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Victor Osimhen, la CAN comme bol d’air chaud
Après un début de saison difficile du côté de Naples aussi bien sur le plan individuel que collectif, Victor Osimhen a mis le cap sur la Côte d’Ivoire. Loin des ennuis, le Ballon d’or africain affiche un tout autre visage avec les Super Eagles.
« Cher Mamuka Jugeli, vous êtes une ordure et une honte. Je suis gêné par votre sens du raisonnement, espèce d’imbécile ! Ne prononcez pas mon nom ! » C’est par ces mots que Victor Osimhen s’est adressé à l’agent de son coéquipier/copain Kvicha Kvaratskhelia, après que celui-ci a affirmé, dans une interview pour la chaîne géorgienne 1TV, que l’attaquant nigérian rejoindrait l’Arabie saoudite en juin prochain. Malgré les 7900 kilomètres qui séparent Naples d’Abidjan, où les Super Eagles ont pris quartier pour cette CAN, le Ballon d’or africain doit encore faire face aux ennuis qu’il pensait avoir laissés sur le parvis de l’aéroport Capodichino. En effet, depuis le début de saison, Victor Osimhen nage en eaux troubles au pied du Vésuve.
As a young boy who came from the streets of Olusosun, who had to hawk in traffic almost every day of the week while growing in-order to survive the numerous challenges my family and I were facing, becoming a Treasure in Africa and World Football was a wild dream. Words can’t… pic.twitter.com/D0zbdLI4wL
— Victor Osimhen (@victorosimhen9) December 12, 2023
Outre les contre-performances collectives et individuelles (seulement 8 pions inscrits en 18 matchs depuis le début de saison), l’ancien Dogue a fait couler beaucoup d’encre : sa prise de bec avec Rudi Garcia, la vidéo parodique (et surtout raciste) du club après son penalty manqué contre Bologna, ses galères familiales et, dernièrement, son transfert de Lille au Napoli de nouveau dans le radar de la justice transalpine. Une première partie de saison aux allures de calvaire pour l’homme au masque qui s’est conclue par un revers et une exclusion sur le gazon de la Roma (0-2), le 23 décembre dernier. Seule note positive, sa prolongation chez les Partenopei jusqu’en 2026 témoigne de son amour viscéral pour le club et surtout pour les tifosi : « Je joue pour eux, ce sont eux qui me permettent de jouer avec le cœur et la détermination. Mon amour pour eux est inébranlable. » Après des derniers mois ardus, Osimhen avait bel et bien besoin d’un break. Et quoi de mieux que la Coupe d’Afrique des nations dans le « pays de l’hospitalité » pour repartir du bon pied ?
Même masque, mais nouveau visage
« J’ai gagné et écrit l’histoire à Naples. Mais peu importe ce que j’ai accompli jusqu’aujourd’hui, si je gagne la CAN avec le Nigeria, j’aurai tout réussi », lâchait-il pour l’AFP en amont du match face à la Côte d’Ivoire. Pour sa première véritable CAN en tant que leader d’attaque du Nigeria (il n’avait joué que 45 minutes en 2019), l’homme aux 21 buts inscrits en 29 sélections a les crocs. Auteur du but égalisateur face à la Guinée équatoriale (1-1), c’est surtout face au pays hôte que le Napoletano a lié la parole aux actes.
Outre le penalty obtenu, Osimhen a impressionné dans l’attitude, multipliant les efforts défensifs et se donnant corps et âme sur chaque ballon, en témoignent ses quatre duels aériens remportés. Dominés, les Super Eagles ont dégagé une impressionnante force collective, et ont prouvé qu’ils n’étaient pas juste d’excellents attaquants, Osimhen compris. Si l’artificier nigérian a toujours le masque sur le nez, son visage est diamétralement opposé de celui affiché ces derniers mois à Naples. Un joueur qui ne se cantonne pas à demander les ballons et à pester contre l’arbitre et ses coéquipiers, mais qui sait se sublimer dans le labeur. « C’est cette mentalité qu’il faut avoir pour la suite de la compétition. C’était un grand défi, et nous sommes parvenus à le surmonter », a déclaré au coup de sifflet final l’ancien coéquipier de Jérémy Pied.
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Si l’aventure est encore longue pour Victor Osimhen & Co, la prestation délivrée face aux Éléphants a démontré la force collective nigériane. Une force collective qu’incarne de la meilleure des manières le Ballon d’or africain. Dans une compétition aussi rude et disputée que la CAN, le talent intrinsèque ne suffit pas, et Super Victor l’a très bien compris. Souvent bougon lorsque la situation ne tourne pas à son avantage, l’enfant de Lagos a mis en quelque sorte sa fierté de côté pour se rallier à une cause : la victoire finale. Il reste encore cinq matchs à Osimhen pour réaliser son rêve et finir le jeu. Car oui, remporter le Scudetto avec le Napoli puis la CAN avec le Nigeria en moins d’un an, alors que son pays attend un sacre depuis onze ans, c’est déjà un sacré pic dans une carrière.
Par Tristan Pubert