Verratti, version classique

La soirée du 7 octobre 2012 au Vélodrome est restée dans les mémoires comme celle où André-Pierre Gignac et Zlatan Ibrahimović se sont répondus d’un doublé chacun pour illuminer l’un des plus grands Classiques de la décennie. Débarqué dans la capitale française sur la pointe des pieds quelques semaines plus tôt, Marco Verratti est titulaire, aux côtés de Blaise Matuidi et… Clément Chantôme. Le premier rendez-vous de l’Italien avec l’OM, dans ce qui ressemble à une autre époque pour le Paris Saint-Germain. Près de dix ans plus tard, celui qui est désormais le joueur le plus ancien de l’effectif croisait le fer pour la dix-neuvième fois avec les Phocéens. Sylvain Armand et ses dix-huit Classiques ne peuvent que s’incliner.

À travers les âges

Un record qui illustre la place du Petit Hibou dans l’histoire du club où il évolue depuis ses 19 ans et de l’importance qu’il n’a jamais cessé d’avoir dans les différents effectifs qui se sont succédé au Camp des Loges. Au crépuscule de sa dixième saison dans l’Hexagone, Verratti est trop régulièrement l’un des seuls à porter sur ses petites épaules le jeu de son équipe, rarement séduisante cette saison. « Quand on ne joue pas bien, évidemment, je suis triste. Cela peut arriver de gagner sans bien jouer, oui, mais moi, je préfère toujours arriver au résultat avec un beau jeu. Avec les joueurs qu’on a, on ne peut pas se contenter d’une victoire », confiait-il il y a peu dans les colonnes de L’Équipe.

Face à l’ennemi juré marseillais, il fut encore l’un des rares, avec Neymar, à tenter de créer quelque chose. C’est lui qui lance la soirée d’un superbe ballon par-dessus la défense marseillaise pour permettre au Brésilien d’ouvrir le score, bien aidé par l’erreur de jugement de Pau Lopez. Une première mi-temps où Paris a pris les commandes dans le sillage de son maître à jouer : 41 ballons joués, aucun perdu et une influence de tous les instants. Un carton précoce, aussi, mais avec ce Verratti-là, le stress de le voir rentrer aux vestiaires prématurément est bien moins prégnant qu’à une certaine époque malgré plusieurs points chauds, notamment après le repos. Surtout, si Paris et Marquinhos retiendront « la victoire », le jeu du PSG avait bien besoin de lui pour s’illuminer. Même un tout petit peu.

L’art de la solitude

Seul. C’est comme cela que Marco Verratti a pris l’habitude de briller porte d’Auteuil depuis plusieurs saisons et les départs successifs de Blaise Matuidi, Thiago Motta et Adrien Rabiot. Depuis, le casting autour de lui a bien changé, mais le rendement de l’Italien s’en est rarement ressenti, dès qu’il était en mesure de gambader sur la pelouse pour régaler la foule de son immense talent. Pour autant, il y a fort à parier que le bonhomme ne serait pas contre un peu de soutien de niveau international, et pourquoi pas dès cet été. Aurélien Tchouaméni ? Paul Pogba ? L’important est que le n°6 puisse passer le relais, au moins de temps en temps.

« Leur stratégie, c’est Verratti, il fait tout le jeu. Si tu le presses bien, ils passent à une autre stratégie et ce n’est pas pareil. Paredes à côté de lui ne sera plus le même. Marquinhos et Kimpembe qui veulent jouer sur Verratti ne seront plus les mêmes non plus. Donc le secret contre le PSG, c’est de les presser. » Les mots sont signés Karim Benzema lors d’une interview à L’Équipe, pas plus tard qu’au début du mois, à la suite de la qualification de son Real Madrid face à la bande de Mauricio Pochettino en Ligue des champions. Il serait peut-être temps que les choses changent. Même si avec Verratti, la constance est de mise depuis dix ans, désormais.