- Mercato
- Premier League
- Tottenham
Villas-Boas a une revanche à prendre
Après Lance Armstrong, Michael Schumacher et Ian Thorpe, André Villas-Boas fait son come-back. Pour éviter de se casser la gueule à nouveau, il a choisi un club qui lui correspondait, avec des bons joueurs, pas de vieux et moins de pression. Et comme par hasard, ce club, Tottenham, partage sa haine pour Chelsea. Et si AVB venait de trouver le job qui lui fallait?
Meurtri, déshonoré, souillé…Voilà comment devait se sentir André Villas-Boas lorsqu’il a vu Di Matteo mener son Chelsea au titre de champion d’Europe, ce même Chelsea avec qui l’illustre José Mourinho avait auparavant échoué sur la scène continentale. Aussi. Double affront pour le jeune entraîneur : lui et son mentor ont été humiliés par un Italien adepte du catenaccio. C’est presque comme si le Portugal perdait à nouveau face à la Grèce en finale de l’Euro. Des heures, des jours, non, des semaines de mises au point tactiques ont été flinguées par une seule et simple idéologie : la défense à outrance. Villas-Boas, après s’être fait jeter comme une chaussette par Abramovitch, a pleuré et erré en silence. Il se mue en ermite quatre mois durant et interdit quiconque de l’approcher : « Je ne parle pas à la presse étrangère en ce moment » répond-il quand on essaye de lui arracher quelques mots. Pendant ce temps, les grands clubs se bousculent pour lui accorder un come-back : Liverpool, l’Inter, la Roma, São Paulo… C’est finalement Tottenham qui remporte le bras de fer et s’adjuge les services du Portugais pour les trois prochaines saisons.
Une haine mutuelle
Tottenham, Chelsea. Londres d’un côté et…Londres de l’autre. L’attaque et le jeu ouvert chez les Spurs, la défense héroïque et le contre pour les Blues. L’Europa League pour les uns, la Ligue des Champions pour les autres. Presque tout oppose les deux rivaux londoniens à l’approche du coup d’envoi de la saison 2012-2013. Mais une chose réunit Tottenham, ses supporters et leur nouveau manager : la soif de revanche, et l’envie d’en découdre avec Chelsea qui fut leur bourreau l’an passé. Il faut dire qu’aussi bien l’ancienne équipe d’Harry Redknapp qu’AVB ne méritaient pas beaucoup mieux que ce qu’ils ont récolté en 2011-2012. Pour la première, elle a totalement foiré les mois de mars/avril; au point de se faire chiper la dernière place qualificative pour la C1 de manière bien dégueulasse par les Blues. Chose qui ne serait pas arrivée s’ils avaient réussi à accrocher le podium – déconvenue à moitié excusée à cause des nombreuses rumeurs de départ de Redknapp en direction des Three Lions. Pour le second, il a complètement pété un câble : il a essayé de changer les habitudes d’un groupe habitué à jouer d’une certaine manière depuis sept ou huit piges. Mieux, il a voulu partir au clash avec des gars plus vieux et plus balèzes que lui. Résultat, une forme de boycott et de fronde menés par les hommes forts du vestiaire bleu.
Mais comme le petit André est courageux, il reste sur le banc du club d’Abramovitch. Conscients que le bizutage ne fonctionne pas, ses joueurs trouvent la parade : faire semblant d’être des gros nazes. Matchs nuls contre Norwich et Swansea, défaite contre West Bormwich Albion et large déroute à Naples…Tellement énorme que tout le monde pense que le proprio du club va remarquer la farce, mais en fait non. Le magnat russe tombe dans le panneau et Villas-Boas passe à la trappe. Di Matteo réussit son coup d’état, gagne la C1 et fait passer AVB pour un con. Ni plus, ni moins.
Forcément mieux à Tottenham
Après une telle déculottée, on imaginait mal un club de Premier League tenter une nouvelle fois l’expérience Villas-Boas. Tottenham l’a fait, et a en quelque sorte raison d’essayer. D’une parce que le poulain du Mou ne peut pas faire pire, et de deux, car toutes les conditions sont réunies pour qu’il réussisse chez les Spurs. L’effectif de sa nouvelle équipe épouse parfaitement sa conception du football, à savoir un jeu tourné vers l’attaque, avec un pressing haut, des joueurs de couloirs puissants et des milieux qui savent tenir le ballon. A Porto, il avait Hulk, Falcao, Alvaro Pereira, Moutinho, à Tottenham il aura Van der Vaart, Bale, Assou-Ekotto, Parker, peut-être Modric, voire pourquoi pas…Moutinho.
Sans parler de qualité, les deux groupes se ressemblent particulièrement, et, contrairement aux Terry, Lampard & co, les joueurs de Tottenham ne sont pas vieux – à l’exception de Cudicini et Gallas, deux anciens de…Chelsea – et ne maltraiteront pas leur nouveau boss. Ils ne se sentiront pas dépaysés non plus du fait de l’approche tactique de leur nouveau coach. En effet, le jeu offensif est ancré dans les coutumes du club, au moins depuis une quinzaine d’années; David Ginola ne dira pas l’inverse. Cette fois-ci donc, le technicien portugais n’a plus d’excuse ni le droit à l’erreur, car sinon, la brillante carrière qu’on lui prédisait risque vraiment de tourner au vinaigre.
Par William Pereira