Veretout, le coin de ciel bleu

« Marquer des buts, ça aide, mais mine de rien, on fait du gros boulot au milieu de terrain. On est moins en vue que des attaquants ou que des défenseurs, mais on court beaucoup aussi. À nous d’essayer d’être plus efficaces quand on se retrouve devant le but. » Il y a une dizaine de jours, avant la réception de Lens (0-1), Jordan Veretout faisait un bref constat de son début de saison. Solide depuis le mois d’août, l’ancien pensionnaire de l’AS Roma a encore répondu présent ce mardi soir contre Tottenham (1-2). Preuve qu’on peut briller dans la tempête.

L’homme à Veretout faire

Les statistiques parlent d’elles-mêmes : avec 67 ballons touchés, l’ancien Nantais n’a pas chômé en première période. Présent aussi bien dans l’entrejeu pour cadenasser Højbjerg et Bentancur, ou sur le long de la ligne de touche pour apporter des solutions à Rongier, un cran plus bas, Veretout a été l’un des hommes forts de l’OM dans le premier acte. S’ils étaient pointés du doigt par les supporters à la suite des récents mauvais résultats olympiens, l’international français a mis tout le monde d’accord en ponctuant sa copie d’une passe décisive parfaite. Sur corner joué à deux, Veretout a servi parfaitement Mbemba dans la surface de sa patte droite (1-0, 45^e+2).

C’est d’une reprise de volée du pied gauche qu’il avait obligé Hugo Lloris à se détendre quelques minutes plus tôt (33^e). Parfait dans la projection, Veretout est surtout venu bloquer les plans d’Antonio Conte, en tribune, et de son adjoint Cristian Stellini après la sortie de Heung-min Son (29^e). Dans une impasse dans l’entrejeu, le staff de Tottenham avait alors décidé de repasser à cinq au milieu de terrain avec l’entrée d’Yves Bissouma. Mission manquée puisque cette supériorité numérique ne s’est pas fait ressentir. Trois duels remportés pour Veretout, deux pour Valentin Rongier – impossible d’attribuer tout le mérite à un seul homme –, 92% de passes réussies en moyenne pour les deux Olympiens, autant de chiffres prouvant l’efficacité redoutable de cette doublette.

Quand le chat n’est pas là, les souris dansent

« Quand les résultats ne sont pas là, on entend beaucoup de choses très différentes. Mais si vous posez la question(sur la confiance de Tudor envers Veretout), c’est que les résultats ne sont pas là. Pour vous, tous les joueurs sont nuls, avait balancé de manière véhémente Igor Tudor après le match nul sur la pelouse de Strasbourg le week-end dernier (2-2),donc non, Jordan est un joueur formidable. Il est dynamique, il est intelligent, il anticipe le jeu. Il lui manque un but, mais c’est un très bon joueur » . Et la deuxième période a donné raison au tacticien croate, expliquant « que ce n’est pas le moment de parler des individualités », en conférence de presse d’après-match ce mardi soir. En grande difficulté au retour des vestiaires, les Marseillais ont pu compter sur un Veretout au four et au moulin. Plus bas sur le terrain, le milieu de 29 ans a enchaîné des retours salvateurs. Après avoir enlevé in extremis la balle des pieds de Harry Kane seul face au but vide après une parade de Pau Lopez mal maîtrisée à l’heure de jeu (61^e), c’est encore lui qui a mis un terme à la contre-attaque des Spursquelques minutes plus tard en stoppant Lucas Moura (65^e). Quand l’écurie londonienne poussait pour repasser devant après l’égalisation de Clément Lenglet (54^e), il avait aussi usé de son expérience pour rester quelques minutes au sol à la suite d’une intervention tardive de Bentancur (59^e). Sortie à une vingtaine de minutes de la fin, Veretout a enfin rendu un bel hommage à la maxime « on ne se rend compte de l’importance des choses qu’après les avoir perdues ». Remplacé par Cengiz Under (73^e), il était sur le banc pour assister à la grosse baisse de forme olympienne. Plus d’espaces au cœur du jeu, un Højbjerg – absent jusqu’alors – retrouvé, qui n’a eu besoin que de se projeter une fois pour marquer (1-2, 90^e+5). À une époque où les forfaits pour le Mondial de N’Golo Kanté et Paul Pogba affaiblissent clairement l’équipe de France, Didier Deschamps a dû apprécier les 73 minutes de Jordan Veretout. Et les 17 dernières lors desquelles il a pu se reposer.