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Vicelow: « Certains joueurs devraient plus la fermer »
Il voit évoluer son fils sur la pelouse du Paris FC, connaît (de loin) Thierry Henry, voue un culte à Thomas Price, est originaire de Bondy et a longtemps soutenu l'OM. Rencontre avec Vicelow, ex-voix grave du Saïan Supa Crew.
Ton fils est un footeux ?Il a 12 ans et joue en sport étude au Paris FC, à travers lui je suis le football, moins que pendant ma jeunesse, mais je le suis toujours. Je faisais partie des Parisiens qui soutenaient l’OM : Waddle, Abédi Pelé, Papin, Basile Boli, l’époque Ligue des champions. Et puis je regardais Olive et Tom. J’étais fan de Thomas Price, il avait du style, c’était un vrai ninja.
Un Parisien qui supporte Marseille ?Dans un quartier, il y a toujours des pro-Paris ou des pro-Marseille. Avec deux ou trois potes, nous étions en mode Marseille. Je n’ai jamais supporté Paris quand j’étais jeune : il y avait ce truc un peu hooligan, alors qu’à Marseille, j’ai toujours senti quelque chose de plus convivial. Je me sentais plus proche des supporters marseillais. Aujourd’hui, c’est un peu différent, depuis que Zlatan est arrivé à Paris, ils font quand même rêver. Ils pratiquent la politique de l’argent, mais c’est pour atteindre des objectifs, et je crois qu’il faut être un peu chauvin sur ce coup ! Si on veut concurrencer des clubs comme le Barça ou le Real, il faut passer par là !
Des événements liés au football qui t’ont marqué ?La catastrophe de Furiani, ça m’a marqué, d’autres histoires liées au PSG, des choses graves. Après, ce qu’il y a autour du foot en France est moins violent qu’en Angleterre. Là-bas, c’est vraiment chaud !
Tu as des connexions avec le football anglais ?Avec le Saïan, on était connecté avec Thierry Henry. Nous étions passés au Grand Journal pour lui faire une surprise. On devait chanter, rapper, faire un peu de beatbox, c’était au tout début du Grand Journal. On a beaucoup joué après ça, donc il n’y a pas eu de suite, mais c’était cool de le rencontrer. Il voulait qu’on vienne voir un Arsenal/Chelsea !
D’autres rencontres de ce type ?On a fait des petites soirées privées où nous avons croisé des joueurs comme Wiltord ou des gars de la génération 2000-2002. On n’a jamais croisé Zizou, mais j’ai croisé Thuram à un évènement de danse, Juste debout, à Bercy.
L’engagement de Lilian Thuram t’interpelle ?Je trouve bien qu’il se soit reconverti sous cette forme plutôt qu’il devienne coach. Il a toujours eu la casquette du joueur engagé de toute façon, s’il est épanoui comme ça, c’est tant mieux. C’est bien que ce soit un ancien du terrain qui monte au front.
Les joueurs devraient-ils plus l’ouvrir ?Certains devraient plus la fermer, vu comment ils parlent !
Quel regard portes-tu sur les jeunes en sport étude ?Pour la plupart, ils sont dans une bulle. Quand ton petit a douze piges et te parle du salaire de tel ou tel joueur, c’est un peu spécial. Les jeunes veulent jouer, gagner de l’argent, savoir dans quel club ils seront dans deux ans. Et puis, on ne peut pas dire que l’équipe de France les fasse vraiment rêver. Quand j’étais plus jeune, je soutenais les Bleus.
Quelle serait la raison de désintérêt ?À la fin des années 1990, il y avait plus de distance entre les joueurs et les supporters. Par exemple, personne ne savait si Zizou écoutait Booba, I Am ou même s’il écoutait du rap ! Aujourd’hui, ils ont des casques sur la tête, tu sais que Benzema est le pote de Rohff, que l’autre est le pote de Booba. Quand tu représentes l’équipe de France, tu te dois de garder un peu de distance.
Qui t’inspire de bonnes valeurs ?Bizarrement, un mec comme Zlatan, il me parle, tu sens qu’il a des valeurs, qu’il est comme il est parce qu’il a vécu des choses. Et même s’il est très narcissique, il joue pour l’équipe. Même un gars comme Lucas Moura suivra le mouvement.
Comment qualifierais-tu Zlatan ?Zlatan, c’est un conquérant ! Il a du talent, du mental. Même pour les gestes techniques, il ne se pose pas de question, j’ai rarement vu un joueur avec autant de charisme. C’est un leader, mais il n’est pas méchant, c’est un bon gars, il a la tête sur les épaules.
Les jeunes joueurs sont impressionnants, eux aussi ?J’ai eu l’occasion de voir un tournoi de jeunes avec des équipes comme Milan, Lyon, une sorte de Ligue des champions de jeunes. Tu peux y voir des joueurs d’autres nationalités, d’autres villes. Ils ont 12 ou 13 ans et tu vois déjà les petites perles. C’est impressionnant, vraiment impressionnant. Certains ont une bonne intelligence de jeu, d’autres sont techniquement en avance et jouent plus perso. D’autres encore ont des allures de Golgoths, tu leur donnerais 18 ans !
La relève est assurée ?Ah oui ! Ils sont en avance et ont accès à plein de choses. Avec Internet, ils voient ce qui se passait dans les années 1970, 1980, 1990, ils regardent beIN Sport, ils jouent aux jeux vidéo et veulent faire pareil. Ils ont douze piges, ils connaissent tout le foot et, psychologiquement, ils sont dans un autre délire, dans une autre sphère, avec de plus en plus de mélanges, de clubs. Résultat : le niveau s’élève. Mais ce qui m’inquiète un peu plus, c’est l’évolution du business qu’il y a autour. Les mecs touchent des millions et ce n’est pas près de s’arrêter.
À écouter : BT2 Collector, album disponible (Musicast/Idol)
En concert le 22 février à Sannois
Propos recueillis par Romain Lejeune