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Verheijen : « Il est temps de sortir Suárez du terrain »

Propos recueillis par Paul Piquard
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Gourou de la préparation physique et mentale, Raymond Verheijen a travaillé avec le Barça, Manchester City ou encore Chelsea. Surtout, du haut de ses 42 ans, le fidèle de Guus Hiddink a déjà participé à trois Coupes du monde, amenant les Pays-Bas puis la Corée du Sud jusqu'en demi-finale du tournoi. C'est donc avec un œil expert qu'il nous livre ses premières analyses sur le Mondial brésilien. Fiasco espagnol, lacunes du foot africain et morsure de Suárez, tout y passe, mais toujours dans la bonne humeur.

Parlons du fiasco espagnol. Ont-ils lâché psychologiquement ?

Tout d’abord, je crois que le premier match contre les Pays-Bas a été décisif. En première période, ils avaient un contrôle total sur la partie, les Pays-Bas étaient acculés dans leur camp. Ils menaient 1-0, Silva a eu la balle du 2-0. Donc, d’un côté, j’ai trouvé que l’Espagne avait plutôt bien commencé. Mais dans la deuxième mi-temps, ils étaient dépassés par les contre-attaques et le tempo imposé par les Pays-Bas. À mon avis, les Espagnols étaient toujours en mesure de développer leur jeu. Mais leur principal problème résidait dans le fait qu’ils n’ont jamais réussi à garder le même rythme et la même intensité durant 90 minutes.

Donc ce serait plutôt un problème de condition physique ?

Bien sûr. L’équipe est vieillissante. Si vous regardez les joueurs du Real Madrid et du Barça, ils ont tous vieilli et ont encore eu une saison longue et éprouvante. Beaucoup de joueurs du Real Madrid – et pas seulement les Espagnols – manquent de fraîcheur, tandis que les joueurs majeurs du Barça sont vieillissants. Le déclin espagnol était en quelque sorte inévitable.

Les Pays-Bas ont fait forte impression, et dépassent pour l’instant les attentes. Comment les avez-vous trouvés ?

Pour un Hollandais, c’est toujours génial de voir notre équipe réussir ! Mais même si je suis hollandais, je dois être réaliste. Tout le monde vante leur qualité de jeu, mais je ne trouve pas que ce soit un football divertissant. C’est un football réaliste et efficace. Ils ont un plan de jeu très efficace, qui est presque contraire aux caractéristiques du jeu hollandais habituel. Nous devons nous habituer à ce style défensif. Les Pays-Bas restent dans leur camp, en attendant la première erreur de l’adversaire, avant de lancer Arjen Robben en contre-attaque. Nous ne sommes pas habitués à ce style de jeu, à jouer avec cinq défenseurs, mais c’est très efficace, et il faut tirer son chapeau à Louis van Gaal. De plus, il y a un élément très intelligent dans ce plan : les Pays-Bas ne dépensent pas beaucoup d’énergie, parce qu’ils défendent très bas. Donc on peut imaginer qu’ils seront toujours en forme pour les huitièmes, les quarts et pourquoi pas les demies.

Parlons de Luis Suárez, et de l’affaire de la morsure. Que se passe-t-il dans sa tête à ce moment-là ? Serait-ce lié à des difficultés à gérer la pression ?

Cela n’a rien à voir avec la pression. Il est le seul responsable. Il l’a déjà fait aux Pays-Bas, et avec Liverpool. C’est sa part d’ombre, son point faible. Il est temps d’agir. Il a eu le bénéfice du doute les deux premières fois, il s’est excusé publiquement. Si la Fifa n’avait pas agi, il y aurait eu une quatrième fois, et une cinquième fois.

Si vous avez un joueur comme cela dans votre équipe, il n’y a rien à faire pour l’aider ?

Il est temps de le sortir du terrain, disons pour un an. Donnons lui un an pour régler son problème. Mais s’il récidive après un an, il devrait être banni à vie. Imaginez que vous regardiez le match chez vous avec votre fils, et qu’il voit cela. Qu’est-ce que vous pouvez dire à la prochaine génération de footballeurs ? Comment vous pouvez expliquer ce geste ? C’est injustifiable. Il mérite une autre chance, mais seulement avec des restrictions très claires.

Vous avez récemment évoqué le nombre élevé de blessures musculaires durant ce Mondial, en parlant notamment de la sélection de Jürgen Klinsmann. Est-ce dû à une mauvaise préparation ?

