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Vers la fin du boycott ?
Longtemps ignorée, la Coupe de la Ligue semble finalement avoir réussi à s’imposer comme une véritable compétition aux yeux des supporters français. Au grand dam de certains ultras.
C’est un fait : les ultras n’aiment pas la Coupe de la Ligue. « Coupe à fric » , « coupe en bois » , une épreuve à l’opposé des valeurs « anti-footballbusiness » que de nombreux groupes défendent régulièrement dans leurs tribunes ou via des communiqués, et qui a souvent été boycottée. Cette aversion d’une partie des fans français pour cette compétition avait donné des images fortes de gradins désertés et de banderoles contestataires dans plusieurs stades de l’Hexagone lors des belles heures de la Coordination nationale des ultras, coordination qui avait regroupé une trentaine de groupes majeurs de la mouvance ultra française. Sans évidemment oublier les actions des supporters bordelais (grève des encouragements pendant les soixante premières minutes) lors des finales de 2009 et de 2010, des Montpelliérains – prônant le boycott de la CDL, l’Armata Ultra décidait en 2011, et malgré le fait que cette finale contre Marseille était la première finale pour le MHSC depuis 1994, d’aller encourager une équipe de… water-polo de la ville plutôt que de se rendre au stade de France le jour du match – ou encore des Fanatics du Virage Nord lors de la finale OM/OL de 2012.
Le boycott, c’est fini
Cette saison, lors du quart de finale opposant les Girondins de Bordeaux au Paris Saint-Germain et son armada de stars, les Ultramarines, groupe de supporters bordelais pourtant à la pointe de la contestation contre la Coupe de la Ligue, annonçaient la reprise des encouragements et la fin du boycott. Dans un communiqué distribué à ses adhérents et sympathisants, le groupe ultra expliquait qu’il était « injuste » pour leur équipe, ainsi que pour les membres du Virage Sud, que leur stade soit le « dernier à rester silencieux » . La « décision d’observer une grève d’ambiance à chaque rencontre de la Coupe de la Ligue avait été motivée par un mouvement national de résistance de la quasi-majorité des groupes français » , rappelait le texte des fans girondins. « Nous avions tenté de montrer à la Ligue ce qu’étaient des stades sans nous, nous avions également fait passer un certain nombre de messages forts par banderoles, ou dans la presse, sur l’inutilité de cette coupe. (…) Le match contre Paris est arrivé à point nommé. Il a amené une réflexion globale et générale dans nos rangs. Nous sommes encore aujourd’hui un des tout derniers groupes à continuer ce combat. Les tentatives de coordination ont échoué, et des 30 groupes signataires, il n’en reste guère qu’un dixième… » Une réflexion partagée par Biba, un des responsables de la Populaire Sud à Nice et dont le groupe a également arrêté le boycott de cette épreuve : « On avait pas mal lutté là-dessus, mais tout le monde n’avait pas joué le jeu… Donc maintenant, on lutte localement. Après, notre but, c’est d’emmener l’ensemble du stade avec nous et quand tu as une finale de Coupe si tu décides de boycotter, tu te mets l’ensemble des supporters à dos, ce n’est pas non plus la solution. »
LFP 1 Supporters 0
La finale, c’est bien là que le bât blesse. Si des exemples cités plus haut ont démontré que des actions étaient possibles, la portée de celles-ci est loin d’avoir eu l’effet escompté. « Le problème d’une finale, c’est que tu as des centaines de supporters qui font le déplacement au stade de France pour vivre le match de leur vie et qui espèrent une grosse ambiance » , témoigne un ancien habitué du monde des tribunes. « Et ces personnes ne comprennent pas l’intérêt de réaliser un boycott ou une grève des encouragements alors que leur club est en passe d’ajouter une ligne sur son palmarès. L’attitude des ultras était cohérente selon leur mode de fonctionnement et leur « éthique » , mais malheureusement stratégiquement inefficace… À partir de là, pourquoi continuer à boycotter un huitième ou un quart si on va finalement chanter en finale ? » L’ambiance vécue lors de la finale de la dernière édition de la CDL entre Saint-Étienne et le Stade rennais avait d’ailleurs été considérée comme exceptionnelle malgré les soucis rencontrés par les supporters pour amener du matériel dans l’enceinte dionysienne. Et les fans lyonnais des Bad Gones et de Lyon1950, qui seront bien présents à Saint-Denis ce soir d’après nos informations, chercheront également à mettre le feu dans l’enceinte pour encourager leurs joueurs. Malgré des affluences toujours aussi faibles lors des rencontres de Coupe de la Ligue avec un taux de remplissage des stades de moins de 50%, la LFP, profitant d’une incapacité des supporters à s’unir sur des luttes communes, semble donc avoir réussi à faire « taire » les principaux opposants de cette compétition. Reste à savoir jusqu’à quand.
Par Antoine Aubry & Anthony Cerveaux