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Villarreal 2006, l’épopée sous-marine

Par Antoine Donnarieix
5 minutes
Villarreal 2006, l’épopée sous-marine

Lors de la campagne de Ligue des champions 2005-2006, Villarreal va défier tous les pronostics grâce à un esprit d’équipe remarquable et Juan Román Riquelme en leader charismatique. Finalement demi-finalistes de l’édition après une élimination très amère contre Arsenal, les Amarillos auront tout de même tracé la voie d’un futur succès européen.

26 mai 2021, Villarreal s’impose face à Manchester United en finale de Ligue Europa, au terme d’une séance de tirs au but interminable (1-1, 11-10). Pour le Sous-Marin jaune, c’est une joie immense : il s’agit là de son tout premier triomphe en Europe. Et celui-ci paraît encore plus dingue lorsque l’on se souvient que le club a été relégué en deuxième division il y a seulement neuf ans. Mais à Villarreal, on s’y connaît en miracles et en résurrection. En effet, quinze ans avant cette C3, le club s’était déjà offert une folle épopée européenne, dans la plus prestigieuse des compétitions, alors qu’il n’avait débarqué en D1 que cinq ans auparavant.

Un but encaissé et trois buts marqués en six matchs

Retour à la fin de la saison 2004-2005. Au terme d’une dernière journée haletante, Villarreal accroche la troisième place de Liga, synonyme de tour préliminaire de C1. Les Amarillos tombent d’entrée de jeu contre l’Everton FC de David Moyes. Mais les hommes de Manuel Pellegrini vont réaliser un premier exploit en s’imposant à l’aller comme au tour, et en validant leur ticket pour la phase de poules, pour la première fois de leur histoire. « Notre préparation a été excellente, nous étions parvenus à maintenir notre effectif de la saison passée avec quelques recrues supplémentaires, évoque Diego Forlán, avant-centre de l’équipe. Cette stabilité nous a permis de passer cet obstacle. » Malgré des joueurs charismatiques comme Juan Pablo Sorín, Marcos Senna ou Juan Román Riquelme pour aiguiller la troupe, Villarreal fait tout de même partie des petits poucets de la compétition.

Si j’aurais aimé tirer le penalty contre Arsenal ? Riquelme était chargé de le tirer.

« Lorsque je suis arrivé à Villarreal, je ne savais pas placer le club sur une carte de l’Espagne,rembobine Mariano Barbosa, gardien de but argentin et doublure de l’Uruguayen Sebastián Viera. En réalité, c’est un petit village. En Argentine, on pourrait comparer ce club à Banfield. Et encore, la ville de Banfield est plus grande que Vila-real ! Il fallait se rendre compte du truc. Manchester United venait jouer dans un village. Les joueurs ont dû arriver là et se dire : « Mais c’est ici qu’on va jouer ? » » Dans les faits, les Red Devils vont affronter un bloc équipe impénétrable sans parvenir à faire la différence au cours des deux rencontres (0-0, 0-0). Mieux encore : en six matchs de poules, Villarreal inscrit trois buts et en encaisse un seul pour terminer invaincu avec deux victoires, quatre nuls et la place de leader. Lors de la dernière journée, un but d’Antonio Guayre face au LOSC permet aux Espagnols de filer dans le tableau final (1-0).« Nous avons vraiment pris ce minichampionnat match après match, il y avait une concurrence très féroce, synthétise Forlán. Sur le papier, tu pouvais peut-être penser que Lille était moins dangereux, mais les équipes françaises sont toujours dures à jouer. Nous avons lutté jusqu’à la dernière seconde pour passer. »

Des buts à l’extérieur qui rapportent

Pas à pas, Villarreal écrit son histoire. Et celle-ci passe par Ibrox Park, où un huitième de finale contre les Glasgow Rangers attend l’armée jaune. « Le match aller en Écosse, wouah ! Ce n’était pas simple de se déplacer en temps normal, mais contre les Rangers, c’était encore plus compliqué, serappelle Forlán. Depuis les tribunes, les fans ont mis une pression folle dans la partie, ils étaient en transe totale. Tu pouvais vraiment sentir que tu n’étais pas chez toi. » Malgré l’ambiance électrique, Villarreal arrache un match nul bien payé (2-2) avant de se qualifier à la maison grâce à la règle des buts marqués à l’extérieur (1-1).« Voir disparaître cette règle aujourd’hui, c’est difficile à expliquer, concède Forlán.À titre personnel, elle a servi plus d’une fois à mon équipe pour se qualifier au tour suivant, donc j’y suis forcément attaché. Je l’aimais bien ! »

Et pour cause : en quarts de finale, Villarreal profite du même point de règlement pour dompter l’Inter grâce au but de Forlán à Milan, puis à Riquelme, passeur décisif pour son capitaine Rodolfo Arruabarrena au Madrigal (1-2, 1-0). « Si je dois retenir un seul match de Román à Villarreal, c’est ce match retour contre l’Inter,confie de son côté Gonzalo Rodríguez, défenseur central des Amarillos entre 2004 et 2012. C’était le match où nous avions le plus besoin de ses services, et il est parvenu à monopoliser tout le milieu de terrain milanais à lui seul. Un vrai guide. »

Riquelme, un loupé qui fait mal

Qualifié en demi-finales de C1 et déjà perçue comme l’équipe la plus performante de l’histoire pour sa première participation à la Ligue des champions, Villarreal affronte Arsenal en double confrontation pour un ticket en finale. À Highbury, le Sous-Marin jaune prend l’eau, mais ne craque qu’une seule fois sur un but de Kolo Touré (1-0). Au Madrigal, la donne est bien différente : Arsenal plie sous les offensives hispaniques, mais ne rompt pas. À une minute de la fin du temps réglementaire, l’arbitre siffle un penalty à la suite d’une faute de Gaël Clichy sur José Mari. Juan Román Riquelme a la possibilité d’envoyer tout ce petit monde en prolongation. Mais en plongeant sur sa gauche, Jens Lehmann repousse le tir du Torero et met un terme au rêve éveillé du club espagnol.

Dans les larmes, Villarreal doit quitter la compétition le cœur lourd.« Nous ne serions pas allés aussi loin dans la compétition si Román n’avait pas été dans notre équipe, tranche Barbosa. Alors quand on me dit :« Ah, ce péno de Riquelme, quel dommage… » j’ai envie de leur répondre que pour le manquer, il faut déjà avoir le cran de le tirer. » Chez Forlán, cette élimination aussi proche d’une finale de C1 reste dure à avaler. « Aujourd’hui encore, ce penalty manqué est en travers de ma gorge quand je dois en parler, confie le meilleur joueur du Mondial 2010. Est-ce que j’aurais aimé tirer ce penalty ? Riquelme était chargé de le tirer. »

Article paru initialement dans SO FOOT CLUB

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Par Antoine Donnarieix

Propos de Forlán recueillis par AD, ceux de Barbosa et Rodríguez issus de TyC Sports.

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