Pour moi, la plus grosse surprise jusqu’ici, c’est la France. Par surprise, j’entends la différence entre les attentes et ce que nous avons vu jusqu’à maintenant.
Normalement, lorsque vous préparez une saison en club, vos joueurs reviennent de vacances. Ils ont perdu un peu de leur forme physique, mais ils sont reposés. Donc leur fraîcheur physique est assez élevée. Ainsi, les joueurs ont un niveau de forme assez bas, mais une fraîcheur assez élevée. Donc il faut retrouver un niveau de forme. Au contraire, si vous préparez une compétition internationale, les joueurs viennent de terminer une saison de dix mois. Vos joueurs sont en forme, mais leur fraîcheur a baissé, c’est exactement le contraire. Là, il faut retrouver de la fraîcheur. Il faut donc s’entraîner une fois par jour, un entraînement court et intense. Vous vous entraînez à 100 % pour maintenir votre forme, mais puisque vous ne faites qu’un entraînement de 75 minutes par jour pendant trois semaines, les joueurs peuvent également se reposer et retrouver leur fraîcheur physique. L’erreur la plus commune est de préparer les joueurs pour le Mondial comme on prépare les joueurs pour une saison. À ce moment-là, les joueurs ont une bonne condition, mais sont excessivement fatigués, et c’est comme cela que se multiplient les blessures musculaires.

Les équipes européennes semblent souffrir un peu plus des conditions climatiques au Brésil. Y a-t-il une préparation particulière pour s’habituer à ces conditions particulières ?

Les joueurs européens souffrent plus car ils jouent tous en Europe. Tandis que dans les équipes sud-américaines, certains joueurs jouent en Amérique du Sud. Physiquement, une saison en Amérique du Sud est moins exigeante qu’une saison en Europe. C’est déjà un premier avantage. Le deuxième, c’est que leur corps, puisqu’ils sont nés en Amérique du Sud, est déjà habitué aux conditions. Cependant, il y a quatre ans, les équipes sud-américaines étaient déjà impressionnantes en phase de poules. Mais ils ont faibli dans les tours suivants. L’Argentine a sombré contre l’Allemagne, le Chili a perdu, le Brésil a perdu contre les Pays-Bas, etc. La plupart des équipes sud-américaines jouent un jeu basé sur un pressing très intense. Cela demande énormément d’énergie et c’est ce qui m’inquiète un peu pour le Chili, l’Argentine, l’Uruguay, la Colombie ou le Costa Rica. Toutes ces équipes dépensent tellement d’énergie dans la phase de poules, en particulier le Chili et la Colombie, qu’elles seront fatiguées en huitièmes et en quarts. Au contraire, les Pays-Bas, la France ou l’Allemagne auront gardé de l’énergie pour les tours suivants.

De façon générale, les équipes africaines semblent avoir des difficultés à progresser. Qu’est-ce qu’il leur manque pour franchir la phase de poules plus régulièrement ?

Le plus important dans le football est de jouer collectivement. Imaginez que vous êtes un joueur et que vous avez le ballon. Avant que vous preniez une décision, tout le monde communique avec vous. Vos coéquipiers demandent la balle, font des appels. La première étape, c’est la communication verbale et non verbale. La deuxième étape est votre prise de décision. C’est votre perception du jeu. La troisième étape, c’est l’exécution du geste, votre technique. La dernière étape est de maintenir ce rythme durant 90 minutes. Et cela, c’est la forme physique. Il y a donc quatre niveaux. Ce que l’on remarque dans les équipes africaines, c’est que sur le plan individuel, tout va très bien sur les niveaux 2, 3 et 4. Mais la communication, le collectif leur font défaut. Actuellement, en Afrique du Sud, je remarque que l’organisation du football est très peu structurée, et au contraire assez chaotique. Il y a donc beaucoup de talents individuels, mais ils ne sont pas assez encadrés. Tant que le football africain ne sera pas structuré, ils ne joueront pas assez collectif, et ne connaîtront jamais de succès en Coupe du monde.

Comment faire concrètement ?

En tant que personnes et en tant que coachs, ils doivent êtres plus organisés. Les entraîneurs doivent devenir de meilleurs enseignants tactiques. Il faut améliorer l’éducation tactique. C’est la seule solution. Si les joueurs ont une meilleure éducation tactique, le problème sera réglé.

Pour finir, quelle équipe vous a le plus impressionné jusqu’ici ?

Pour moi, la plus grosse surprise jusqu’ici, c’est la France. Par surprise, j’entends la différence entre les attentes et ce que nous avons vu jusqu’à maintenant. Ils n’étaient jamais considérés comme de véritables favoris, alors qu’avec ce que l’on a vu, ils pourraient aller au bout. Ce qui est dommage, c’est que la France et l’Allemagne peuvent s’affronter en quarts, alors que cela pourrait facilement être une demie ou une finale. L’Allemagne joue bien, mais on s’y attendait. Je trouve la France plus impressionnante que les Pays-Bas. La France m’a vraiment impressionné offensivement. À l’inverse, les deux plus gros échecs sont évidemment l’Espagne, mais aussi l’Angleterre, que j’attendais à un meilleur niveau. L’Italie n’a pas eu de chance. Après la morsure de Suárez, les Italiens ont eu un moment de flottement dont ont profité les Uruguayens. Le juge de touche aurait dû voir la morsure. À ce moment-là, cela aurait été 10 contre 10, et je pense que l’Italie aurait tenu le nul.
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Propos recueillis par Paul Piquard

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