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Ventosa : « Bernat possède les qualités de Jordi Alba »
Entraîneur de Juan Bernat durant trois saisons au sein du Valencia Mestalla, réserve de l’équipe première, Sergio Ventosa en connaît un rayon sur la nouvelle recrue du Paris Saint-Germain. Devenu désormais directeur adjoint du centre de formation, l'homme révèle la personnalité du latéral gauche natif de Cullera.
Bernat est un vrai valencianista. Quel type de personne était-il au moment où vous l’avez eu sous vos ordres ?
Bernat est passé par toutes les catégories de notre académie, de 7 à 21 ans. La première fois que je l’ai vu, il était haut comme trois pommes ! Il est issu de la génération 1993, à cette époque nous avions une quinta redoutable avec Paco Alcácer, Borja Iglesias (aujourd’hui à l’Espanyol, N.D.L.R.), Roberto Ibañez de Getafe, Fede Cartabia du Depor et Juan.
Ses parents vivaient à Valence même, c’était un gars du cru qui rentrait toujours passer son été à la plage de Cullera. Au niveau du comportement, Bernat était très discipliné, assez silencieux. Ce n’était pas celui qui allait faire le show dans le vestiaire ! Par la suite, Alcácer s’est fait surclasser, et nous avons pensé que Juan pouvait aussi l’être en tant que latéral gauche, même s’il était ailier de formation. Il était petit de taille, mais avait une caisse énorme pour apporter du danger en attaque !
Quelles sont ses qualités sportives sur lesquelles vous vous êtes appuyé à l’époque ?Il était impressionnant en un contre un. Je le voyais comme un excellent dribbleur, centreur ou buteur. Il était souvent situé en dehors du cœur du jeu, car les instructions étaient de coller la ligne de touche. De cette manière, il faisait beaucoup de mal aux adversaires, car il les obligeait à couvrir constamment la totalité du terrain. Bernat est l’archétype de notre formation des joueurs de couloir, c’est dans le même style que Gayá actuellement : un ailier reconverti en défenseur latéral.
Un autre grand arrière gauche est passé par le centre de formation de Valence : Jordi Alba. Pensez-vous que Bernat soit capable d’être au même niveau de performance que Jordi Alba ?Sans aucun doute !
Juan possède les qualités sportives de Jordi Alba. Je dirais même qu’il possède un autre avantage : celui d’avoir connu très tôt l’exigence d’un club étranger. Le Bayern Munich l’a fait grandir sur un plan international, et jouer tous les ans la C1 lui permet de se hisser au plus haut niveau. Jordi Alba a connu cela au Barça, mais le connaître à l’étranger montre encore mieux sa capacité d’intégration. Je crois que Paris fait une excellente affaire dans ce recrutement.
En ce qui vous concerne, c’était une déception de le voir quitter le club à seulement 21 ans ?Oui, sans aucun doute.
Comme Jordi Alba ou David Silva, il fait partie des joueurs que nous avons dû vendre à contre-cœur étant donné la mauvaise situation économique du club. C’était soit ça, soit des problèmes plus importants pour notre institution. Il fallait faire un choix… Je ne peux pas le dire avec certitude, mais si nos finances de l’époque étaient aussi bonnes que celles que nous connaissons actuellement, Bernat serait probablement resté au club. C’est un vrai professionnel, un travailleur et pour notre public, il sera toujours considéré avec fierté comme un joueur issu du FC Valence. D’ailleurs, il revient régulièrement voir les jeunes du club. Pour lui comme pour nous, c’est un lien à vie.
Depuis son transfert au Bayern en 2014, Bernat a participé à 111 matchs en quatre saisons, soit environ 28 matchs par saison. Est-ce que vous considérez que le Bayern Munich a profité de tout le potentiel de ce joueur ?C’est difficile à dire, car je ne fais pas partie de l’effectif du Bayern. Cela dépend du désir de l’entraîneur, de la concurrence au poste, des blessures aussi…
Je sais par exemple que l’an dernier, Juan a connu une longue convalescence, ce qui explique qu’il jouait moins. Quand tu sais que dans le même temps, Alaba peut occuper le poste… Mais quand même, il ne faut pas oublier que Juan s’est fait recruter par Guardiola. En matière de top niveau, c’est difficile de trouver mieux ! (Rires.)
Tactiquement, Thomas Tuchel envisage de passer au 3-5-2 au PSG cette année. Que pensez-vous des capacités de Bernat à jouer dans l’intégralité du couloir gauche ?Le 3-5-2 est probablement le schéma idoine pour Juan. Au club, nous l’avons plus utilisé dans un 4-4-2 ou 4-3-3, mais pour des questions de positionnement collectif. Si le couloir est entièrement libre, Juan va avoir une autoroute sur son côté, et pour le connaître, je sens qu’il va adorer ce système !
Propos recueillis par Antoine Donnarieix, à Valence