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Vincent Guérin : « Il faudra user l’Espagne »

Propos recueillis par Quentin Moynet
Vincent Guérin : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Il faudra user l’Espagne<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Arrivé en équipe de France pendant les qualifications, Vincent Guérin était titulaire contre l’Espagne lors de la deuxième journée de la phase de poules de l’Euro 96. Joueur de devoir, Guérin a un seul mot d’ordre pour l’équipe de Laurent Blanc : l’utilisation du ballon.

Que devenez-vous aujourd’hui ?Je vis à Boulogne-Billancourt, j’ai une société qui s’appelle Vincent Guérin Sports, qui s’occupe de la communication et des relations publiques autour du sport notamment, et tout ce qui concerne l’événementiel en général. Je suis aussi consultant, à la fois pour la télévision à Direct8 et pour la radio à RTL.
Quels souvenirs gardez-vous de l’Euro 96 ?Que du bon, même si on n’est pas allés au bout. C’est une très bonne période en ce qui me concerne, parce que j’ai intégré l’équipe de France de manière un peu forcée. Je suis entré dans les qualifications alors que l’équipe n’était pas très brillante. Il a fallu une campagne de presse et beaucoup de circonstances pour que j’y accède. J’ai en quelque sorte redressé le bateau qui chavirait en ayant été l’élément détonateur de ces qualifications pour le championnat d’Europe. Et puis le championnat d’Europe, c’était la cerise sur le gâteau, puisqu’on ne faisait pas partie des favoris. Lors de notre dernier match amical, on a battu les Allemands chez eux 1-0. Malheureusement, c’est eux qui ont soulevé la Coupe quelques semaines plus tard. On avait un groupe très difficile d’entrée. On est restés invaincus en poule, on a battu la Hollande aux tirs au but, puis on a perdu contre la République tchèque à ces mêmes tirs au but. On n’a peut-être pas eu assez de repos pendant notre stage de préparation. On a manqué de fraîcheur à la fois physique et psychologique pour aller au bout de cette compétition. Mais cette expérience a servi l’équipe de France et Aimé Jacquet pour 98.
Aviez-vous compris à l’époque les absences de Ginola et Cantona ?Oui et non. Non, parce que c’était des joueurs de qualité, qui brillaient dans leur championnat. Mais oui, parce qu’Aimé Jacquet, dans sa réflexion, avait préféré avoir une notion de groupe très forte et il pensait que ça pourrait être un désagrément d’avoir ce genre de personnalités au sein de l’équipe de France. C’est un point de vue qui pouvait se défendre.
Dans quel état d’esprit étiez-vous au moment de rencontrer l’Espagne ?On est quand même clairement positifs dans nos têtes, étant donné que le fait de gagner le premier match nous positionne déjà très bien dans le groupe. La Roumanie sortait d’une super Coupe du monde aux États-Unis (éliminée en quarts de finale contre la Suède aux tirs au but, ndlr), ça faisait cinq ans qu’ils étaient invaincus sur leurs terres, c’était très solide. Ce premier match nous a permis d’aborder le match de l’Espagne avec un peu plus de confiance. On n’était pas au pied du mur.
Après le but de Djorkaeff, n’avez-vous pas trop géré ?Effectivement, on a un peu reculé. Ce n’est pas un manque d’ambition, mais, en ayant gagné le premier match, on s’est dit que si on conservait notre avance, on était quasiment qualifiés, donc inconsciemment, je pense qu’on a reculé un peu et on a joué en essayant de gérer cet avantage. Malheureusement, on s’est fait rejoindre juste à la fin. C’était quand même un bon résultat.

