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- Bélarus/Espagne
Villa le patient espagnol
Peu utilisé par Vilanova depuis qu’il a retrouvé les terrains, David Villa fait quand même partie des listes de Del Bosque. Pour son statut et son profil différent. Buteur à chaque fois qu’on a fait appel à lui, le meilleur artificier de la Roja attend patiemment son retour. Le vrai.
Dimanche dernier, excepté dans une partie de la France et de l’Italie, le Camp Nou était le centre d’attention du monde du football. Tout le monde a observé le duel entre Messi et Cristiano Ronaldo, mais personne n’a vu David Villa. Ou si, le long de la ligne de touche, courir pendant 20 minutes avec sa chasuble jaune. De retour après neuf mois d’absence, El Guaje n’a pas encore retrouvé sa place dans le onze du Barça, où Vilanova lui préfère pour l’instant Alexis Sánchez, Tello, voire Fàbregas. Une situation qui ne l’a pas empêché de refaire partie des listes de Del Bosque. « Cela aurait été normal que Villa ne soit pas convoqué. Il n’a presque pas joué, mais on a pensé que ça serait bien pour lui émotionnellement. Toute l’information que l’on a reçue indique qu’il est en forme, c’est notre meilleur buteur, et au-delà du fait qu’il joue ou pas, on juge opportun qu’il soit là. Villa a un statut, et ça aussi ça compte » , justifiait le sélectionneur le mois dernier. Un statut, mais aussi un profil particulier, qui manque à l’Espagne – aussi championne d’Europe soit-elle – depuis sa fracture du tibia.
Trois buts en 93 minutes
Ce profil, c’est celui du finisseur. Du tueur. Auteur de 240 buts en club et de 52 en sélection, record national, David Villa est un homme de chiffres. Le genre d’attaquant dangereux à chaque fois qu’il touche le ballon aux abords de la surface, qui sent les espaces et ne tremble jamais au moment d’armer. Sans lui, l’Espagne s’est diversifiée. Plus que Torres ou Negredo, c’est Fàbregas qui a pris sa place devant, Del Bosque alignant régulièrement une équipe sans numéro 9. Avec son retour, la meilleure sélection du monde s’offre une alternative supplémentaire en attaque, à condition que Villa augmente son temps de jeu au Barça.
Or depuis la reprise, Vilanova opte plutôt pour les spécialistes des allers-retours sur les ailes. Le successeur de Guardiola préfère pour l’instant la grosse activité et la fougue de la jeunesse à l’efficacité et à l’expérience de l’Asturien. Mais les rares fois où Tito a fait appel à lui, il ne l’a pas regretté. En 93 minutes de jeu en Liga, Villa a déjà planté trois fois, contre un seul but en 1155 minutes pour le trio Pedro-Tello-Alexis Sánchez. « Dans n’importe quelle autre équipe, je serais titulaire. Mais j’ai la chance de jouer au Barça, où la concurrence est énorme. Il faut attendre son heure » , relativise l’ancien de Valence.
Bouts de match et petits matchs
Dans un groupe comme celui de la Roja, intégrer un nouveau (ou tendre la main à un ancien) signifie sacrifier un joueur qui serait titulaire dans pas mal de sélections européennes. La liste de Del Bosque pour les deux matchs face au Belarus et à la France exclut Mata, pourtant titulaire et plutôt bon à Chelsea, et Negredo, champion d’Europe cet été et nouveau capitaine du FC Séville. Llorente, dans une situation compliquée à Bilbao, a lui aussi disparu. Villa et Casillas, hésitant depuis qu’il a déclaré viser le Ballon d’or, font partie des joueurs discutés dans la presse espagnole. L’un comme l’autre peuvent au contraire compter sur le soutien du groupe. « Douter de joueurs comme Casillas et Villa n’a pas de sens » , a réagi Cazorla. Monreal a tout de suite embrayé. « C’est n’importe quoi. Ce sont des grands professionnels et on connaît leurs capacités. » Si personne ne remet sérieusement en question la place de Casillas dans les buts, le rôle de Villa est encore un peu flou. Del Bosque l’a fait entrer en amical contre l’Arabie Saoudite (un but sur pénalty), mais l’a laissé sur le banc pour le délicat déplacement en Géorgie. Cette semaine, il était dans l’équipe des titulaires à l’entraînement en vue du Belarus, aux côtés de Torres et Silva en attaque. Il risque en revanche d’être remplaçant mardi, pour le choc contre les Bleus. Comme dans celui du Barça contre le Real. Pour les grands rendez-vous, il faudra encore patienter un peu.
Par Léo Ruiz