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Verratti, droit au but
Buteur contre Nantes il y a peu, Marco Verratti semble avoir franchi un cap cette saison. Longtemps présenté comme un crack, l’Italien de 26 ans compose pourtant avec un goût d’inachevé depuis son arrivée dans la capitale. Et s’il avait enfin franchi le Rubicon ?
Il y a quelque chose qui n’a jamais varié d’un iota avec Marco Verratti depuis qu’il est au PSG. Voilà donc bientôt sept ans que tous les adorateurs de l’Italien hurlent la même chose quand le milieu de terrain se retrouve aux abords de la cage adverse : « Mais tire putain, tire ! » Évidemment, Marco Verratti ne tire jamais. C’est son péché mignon. Pendant longtemps, on a parlé de l’Italien à travers son second travers : la nuit. Ou plus précisément son hygiène de vie, lui l’amateur de bon vin, de clopes, d’établissements nocturnes et de Paris dans tout ce que cela représente. On essayait souvent d’y trouver les explications à ses nombreuses blessures musculaires. Mais Verratti, un peu comme Lavezzi en son temps, a fait de Paris son repère. Avec tout ce que cela sous-entend. Débarqué de Pescara à 20 piges, Verratti a découvert la vie en signant au PSG. Il a été présenté en lever de rideau de Zlatan Ibrahimović et à ce moment-là, personne ne connaissait vraiment le petit hibou. À part les amateurs de Football Manager.
S’inscrire dans la durée ou tenter l’aventure ailleurs ?
Les insomniaques ont vite compris, notamment après l’avoir vu faire de Chelsea sa chose, lors d’un match amical de pré-saison au cœur de l’été 2012. La première apparition de Marco Verratti a donné le la. Ce petit homme allait être le frisson permanent du PSG QSI. Avec ses qualités et ses défauts. Sept ans plus tard, rien n’a vraiment changé. Paris est meilleur avec son petit Italien, mais ne franchit toujours pas le cap en Ligue des champions. On s’était imaginé Verratti s’émanciper enfin après le départ de Thiago Motta. Devenir le patron. Assumer en quelque sorte.
Mais la direction sportive a surtout dépeuplé sa zone de jeu au point de finir avec Marquinhos dans le rôle du Sam pour les soirées qui comptent. Sous contrat jusqu’en 2021 après avoir fait de la prolongation un rite annuel pendant un moment, Verratti – qui roule avec Mino Raiola – est à la croisée des chemins. S’inscrire encore plus dans la durée ou tenter l’aventure ailleurs ? « Je l’ai toujours dit, je suis vraiment bien ici, cela fait déjà sept ans, huit l’an prochain et j’ai toujours la même envie, comme au premier jour. Ma prolongation, ce sera avec le club, s’il le veut. J’ai encore deux ans de contrat et ce n’est pas une chose dont on doit parler tout de suite, mais je peux rester encore longtemps ici et j’en serais vraiment content. »
Toujours faire la passe
Marco Verratti va-t-il changer ? C’est l’éternelle question. Il se murmure que le joueur a remis de l’ordre dans sa vie. On lui a même prêté des relations avec des mannequins célèbres, lui qui se serait séparé de la mère de ses deux enfants. Des rumeurs qui ne le font pas franchement sourire. « Aujourd’hui, j’ai l’impression que ce que tu fais en dehors du terrain est plus important que ce qui se passe sur le terrain. Moi, j’accepte toutes les critiques sportives. Quand je fais un mauvais match, c’est normal, car je joue pour un club où il faut que je sois toujours performant. Après, je sais que cela peut arriver d’avoir des matchs où tu n’es pas bien, des matchs où tu n’arrives pas à donner un truc en plus. Mais cela me fait rigoler parce qu’après avoir perdu un match, on te parle de ce qui se passe en dehors. Ce sont des choses que je ne trouve pas intéressantes pour quelqu’un qui aime le club. Je mène une vie très normale, je m’entraîne tous les jours, je ne mène pas la vie que l’on dit. Mais s’ils pensent plus à ma vie privée qu’à ma vie sportive, c’est plus un problème pour eux » , avait simplement déclaré le joueur mi-mars.
Il y a du vrai. Forcément. La vérité crue, pourtant, est celle qui s’écrit sur le terrain. Et au PSG, elle est très simple : No Verratti, no party. À l’heure d’aller chercher un sixième titre de champion de France sur la pelouse de Lille, Marco Verratti doit enfin assumer son statut, celui du métronome, du big boss, du dépositaire du jeu. L’ADN du PSG, c’est lui. Quitte à se faire violence à l’abord de la surface. « Normalement, c’est un gars qui cherche toujours à faire une passe pour faire un cadeau à son collègue. Pendant l’entraînement par exemple, s’il est à deux mètres du but, il cherche un coéquipier pour lui faire la passe parce qu’il veut toujours rendre les autres heureux, évoquait Thomas Tuchel. C’est sa qualité et son caractère. Mais il doit parfois être un peu plus égoïste et plus précis. » Car quand Verratti fait mouche, c’est difficile d’arrêter le PSG.
Par Mathieu Faure