Dans les vestiaires, c’était ambiance de défaite ? Non, pas vraiment, parce qu’en prenant quatre points en deux matches, on savait qu’on avait déjà un pied trois-quarts en quarts de finale, donc on était dans une position favorable. On avait plus ou moins notre destin entre les mains par rapport au dernier match. Donc, on n’était pas spécialement dans une ambiance morose, au contraire. On est compétiteurs, donc à partir du moment où on mène au score et qu’on se fait rejoindre à la fin, il y a toujours une forme de déception et de frustration. Mais on a montré qu’on était une équipe robuste et redoutable.
Le positionnement de Desailly au milieu n’a-t-il pas perturbé l’équipe ?Non, je ne pense pas. Il y avait du talent. On avait des joueurs intéressants même sur le banc, donc on pouvait changer certains postes sans que ça crée réellement des défauts dans la cuirasse de l’équipe.
Peut-on dresser un parallèle entre la génération 96 et la génération 2012, qui sortent toutes les deux de plusieurs années de galère ?Je ne pense pas. La galère, ça a surtout été l’échec de la Coupe du monde 94. On avait une génération exceptionnelle qui aurait pu jouer le titre de champion du monde, parce qu’il y avait véritablement des joueurs de très haut niveau. Je n’ai pas la sensation qu’entre 2008 et 2010, il y avait un groupe qui pouvait éventuellement aller loin dans ces compétitions.
La victoire en 98 s’est construite en 96. Peut-on espérer que l’Euro 2012 soit à l’origine, si ce n’est d’une victoire, au moins d’un beau parcours au Mondial 2014 et à l’Euro 2016 ?Certainement. De toute manière, c’est une équipe jeune. Potentiellement, ce sont des joueurs qui vont progresser et s’affirmer dans le temps. Dans deux ans ou dans quatre ans, la plupart seront à l’apogée de leur carrière. Je commente pour Direct 8 et je suis pas mal l’équipe de France Espoirs qui joue les qualifications de l’Euro 2013 en Israël. Il y a une génération de qualité qui pourrait sortir des joueurs pour l’équipe de France A. Il y a à la fois les joueurs qui sont là actuellement qui vont mûrir – je crois que sur l’Euro, c’est l’équipe la moins expérimentée des huit qualifiés pour les quarts – et la génération Espoirs qui arrive. On peut avoir de l’espoir sur les résultats futurs de l’équipe de France au niveau international. Après, le talent, c’est une chose, mais il faut construire une cohésion d’équipe. On a vu ça avec l’équipe des Pays-Bas qui possède indéniablement des joueurs de talent, mais, sans communion, c’est difficile d’être performant.

Que pensez-vous des milieux défensifs actuels des Bleus ? Diarra fait un bon Euro. C’est le plus expérimenté à ce poste. Après, M’Vila, Matuidi et Cabaye sont un peu plus fins au niveau du gabarit, peut-être supérieurs techniquement, plus disponibles pour créer du mouvement. Cabaye me semble être le plus complet. Dans l’impact, il est peut-être moins présent que les trois autres, mais dans l’animation, il est capable de très vite se projeter vers l’avant, de jouer avec justesse et d’être décisif. Et c’est certainement dans ce domaine-là qu’il va encore s’améliorer au fil du temps. Il peut encore s’améliorer dans le dernier geste, dans la dernière passe, dans le décalage, dans la perforation.

Samedi, la France est-elle capable de battre l’Espagne ? Oui, bien sûr. Elle est capable de tout, du très bon comme du très mauvais avec son immaturité. Je pense que c’est une équipe qui est capable de perdre 5-0 contre l’Espagne comme de les scotcher. Dans les matches amicaux, elle a quand même scalpé l’Allemagne et le Brésil, ce qui prouve quand même une certaine valeur. Il y a une crainte de ces nations qui savent que l’équipe de France a le potentiel pour battre n’importe qui.
Vous seriez plutôt pour renforcer l’axe avec deux milieux défensifs ou pour jouer avec deux pointes ?Je pense que ce sera très dur d’associer Giroud et Benzema, parce que Laurent Blanc ne les a jamais testés auparavant. Densifier son milieu de terrain, ce sera certainement son option, sachant qu’il faudra être très bons dans l’utilisation du ballon. On est capables de faire mal dans ce domaine-là. Moi, j’ai vécu ça face à Barcelone où c’était la même situation. Avec le PSG, on a essayé de les presser assez haut et d’être très bons dans l’utilisation du ballon et, à notre tour, de les faire courir. Il faut avoir des joueurs de qualité et suffisamment de lucidité. Quand les Français auront le ballon, il ne faudra pas le perdre trop vite. Il faudra utiliser à bon escient les joueurs comme Ribéry ou Ménez, et que ces joueurs n’essayent pas toujours de faire la différence individuellement. Il faudra user l’Espagne. Je ne pense pas que ce soit une équipe qui apprécie de courir après le ballon.
Ça peut aussi être le jour de Benzema…Bien sûr. Il est au service du collectif, il a énormément décroché, certainement beaucoup trop. On ne l’a pas trop vu dans les 20 derniers mètres, d’où beaucoup de questions à son sujet et sur le positionnement des joueurs qui sont à ses côtés. C’est l’occasion pour lui de se mettre en lumière. Il connaît parfaitement le football espagnol.
Un petit pronostic ?2-1 après prolongation pour la France. Même si j’apprécie énormément le football espagnol et Iniesta qui est un joueur hors norme que j’aime beaucoup.

Quand quelques joueurs pros affrontent 100 enfants sur un terrain

Propos recueillis par Quentin Moynet

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