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Vérone retrouve enfin son derby

Eric Maggiori
6 minutes
Vérone retrouve enfin son derby

Aujourd’hui, en fin d’après-midi, la ville de Vérone s’immobilise pour le premier derby de Vérone depuis mars 2002. Onze années d’attente, et une « rivalité » finalement peu connue de ce côté-là des Alpes. Découverte.

C’était le 24 mars 2002, au stade Marcantonio Bentegodi. Le Chievo reçoit le Hellas Vérone, pour le compte de la 28e journée de Serie A. Une saison 2001-02 au cours de laquelle le Chievo, petit club de quartier, fait ses tous premiers pas dans la plus haute division du football italien. Le Hellas, de son côté, fait partie des meubles. C’est un peu le petit frère qui affronte le grand frère. Mais cette année là, les rapports de force sont inversés, à l’image de ce qui va se passer ce 24 mars. Un dimanche après-midi où le Chievo s’impose 2-1, grâce à un doublé de Federico Cossato, héros du jour, qui renverse le but initial d’Adrian Mutu.

À la fin de la saison, ce score aura une importance capitale. À la surprise générale, le Chievo termine en effet à la cinquième position, et se qualifie pour la Coupe UEFA. Le Hellas, de son côté, termine à la pire position : celle de premier relégable. Un point de retard sur l’Udinese et Brescia, et c’est la descente en Serie B pour le Champion d’Italie 1985. Une relégation dont le Hellas mettra plus de dix ans à se remettre, et dont le Chievo s’est toujours senti un peu responsable. Onze années plus tard, revoilà les deux clubs face à face avec, à nouveau, des rapports de force intervertis. Le Hellas, tout juste promu, est sixième. Le Chievo, qui fait désormais partie des meubles, est bon dernier. La roue tourne.

Jaunes et bleus contre jaunes et bleus

La vraie curiosité de ce derby de Vérone c’est que, pendant très longtemps et à l’inverse de tous les autres derbys d’Italie, les deux clubs ne sont pas détestés. Au contraire, même, ils s’aimaient bien. Parce que, jusqu’aux années 90, le Chievo n’a été qu’un petit club de quartier, et que le Hellas ne l’a donc jamais considéré comme un potentiel rival. Il faut dire que Chievo est effectivement un tout petit quartier de Vérone, dont on fait le tour en l’espace de quelques minutes. Du coup, pour le Héllas, qui a souvent campé en Serie A, jusqu’à être Champion d’Italie en 1985, le Chievo a toujours été une sorte de petit protégé, un peu soutenu, un peu méprisé. Au stadio Bentegodi, stade partagé par les deux clubs, pendant de longues années, on a assisté à la même scène. Lorsque le Hellas jouait et que le speaker annonçait un but du Chievo sur une autre pelouse, tout le stade se mettait à chanter et à applaudir. Une véritable hérésie dans n’importe quelle autre ville italienne. Et cette « union » entre les deux clubs va même jusqu’aux couleurs. Roma-Lazio, ce sont les rouges contre les bleus. Milan-Inter, les Rossoneri contre les Nerazzurri. Juventus-Torino, les Bianconeri contre les grenats. Et Hellas-Chievo ? Bah, ce sont les jaunes et bleus… contre les jaunes et bleus. Les deux clubs arborent en effet les mêmes couleurs, et le même symbole, un escalier, un peu comme si le Chievo, avant de s’imposer sur le long terme en Serie A, s’était auto-considéré comme une sorte de Hellas Vérone B. Ce qui a souvent poussé les tifosi du Hellas à dire : « Ils feraient mieux de se trouver une identité. »

Ainsi, la première confrontation entre les deux équipes en Serie A, en novembre 2001, a provoqué un véritable cas de conscience dans la ville de Roméo et Juliette. Un match fou que le Chievo avait abordé à la première place du classement (!), de quoi rendre fiers tous les supporters de la ville, même ceux du Hellas, qui continuaient de ne pas prendre au sérieux leurs cousins. À tel point que les gens n’osaient même pas appeler ce match « derby » . Car, comment prononcer le mot derby si l’on ne déteste pas un peu son adversaire ? À l’époque, l’actrice et présentatrice Gigliola Cinquetti, née à Vérone, s’était prononcée sur cet événement unique. « Essayons de ne pas devenir fous comme les autres, ceux des grandes villes du ballon. Je m’attends à un derby plein d’ironie et d’enjouement » avait-elle annoncé. Le maire de la ville, lui, avait demandé à ce que l’hymne italien soit joué avant le début du match. Sa requête a été satisfaite. Et le match a été dingue.

Inversion des rôles

De fait, dès le coup d’envoi, toute l’amitié qui existe entre les deux clubs s’est dissipée. Logique, après tout. Quel grand frère aurait envie de perdre contre son petit frère ? Le Chievo a pourtant mené 2-0 à la demi-heure de jeu. Mais le Hellas a tenu à remettre les choses à l’endroit. Avec des buts d’Oddo, un csc de Lanna et un pion décisif de Camoranesi (deux futurs champions du monde, mine de rien), l’équipe de Malesani s’impose 3-2. Le Chievo prendra finalement sa revanche au match retour, comme expliqué plus haut. Ironie du sort, après sa relégation, le Hellas a galéré dans les divisions inférieures, descendant même en troisième division en 2007, après un barrage perdu contre Spezia. Tout cela pendant que le Chievo se pavanait en Serie A (avec tout de même une relégation en 2007, avec remontée immédiate en 2008). Une inversion des rôles, qui a clairement modifié les façons de penser des supporters du Hellas. Désormais, le mignon petit Chievo est devenu un Chievo beaucoup trop encombrant. Et, forcément, dans ce climat, l’amitié a eu tendance à se dégrader, et à se transformer en haine pour certains.

Sur le plan historique, bien qu’ils existent respectivement depuis 1903 (Hellas) et 1929 (Chievo), les deux clubs de Vérone ne se sont affrontés qu’à dix reprises, dont deux fois, seulement, en Serie A. Il a d’ailleurs fallu attendre 65 ans après la naissance du sympathique Chievo pour assister à la première confrontation. C’était en 1994, en Serie B, devant 30 000 personnes. Les deux formations se quittent bons amis, 1-1, grâce à des buts de Fermanelli (premier buteur de l’histoire de ce derby) et Gori pour le Chievo. Le bilan est, à ce jour, en parfaite équité. Quatre victoires du Hellas, quatre du Chievo et deux matchs nuls. Pourtant, selon Maurizio Crosetti, journaliste et écrivain italien : « Malgré les années qui se sont écoulées depuis 2001, on a toujours du mal à décider que Chievo et Vérone sont deux entités distinctes. Pour le moment, on se sait toujours pas où se finit Vérone et où commence Chievo. » Tout ce que l’on sait, c’est que ce soir, le Chievo commence à la dernière place du classement. Et ça, cela suffit à faire oublier les plus vieilles amitiés du monde.

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Lucas, Digne de confiance
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