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Vázquez, tango andalou

Par Antonio Moschella
5 minutes
Vázquez, tango andalou

La grande saison de Séville doit beaucoup à Jorge Sampaoli, qui a réussi à créer une équipe qui s'amuse et divertit ses supporters. À la base du football audacieux de l’équipe andalouse, il y a un Argentin au pas calme et tranquille, surnommé « El Mudo ». Portrait de Franco Vázquez, qui joue son tango particulier dans la capitale du flamenco.

La rivière Tanti, qui donne son nom à une petite ville de la province de Córdoba, en Argentine, passe près de plusieurs potreros, les terrains rudimentaires où, comme tous les Argentins, Franco Vázquez a appris à toucher le ballon. « Mes souvenirs d’enfance sont d’abord sur un terrain de foot à côté de la maison, où j’allais jouer avec mes frères. Les premières images de ma vie sont la-bas » , assure le milieu de terrain du FC Séville qui, après un long apprentissage entre Belgrano – le club de son cœur – et Palerme, a finalement l’occasion d’évoluer dans une grande équipe et surtout en Ligue des champions.

À vingt-huit ans, Vázquez entame la meilleure saison de sa vie et semble avoir trouvé sa dimension parfaite à Séville, sous les ordres de Jorge Sampaoli qui « m’a appris à assimiler l’importance du pressing et à jouer au maximum pendant 90 minutes, mais toujours avec mes principes de jeu » . Pourtant, ses premiers pas en Europe n’ont pas forcément été convaincants.

Du banc à Palerme au but au Real Madrid

L’Argentin, très technique, mais pas dynamique, n’était pas vraiment apprécié par Gennaro Gattuso, coach de Palerme lors de la saison 2013-14, et adepte d’un football plutôt fait pour les guerriers que pour les artistes. En janvier 2014, avec la destitution de l’ancien milieu de terrain du Milan et les arrivées conjointes de Giuseppe Iachini et Enzo Maresca, le vent change pour Vázquez : « Maresca parlait espagnol et on avait établi une amitié sincère. Après un entraînement, il me prend à part et me dit : « Je ne comprends pas pourquoi tu ne joues pas alors qu’il n’y a que des chiens dans l’équipe titulaire. » Ce fut le moment où j’ai compris qu’il fallait m’engager le plus possible et, depuis ce jour, j’ai démontré mes qualités à Iachini, qui m’a donné sa confiance, a misé sur moi et finalement a eu raison. Et Maresca aussi. »

La montée en Serie A est le premier grand pas pour l’Argentin, qui, l’année suivante, en collaboration avec son pote Paulo Dybala, fait le show en tant que « trequartista » , avec 10 buts et 11 passes décisives. Une saison plus tard, sans Dybala, les performances sont moins incisives, mais sa classe est tout de même repérée par Jorge Sampaoli et Monchi, directeur sportif du Séville, qui l’appellent durant l’été 2016 pendant qu’il est à Córdoba, avec un maté dans la main droite. Un mois plus tard, Vázquez marque son premier but contre le Real Madrid en Supercoupe d’Europe et fait déjà rêver les supporters andalous, même si le trophée prend le chemin de Madrid.

Riquelme comme inspiration

L’écrivain argentin Osvaldo Soriano, qui a été footballeur, dans son livre Penser avec les pieds, fait référence à des joueurs comme lui : « Je ne suis pas rapide en courant, mais je pense rapidement » dit Vázquez, qui admet avoir une véritable admiration pour Juan Román Riquelme, un autre meneur de jeu pas trop doué dans les accélérations, mais doté d’une vision de jeu hors norme. « Riquelme a toujours été une source d’inspiration pour moi. Dans le potrero, où les pierres peuvent te faire très mal si tu tombes, il faut rester toujours debout, donc je faisais comme Riquelme, qui utilisait son corps pour cacher le ballon et le faire circuler avec fluidité. »

Mais l’ancien meneur de jeu de Boca Juniors est un modèle surtout dans un art, celui du petit pont, une ressource que Franco utilise souvent, comme en témoignent de nombreuses vidéos sur YouTube : « J’adore le faire, mais je ne le fais pas pour humilier l’adversaire, c’est juste un moyen de prendre l’avantage et créer de la supériorité. En plus, tu dois faire gaffe quand tu le tentes, car si tu le rates et que tu perds le ballon, ton équipe peut prendre une contre-attaque et ce sera ta faute. »

Ni Bauza ni Ventura, Sampaoli

Si Vázquez régale les supporters du Sánchez Pizjuán, son statut de numéro 10 « démodé » lui a fermé, pour l’instant, les portes de l’équipe nationale argentine. La concurrence est énorme avec Messi, Di María, Dybala, Correa, et Gaitán. Mais le premier souci est, sans doute, son rôle. Dans le football moderne, il n’y a pas vraiment d’espace pour un meneur de jeu à l’ancienne et le 4-3-3 d’Edgardo Bauza n’est pas dessiné pour un joueur comme lui. Raison suffisante pour accepter l’appel d’Antonio Conte lors d’un match amical de l’Italie face à l’Angleterre en mars 2015. S’ensuivra une deuxième cape le 16 juin 2015 face au Portugal.

Mais, depuis ça, El Mudo n’a plus reçu aucun appel : « Je n’ai jamais parlé avec Bauza ni avec Ventura, donc je ne sais pas ce qui va passer dans le futur. Je me concentre sur Séville, mon équipe, où je suis très content de la saison qu’on est en train de faire. Être sur le podium de la Liga et lutter avec le Real Madrid et le Barça est un honneur. » Dans ce contexte, le derby sévillan de ce samedi est donc très important pour continuer à rêver. Vázquez, qui a été mis au repos face à Leicester en Ligue des champions et voit en Sampaoli son seul mentor, sera donc encore une fois un des espoirs des supporters du Séville pour un match qui vaut double. Car la gloire de gagner un derby est aussi importante que suivre le chemin qui mène au sommet de la Liga.

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Par Antonio Moschella

Propos de Franco Vázquez recueillis par AM

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