre sur la durée. À court terme, on savait que c’était faisable, mais sur plusieurs mois, il y avait une inconnue. Mais la qualité du groupe, la qualité d’écoute et de réception des informations, le travail ont fait qu’on a pu aller au but sereinement. On est restés dans la pure continuité de ce qui se faisait avant.

Sur le plan pratique, comment fonctionnez-vous avec Frédéric Antonetti ?On échangeait beaucoup par vidéo-conférence sur les matchs de nos adversaires et on faisait des retours sur nos propres matchs. On le sollicitait si on avait besoin d’un conseil, d’un avis. Mais il m’a aussi laissé beaucoup de liberté. C’était vraiment un travail consciencieux et extrêmement enrichissant.

Vous avez eu assez de marge de manœuvre pour faire vos propres choix ?Fred n’étant pas physiquement présent, il ne pouvait pas décider de tout. Notre mode de fonctionnement a été adopté uniquement dans l’intérêt de l’équipe et des résultats.

Qu’est-ce que vous vous êtes dit une fois le titre validé ? Il était très heureux, forcément, et on s’est félicités l’un et l’autre. Pour lui, ce n’était pas simple de laisser ce groupe comme ça, au milieu de la saison. Et moi, d’un point de vue personnel, j’avais à cœur d’obtenir cette montée pour lui rendre tout ce qu’il nous a apporté.

Ce n’était pas simple pour Fred de laisser ce groupe comme ça, au milieu de la saison. J’avais à cœur d’obtenir cette montée pour lui rendre tout ce qu’il nous a apporté.

C’est un coach que vous aviez connu pendant votre carrière de joueur, à Saint-Étienne et à Nice. Est-ce que votre relation a passé un autre cap de par cette expérience ?La relation entraîneur-joueur et entraîneur-adjoint n’est pas la même. Quand je suis arrivé dans son staff, j’ai déjà dû apprendre à le tutoyer. Ça s’est fait assez rapidement quand même. Mais avec lui, c’est par le travail qu’on acquiert de la légitimité. Donc notre relation a évidemment évolué cette saison. Mais cela reste la même personne pour moi.

Ce n’est pas la première fois que vous vous retrouvez dans la peau d’un numéro 1 dans des conditions particulières : en 2017 à Nancy, vous aviez pris le relais après l’éviction de Pablo Correa avant d’être limogé quelques mois plus tard. Ces diverses expériences, aux issues différentes, ne vous donnent pas envie de tenter de relever ce challenge dans des conditions « normales » ?À Nancy, j’ai pu faire ce que je voulais. Et finalement, j’étais heureux en tant qu’adjoint, j’étais heureux d’être numéro un malgré les résultats difficiles et là j’étais heureux d’épauler Fred dans cet intérim prolongé. L’important, c’est d’être heureux et je peux l’être dans différentes fonctions. Ça ne me pose aucun problème.

En tant qu’ancien Nancéien, est-ce que ça vous a posé un cas de conscience de rejoindre le FC Metz ?Non, car c’est Fred qui m’a appelé et a tout fait pour m’avoir à ses côtés. Ce n’est jamais évident de recruter quelqu’un qui vient d’un club rival. Pour moi, c’était clair : je ne suis pas parti volontairement de Nancy et ce n’est pas comme si j’avais enchaîné directement avec Metz. C’est l’ASNL qui a décidé de couper, c’est la vie d’un entraîneur. Moi, j’avais envie de travailler, il y avait des projets intéressants au FC Metz, avec un entraîneur extrêmement compétent qui pouvait m’aider à progresser encore. Je ne me suis pas posé plus de questions que ça…

Cela n’a pas posé de problème par rapport à vos relations avec les supporters messins ?Dans le quotidien, jamais. Après, je ne m’avancerais pas à dire que tout le monde en est content, mais les gens que je rencontre au bord du terrain, à l’entraînement, ne m’en tiennent pas rigueur. En même temps, je me suis mis au boulot dès que je suis arrivé, et quand on bosse et qu’on donne le maximum, on ne peut rien vous reprocher. Il n’y avait pas de raison.

La semaine dernière, Nancy s’est sauvé en Ligue 2 en remportant le derby. Est-ce la frustration de perdre ce match ou la satisfaction de voir l’ASNL se maintenir qui a prédominé ? Je pense qu’il se seraient sauvés à Béziers lors de la dernière journée, sans aucun doute. Donc j’aurais préféré gagner ce match. Voilà. On a gagné le match aller 3-0 et j’avais clairement envie de gagner le retour.

Comment envisagez-vous l’avenir avec le FC Metz ? Vous en avez déjà parlé avec les dirigeants ?Rien n’est encore officialisé pour le moment. Je ne me pose pas de question. La saison se termine ce vendredi et on verra après.

Vous en savez plus quant à un retour de Frédéric Antonetti ?Je ne peux pas répondre à cette question. Désolé.

Remonter directement en Ligue 1 n’est pas anodin, surtout après avoir vécu une saison aussi difficile que celle de l’an dernier. Il y a eu un chantier important à l’intersaison que le club a su bien négocier.

Le groupe que vous avez aujourd’hui possède-t-il déjà les armes nécessaires pour être performant en Ligue 1 ?Il y a une base très solide, avec des jeunes joueurs qui ont pour la plupart une belle marge de progression. Ça augure forcément de belles choses. Mais pour la Ligue 1, il faudra tout de même renforcer cette équipe.

Metz est un club qui a l’habitude de faire l’ascenseur, est-ce que cette expérience se ressent : ne pas s’enflammer quand on est promu et ne pas paniquer quand on descend ? Remonter directement en Ligue 1 n’est pas anodin, surtout après avoir vécu une saison aussi difficile que celle de l’an dernier, qui avait été très compliquée avec peu de victoires. Il y a eu un chantier important à l’intersaison que le club a su bien négocier dès la signature de Fred Antonetti.

Les deux derniers promus en Ligue 1 que sont Nîmes et Reims s’en sortent très bien cette saison. Est-ce que ça peut être une source d’inspiration pour vous ?Effectivement, ça donne envie. Mais les ingrédients sont toujours les mêmes. Il faudra faire un recrutement intelligent pour renforcer ce groupe. Comme après chaque belle saison, certains joueurs seront sollicités et il faudra soit réussir à les conserver, soit les remplacer. Mais il devrait y avoir un noyau solide sur lequel le club pourra compter.

Votre homologue Jean-Marc Furlan quittera Brest, alors qu’il a réussi à le faire monter en Ligue 1. C’est un choix que vous pouvez comprendre ?S’il le fait, c’est qu’il a ses raisons. Mais le principal, c’est d’être heureux, de travailler dans un environnement qui nous plaît, où on est en confiance. C’est important d’avoir sa liberté : il était en fin de contrat, il faut respecter cette décision.

Vous, vous serez où la saison prochaine ? Je ne me projette pas du tout. On verra ce qu’il se passera.

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