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Villarreal : le sous-marin est à flot
À Munich ce mercredi soir, Villarreal a démontré une force de résilience hors norme pour sortir un Bayern moribond et certainement trop confiant. Une qualification légitime, venue récompenser une équipe insouciante.
Avant le coup d’envoi à l’Allianz Arena, les spéculations allaient bon train. Des analyses et commentaires divers convergeant vers une même résultante : le Bayern Munich collerait une rouste à Villarreal. Pourtant, à force d’abnégation, la bande d’Unai Emery – toujours tenante du titre en Ligue Europa – a démontré qu’elle avait bel et bien sa place dans cette élite européenne, venant arracher son ticket pour le dernier carré avec brio. Comme un air de 2006.
Chukwueze, homme clé
Multiplier les tentatives ne signifie pas forcément marquer. Ce mercredi soir, le Bayern l’a appris à ses dépens. Dominateurs durant près de 90 minutes et forts de 23 tentatives sur les cages de Geronimo Rulli, les Bavarois n’en auront en effet cadré que quatre, pour un seul but venu des pieds de Robert Lewandowski (52e). En face, Villarreal n’aura en réalité que rarement tremblé, encaissant quelques situations chaudes avant l’ouverture du score du Polonais, sans jamais être pris à revers. « Ce sera un match énorme et difficile, exposait Emery en avant-match. Le plus grand défi que j’ai eu en tant qu’entraîneur sera celui-ci. Et pour le club aussi. Ils sont les favoris, l’une des trois équipes les plus fortes du moment. » Ce défi, ses hommes ont su le relever.
Et parmi les éléments prépondérants du système Emery se distingue Samuel Chukwueze. Joker de choix, le talentueux ailier a effectivement débarqué sur la pelouse pour enfiler son costume de héros et marquer une page de l’histoire de son club. Profitant de l’envie (et peut-être du surplus de confiance) munichoise d’assommer les siens, comme à leur habitude, le Nigérian est ainsi parti à l’abordage. Servi par l’excellent travail du maestro Dani Parejo et Gerard Moreno, en contre, afin de fusiller Manuel Neuer à deux minutes du terme (88e). Une especialidad, pour celui qui a inscrit chacun de ses buts en Liga et en Ligue des champions en sortant du banc (4 réalisations). Le concept d’ « équipe globale » cher à coach Unai.
« Ils ont commis l’erreur de ne pas nous tuer »
Car cette qualification, c’est aussi et surtout celle du technicien basque. Désigné comme homme de coupe attitré, l’ancien de Séville a une nouvelle fois démontré sa capacité à répondre présent dans les grands rendez-vous. En 13 matchs à élimination directe sous ses ordres, le Submarino Amarillo n’en a tout simplement perdu aucun (9 victoires, 4 nuls). « Nous allons essayer d’être solides en défense et de saisir nos chances en attaque », analysait-il en conférence de presse. Force est de constater que les faits lui ont strictement donné raison.
D’Emery l’entraîneur, Emery le meneur de troupes n’a également pas tardé à faire ses preuves. Tancé par les sorties peu glorieuses de ses homologues de München, l’intéressé a effectivement eu les arguments nécessaires pour motiver ses protégés. Gerard Moreno : « Au match aller, nous avons commis l’erreur de ne pas les achever, et tous les commentaires autour de ça nous ont servi de motivation. Ce soir, ils ont commis l’erreur de ne pas nous tuer, et nous avons tiré profit de ça. Ce que cette équipe a fait est grand. » Discours vite complété par le taulier Raúl Albiol : « Nous sommes une équipe qui travaille, qui se fait mal, nous n’avons pas autant d’argent que d’autres, mais nous devons nous battre avec d’autres armes. Nous avons souffert, nous le savions, mais nous avons été payés en retour, nous avons sorti le Bayern. Et maintenant, on peut rêver d’aller encore plus loin. » Rêvons donc plus grand, comme le veut la tradition.
Par Adel Bentaha