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Vie et mort de Mandanda à l’OM
Sept ans et toutes ses dents. 2013-2014 est la septième saison du bon Steve Mandanda du côté de l’Olympique de Marseille et le moins que l’on puisse dire, c’est que pour la première fois depuis son arrivée au club en 2007, le portier international est livré à lui-même. Délaissé par sa défense, celui qui discutait avec Monaco cet été est souvent l’arbre qui cache la forêt. Il est également la preuve que le métier de gardien est un job à part entière.
Les errements d’Abdallah, ceux de Morel ou de Mendy, de Nkoulou ou de Diawara. S’il y a bien une chose que l’on ne peut pas reprocher à l’Olympique de Marseille et à ses défenseurs, c’est de s’éparpiller. Ils poussent tous dans le même sens : le mauvais. Tous sauf un. Ces temps-ci, pour Steve Mandanda, l’arrière-garde de l’Olympique de Marseille a des allures de caisse de grande surface. Lui qui affiche un calme olympien et le sourire radieux en dehors du terrain, a parfois des envies de prendre le micro : « Le grand Steve attend sa défense au rayon frais, merci pour lui. » Et ça, c’est pour ne pas penser à une autre envie légitime, mais compliquée : celle de se barrer. Loin. Très loin.
Un mannequin en Desigual
15 décembre 2013. Un soir d’OM-OL comme Steve Mandanda en a vécu beaucoup d’autres en six saisons complètes passées à garder les bois marseillais. Lui qui était du fameux 5-5, qui a vécu la peur de Juninho ou encore les pralines de Govou n’avait jamais bu le calice jusqu’à la lie. C’est désormais chose faite. Héroïque comme il lui arrive de l’être en ce dimanche d’hiver, Mandanda n’est pas du genre à donner dans la satisfaction personnelle. Ce soir-là, l’Olympique de Marseille, auteur d’une première mi-temps à faire roupiller un insomniaque, arrache le match nul au bout du suspense. Ce soir-là est une des gouttes d’eau qui fait déborder le vase de Steve Mandanda en 2013-2014. Après avoir connu une période plus compliquée lors de laquelle lui-même s’avouait en dedans, notamment en ce qui concerne la forme physique, le gardien de 28 ans a retrouvé son meilleur niveau. Au fond, bien malin est celui qui peut critiquer son bilan après six saisons passées à la Commanderie.
Des points ? Il en a rapporté. Des parades spectaculaires ? Il y en a eu à la pelle. Des bourdes ? Il y en a eu aussi. Ce qu’il n’y a plus, c’est le respect. Il en a ras le bol, Steve, de se donner à fond pour, au final, se faire canarder à bout portant parce qu’untel a fait une erreur de marquage de poussin. Exemplaire sur le terrain, il donne cette année plus que jamais l’impression d’être un élève de troisième coincé en CM2. Un gardien de grand club bloqué dans une équipe que Vincent Labrune – apparemment fan de Merseyside Red qui a fait la légende d’ISS Pro – veut transformer en « Dortmund à la française » . À la raté, en somme. Un mannequin sapé en Desigual, en somme.
Des pilotes de Formule 1
Le train est passé cet été et il passe tellement rarement que Steve Mandanda a réfléchi. Courtisé par l’AS Monaco, désireux de trouver un portier qui colle à son projet royal, le gardien de l’Olympique de Marseille a hésité. Puis il a discuté avec Vincent Labrune, dont la verve a permis à l’OM de conserver le Fenomeno. Le souci pour le grand frère de Riffi et Parfait, c’est que le marché des gardiens est un marché particulier dans le monde du football. Portier, c’est un poste avec très peu d’opportunités. Les mouvements sont rares et encore plus dans le gratin européen où seul Manchester United, avec l’arrivée de De Gea à la place de Van der Sar, a réellement bougé. Il faut dire que les gardiens sont, en moyenne, les joueurs qui jouent le plus longtemps, et ça, l’emploi des séniors, ça vous flingue les chiffres du chômage pour les jeunes actifs. En somme, la rareté des postes à pourvoir pour les gardiens de but est assez semblable à celle des pilotes de Formule 1. Certains garçons sont des conducteurs hors pair, mais faute de place dans les meilleures écuries, un Jean-Eric Vergne atterrit chez Toro Rosso.
De plus, la valeur marchande du gardien est extrêmement difficile à évaluer. Si, évidemment, Mandanda et ses homologues évoluent au poste le plus exposé, il est quasiment impossible de les analyser comme on le fait avec les joueurs de champ, les attaquants en tête. De fait, leur valeur est relativement faible et on ne trouve pas la trace d’un gardien dans le top 50 des transferts les plus coûteux de l’histoire. Pourtant, des points, ils en rapportent. D’ailleurs, Chelsea s’en est bien rendu compte, puisque Courtois devrait être rapatrié sous peu. Et il se murmure que l’Atlético Madrid aurait un œil sur Mandanda. L’occasion de quitter enfin ce foutu rayon frais.
Par Swann Borsellino