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Vers une Ligue 1 sans Ultras ?

Par Nicolas Kssis-Martov
Vers une Ligue 1 sans Ultras ?

La saison vient à peine de démarrer que déjà les mesures répressives s'abattent sur les supporters. De fait, si l'arrivée du « nouveau » PSG zlatanisé semble modifier la donne dans le championnat, plus amplement le foot français est en train de muer en profondeur, et l'un des premiers théâtres de cette transformation touche la faible et récente culture tribunes qui semblait enfin s’y être cristallisé. Entre les nouveaux stades consacrés à attirer les VIP et les créneaux horaires de L2 censés séduire le téléspectateur, le travail de sape s'effectue à tous les échelons, avec une répression d'autant plus facile à mener que parfois les « stadeux » tendent le bâton pour se faire battre. N’empêche, doucement mais sûrement, les ultras remplacent de plus en plus les hooligans dans le rôle de ces « pseudo-supporters » dont il faut se débarrasser.

La sanction est tombée rapidement. La commission de discipline de la Ligue de football professionnel impose la fermeture de la tribune Sud du Stade de Ray, suite notamment à des jets de pétards vers le gardien ajaccien lors de la première journée de championnat. Après la dissolution des BSN, c’est un nouveau coup dur porté à l’ambiance de l’antre Nissart, et ce, malgré l’incompréhension au sein de la direction de l’OGC qui trouve la décision un tantinet « disproportionné » . Il ne s’agit pas d’une exception liée à un club dont il faudrait particulièrement surveiller le public au regard du passé. Trois supporters marseillais soupçonnés d’avoir lancé des projectiles sur la pelouse d’Auguste-Delaune à Reims ont été condamnés à 500 euros d’amende et trois ans d’interdiction de stade (et quatre à huit mois de prison avec sursis en bonus).

Il faut dire que cette fameuse commission ne chôme pas avec, dans son collimateur, tout ce qui relève du pyrotechnique, nouvelle menace numéro 1, presque devant le hooliganisme. Entre la méthode Taubira et la posture façon Manuel Valls, le foot professionnel hexagonal a clairement fait son choix. Surtout que, désormais, il faut vendre un spectacle et rentabiliser les beaux stades surdimensionnés pour l’Euro 2016 (à défaut de les remplir). Les fumées indisposent trop les VIP (ils ne voient plus rien sur leur smartphone) et les pétards dérangent les joueurs. Pour le reste, les nostalgiques pourront toujours regarder des webdocu comme Parc. Le même type de logique en fonte vient de s’écraser sur la L2, qui compte en plus, cette année, un certain nombre de gloires reléguées du foot tricolore, et donc leurs groupes de supporters (par exemple Auxerre, dont, certes, les ultras ont beaucoup fait parlé d’eux à la fin de la saison dernière). Le décalage des horaires des rencontres le vendredi en fin d’après-midi afin de répondre aux exigences de beIN Sport n’en finit pas de susciter l’ire des supporters. Peu importe que les stades se vident – et ici, même le fan lambda est concerné -, l’important c’est que l’éventuel bonhomme devant sa Freebox soit content d’avoir payé son abonnement.

Le retour du gaullisme musclé ?

Coté pouvoirs publics, le temps ne s’avère davantage au dialogue constructif. Avec en modèle exemplaire et point de référence la gestion du Parc des Princes. Dans la revue de la préfecture de police de Paris, Pprama, Jean-Louis Fiamenghi, directeur de cabinet du préfet de police de Paris – un flic à l’ancienne période commissaire Broussard époque Mesrine – ne cache pas son plaisir devant l’assainissement des virages où l’on vient juste voir son match sagement. Avec une franchise qui fleure bon le gaullisme musclé, il nous informe même au passage d’une « liste noire » – une « black list » (on est bilingue ou pas !) – de personnes qui ne peuvent plus acheter de billet ou même s’abonner. Hormis qu’on s’interroge sur la légalité de ce fichier, y sont intégrés d’office tous ceux condamnés ou ayant été astreint à une interdiction de stade, donc même si, doit-on comprendre, celle-ci est terminée.

Après l’arbitraire de ce dispositif dont, comme le rappelle PSG Mag, 75 % des condamnations se révèlent administratives et souvent annulées devant les tribunaux, voici venu le temps de la double peine à vie. Dans la foulée, le responsable policier précise également avec fierté qu’un supporter a été interpellé pour avoir porté le tee-shirt d’une association dissoute. Et là encore, on ne sait en quoi cela peut constituer un délit. Sinon, il termine en annonçant son souci de voir la violence ressurgir autour des déplacement et des matchs européens. Mais vu les brillants résultats obtenus auparavant par les forces de l’ordre en la matière, on se doute qu’ils préféreront continuer à boucler les petits malins qui déroulent des banderoles ou fument des joints dans les tribunes (enfin ils n’iront tout de même pas vérifier ce qui se passe en tribune VIP, faut pas pousser !).

Des stades sans fumigènes pour clients satisfaits

Prolongeant cette belle envolée, Jean-Paul Dispans, directeur adjoint de la Division nationale de lutte contre le hooliganisme (DNLH), expliquait dans Le Parisien que la « tolérance zéro » serait désormais de rigueur à l’encontre du racisme dans les tribunes (Avant, c’était juste 50% ? Même en Corse ?) et que la lutte contre les fights serait accentuée (On est contents d’apprendre que la police a pour mission d’empêcher les bagarres…). Les mesures adoptées pour le match Lille-PSG, où seuls les clients amenés et encadrés par le club pourront accéder au stade, semblent ainsi une répercussion directe de cette politique, après notamment un violent affrontement entre indeps parisiens et nordistes l’an dernier, médiatisé sur le web par une vidéo amateur. Surtout, Jean-Paul Dispans confirme de son côté l’intention clairement affichée de se focaliser sur les pétards et fumigènes dont, apparemment, l’augmentation constituerait la plus grosse cause de tourments en matière de sécurité. Effectivement, leur usage anarchique peut soulever des problèmes et même des dangers, à commencer pour ceux qui les utilisent souvent mal. Mais la concertation ne serait-il pas la meilleure solution, plutôt que de s’en servir pour mettre au pas un mouvement ultra qui trouble plus le sommeil des dirigeants de clubs ou des directeurs de programmes télé que l’ordre public ?

Ce sera toujours, en effet, l’un des paradoxes des politiques répressives dans le monde des tribunes : elles peuvent facilement étouffer, asphyxier ou combattre les cultures supporters – parce que, d’une certaine manière, celles-ci restent dans un périmètre plus ou moins proche de la légalité – mais elles ratent en général leur objectif, du moins officiel, c’est-à-dire réprimer les violences et/ou expressions racistes. C’est d’autant plus contradictoire qu’officiellement, clubs et pouvoirs publics ne cessent d’affirmer qu’il s’agit juste de faire le tri entre bons et mauvais supporters. Or, si le début de la nouvelle saison semble confirmer la tendance entamée avec la Loppsi II, sur laquelle la nouvelle ministre des Sports, Valérie Fourneyron, ne compte pas revenir et désire même au contraire poursuivre le travail de « sécurisation » des stades, l’ultra est clairement devenu le plus mauvais élève de la classe, même s’il n’en fut jamais vraiment le chouchou. Au moins, sur les écrans géants des arénas, il sera possible d’inscrire à l’intention de la clientèle les paroles des chants à reprendre, comme dans n’importe quel karaoké de centre commercial.

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