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Víctor Valdés, l’héritier surprise ?

Par Simon Butel
Víctor Valdés, l’héritier surprise ?

Chacun attend Raúl, Xavi ou Xabi Alonso. Mais le prochain grand coach espagnol pourrait bien se nommer Víctor Valdés. Un type dont la carrière s'est un peu terminée en queue de poisson, mais dont les premiers pas comme entraîneur à l'ED Moratalaz, club madrilène affilié au Real, se sont révélés particulièrement réussis. Ce n'était qu'avec des U19 régionaux ? Peut-être, mais cela n'a pas empêché le Catalan d'en faire des machines à improviser, s'adapter et marquer. Ce qui n'a pas échappé à l'œil du Barça, son ancien club.

La scène se déroule le 2 mai 2018. Dans le cadre de son cursus pour obtenir son diplôme d’entraîneur, Víctor Valdés assiste à une séance d’entraînement du CD Leganés d’Asier Garitano, aujourd’hui sur le banc du Deportivo Alavés. Joueurs du Lega, Alexander Szymanowski, Diego Rico et Ezequiel Muñoz ne résistent pas à la tentation : tous s’offrent un selfie avec l’ancien gardien du Barça et de la Roja, et s’empressent de balancer la photo sur les réseaux sociaux. Une épreuve pour l’élève du jour, allergique aux projecteurs. Du moins si l’on en croit son autobiographie, #Método 5, et la façon dont il y chérit ce séjour imposé à Augsbourg, au printemps 2014. Le portier n’a pourtant pas posé ses valises en Bavière pour en apprécier les charmes, mais pour soigner ce genou droit meurtri le 26 mars, qui le privera d’une signature à l’AS Monaco, du Mondial au Brésil et d’une sortie à la hauteur de sa carrière.

Moratalaz, le stage pratique

Mais en Allemagne, où il a vécu seul, Valdés était un inconnu, se rendant en rééducation en tramway, sans que qui que ce soit ne l’importune. Une bouffée d’air frais pour l’éternel solitaire qu’il est. Parcourir les pages de son bouquin, c’est aussi apprendre que le natif de L’Hospitalet n’aimait pas son poste : gamin, il rêvait de marquer des buts, pas de les arrêter, et s’il s’est retrouvé dans les bois, c’était juste pour rendre service, à la base. Faut-il, dès lors, en conclure que le foot était pour lui davantage devenu une contrainte qu’une vocation ? À le voir gesticuler à la façon de Luis Fernandez et vociférer sur son banc, un peu plus d’un an plus tard, on aurait tendance à répondre par la négative. Désormais diplômé, au même titre que Raúl, Xabi Alonso, Joan Capdevilla, Marcos Senna ou Julio Baptista, l’ancien portier est dorénavant dans le costume du prof. Ses élèves ? De modestes lycéens : les U19 de l’Escuela Deportiva Moratalaz, club partenaire… du Real Madrid, évoluant en première division régionale chez les jeunes. Comment Valdés et ses 22 trophées se sont-ils retrouvés là, à coacher des ados dans un club dont l’équipe première n’évolue alors qu’au cinquième échelon espagnol ? Parce qu’il l’a voulu, tout simplement.

Entraîner des jeunes était même l’une des deux conditions édictées par l’homme aux 535 matchs sous le maillot blaugrana à l’heure d’entrer en fonction ; l’autre étant que son baptême du feu ait lieu à Madrid, une ville plus à son goût que Barcelone, à laquelle il a tourné le dos sitôt sa carrière de joueur terminée. Longtemps, le Rayo Majadahonda, club du nord-ouest madrilène qui envisageait de lui confier ses U19, pensionnaires du championnat national de la catégorie, a tenu la corde. Mais l’éviction de la direction sportive du Rayo de José María Movilla, l’homme à l’origine de sa venue, a rebattu les cartes, et Movilla s’est lui-même chargé de trouver un point de chute à Valdés. Quelques coups de fil et un rendez-vous avec Jesús Gutiérrez (coordinateur du haut niveau à l’ED Moratalaz) plus tard, l’ancien Barcelonais avait mis le cap un poil plus au sud, dans la capitale. Un choix par défaut ? Peut-être un peu. Mais une grosse année plus tard, le pari s’est en tout cas révélé fructueux, si l’on s’en tient aux chiffres. Vingt-cinq victoires, quatre nuls, cinq défaites et une différence de buts de +60 : c’est simple, les ouailles de Valdés ont roulé sur leur groupe en championnat. Mieux : face à leurs homologues du Real Madrid (C), champions incontestés de l’autre groupe, ses U19 se sont adjugé la Copa de los campeones pour la première fois de l’histoire du club.

La dégaine d’un coach à l’ancienne, les méthodes d’un coach du futur

Cette saison des plus abouties n’a toutefois pas exempté l’apprenti entraîneur de quelques gueulantes. Comme cet après-midi de mai où, opposés au Rayo Vallecano dans un match décisif pour l’accession, les jeunes Madrilènes peinent à trouver la faille. Ce qui n’est pas franchement du goût de Valdés, qui bondit, éructe, s’impatiente et fout la pression sur l’arbitre dans sa zone technique. Pour certains médias espagnols présents ce jour-là, comme AS, le raccourci est tout trouvé : Valdés est un coach à l’ancienne. Un cliché, tant les méthodes du Catalan semblent novatrices et pointues pour un tel niveau de compétition. À Moratalaz, l’ancien international espagnol (20 sélections) a en effet trouvé le lieu d’application idéal d’un projet personnel intitulé Futtack. Une méthode de travail justifiée de la sorte par le technicien lors d’une conférence au siège de la Fédération catalane de football, la semaine dernière : « Une nouvelle ère technologique et intellectuelle débute. Cette révolution aura une influence sur le footballeur de demain, et la gestion du talent individuel sera la clé. » Dans la méthode Valdés, ce talent individuel peut se résumer à une qualité majeure, l’adaptation, servant la cause d’un objectif, le but.

Valdés a ainsi développé une plaquette, sur laquelle sont schématisées toutes les situations pouvant se produire lors d’un match. Celles-ci sont ensuite étudiées avec les joueurs – appelés « individus » et représentés par des pièces d’échec – en vue d’améliorer leur coordination et leur occupation des espaces. Dans les faits, cette approche aux faux airs de Football total repose essentiellement sur l’improvisation, le libre arbitre et l’adaptation. Chacun y est libre de dézoner ou changer ponctuellement de position, pour créer le déséquilibre, l’effet de surprise ou le surnombre, le reste de l’équipe sachant normalement quoi faire pour compenser et offrir des solutions, selon la partie de terrain où il se trouve. Une forme d’anarchie maîtrisée, puisque bossée zone par zone lors des entraînements, car chaque situation est gravée dans le marbre sur des fiches-clés, et parce que chaque joueur a été utilisé à plusieurs postes différents de son poste de prédilection. Un peu bielsiste dans l’esprit ? Efficace, néanmoins : en championnat, son équipe a planté cent pions. Cette méthode n’a en tout cas pas échappé au Barça qui, d’après la radio Ser Catalunya, songerait à le rapatrier pour l’intégrer à son équipe d’éducateurs au sein de la Masia. Ni à Leganés, qui a, selon AS, inscrit son nom sur la short list pour entraîner son équipe B, en D3 espagnole. Là-bas, au moins, Valdés n’aurait pas à se farcir de selfies à son arrivée : c’est déjà fait.

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