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Vasseur : « On a instauré les pizzas-poulets tous les mardis »

Propos recueillis par Thomas Porlon
Vasseur : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>On a instauré les pizzas-poulets tous les mardis<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Depuis le début de saison, l'US Créteil domine le National de la tête et des épaules. Ce soir face à Metz, leur dauphin, les Cristoliens pourront tuer un peu plus encore le championnat. L'occasion de s'entretenir avec Jean-Luc Vasseur, l'un des hommes à qui l'on doit le réveil du plus portugais des clubs de France. Au menu : la Ligue 2, la formation et le football francilien.

Vous avez onze points d’avance et un match en moins. Si vous gagnez ce soir, c’est la Ligue 2 assurée ?On ne peut pas dire ça, tout simplement car on pense juste à solidifier ce que l’on est en train de faire et qui devrait effectivement nous amener à l’échelon supérieur. À aucun moment, un match ne va nous permettre de faire la différence. Imaginons qu’on fasse un bon résultat, le championnat n’est pas fini, mathématiquement on n’est pas encore au-dessus. On essaye de garder la bonne trajectoire.

Tout le monde vous parle déjà de Ligue 2 pourtant, non ?Ça fait un petit moment que tout le monde nous en parle. Les agents par rapport aux joueurs qui sont pas mal sollicités. Cette année, il se passe quelque chose à Créteil. On essaye de se préserver de tout ça pour garder l’objectif en point de mire.

C’est un sujet tabou ?On l’évoque, mais regardez, aujourd’hui, on parle de monter et si on y est la saison prochaine, on parlera de maintien et ainsi de suite. Donc ce qu’on est en train de réaliser, il ne faudrait pas l’hypothéquer. C’est pour ça que dès aujourd’hui, on pense au futur. On a une chance d’avoir des points d’avance qui nous permettent de travailler plus sereinement pour préparer ce futur, de pouvoir planifier les saisons prochaines, de lancer de grands projets de formation. Étant donné que pour pérenniser un club, soit vous avez des pétrodollars, soit vous avez une formation de qualité.

Comment vous gardez votre groupe soudé et concerné avec toutes les demandes ?Je ne sais pas si j’y arrive. On est dans un période faste, je comprends les sollicitations, mais ils ne sont pas habitués à cela. C’est là que j’essaye de leur apporter mon expérience. On a quelques joueurs plus âgés qui leur expliquent ce qu’est une carrière. Si on pouvait changer les mentalités et travailler dans la continuité, ce serait bien. On travaille en essayant d’y mettre un certain état d’esprit, une certaine mentalité. Je leur ai dit aussi que tant que le club grandissait, leur intérêt était de rester. Être professionnel, c’est aussi s’inscrire dans une entreprise, dans une société. Aujourd’hui, il y en a qui font toute leur carrière dans un club, parfois en étant remplaçant, mais qui ont une culture club.

Quelle est la force de votre groupe ?C’est de ne jamais douter, une capacité de réaction très importante. Une envie d’avancer. On est capables de marquer sur n’importe quelle action. Défensivement, ça tient la route. On est vraiment dans le collectif, aider son partenaire ou le faire briller.

J’imagine que les équipes n’abordent plus les matchs contre vous de la même façon.On a pu vérifier plusieurs étapes. Au début de saison, on a surpris tout le monde. Les équipes jouaient, cherchaient à nous battre. Il y avait plus d’espaces, de possibilités. Après, on a eu une période où l’on se faisait craindre par nos adversaires. Il y avait un aspect psychologique plus important. Et depuis quelque temps, ils se disent : « Si on fait match nul contre Créteil, c’est une bonne performance. » Les équipes sont très regroupées derrière, c’est plus difficile pour nous d’offrir de bons matchs. On ne se soucie pas trop de ça, on essaye de s’adapter, de proposer autre chose. C’est une bonne expérience pour les joueurs, ça fait mûrir et c’est une bonne chose pour l’équipe. Même si c’est complètement différent aujourd’hui, c’est très instructif.

« On a un bassin de footballeurs qui alimente les équipes de Ligue des champions »

Comment expliquer qu’un club comme Créteil, englué dans le milieu de tableau de National depuis quelques années, relève la tête comme cela ?Les résultats d’aujourd’hui ont commencé l’année dernière. Une volonté de mettre tout le monde dans un même projet, dans le même sens au club, dans la ville, partout. De nous soutenir, car la réussite, ce n’est pas celle des joueurs ou d’un staff, c’est toute une énergie derrière qui nous pousse dans le bon sens. Il y avait un gros potentiel ici, il fallait simplement le mettre en ordre de marche. Quand tout cela est réuni, je ne vois pas pourquoi cela ne fonctionnerait pas sur le terrain. On n’avait pas prévu d’être devant avec autant de points à ce moment de l’année, mais on avait fixé un objectif d’être entre la première et la cinquième place. On avait fait des bonnes et des mauvaises choses. Maintenant, on s’est attelé à améliorer le groupe.

Quand est-ce que vous vous êtes dit qu’il se passait quelque chose ?Étonnamment, ça a commencé en Coupe de France contre Bordeaux l’année dernière (défaite 2-2, 3 tirs au but à 4 en janvier 2012, ndlr). On avait installé une dynamique. On s’est un peu essoufflés parce qu’on partait de loin, mais on était pas trop mal remontés. Et puis le recrutement plus les matchs amicaux de cet été n’ont fait que confirmer qu’on avait trouvé la justesse, la régularité. On ne nous attendait pas. On avait fait quelques bons matchs amicaux contre des clubs de Ligue 2 et de Ligue 1. La machine était prête à partir. Il y avait plein de petites situations qui étaient favorables, on a saisi notre chance.

Sinon, on attend toujours un deuxième club parisien au haut niveau.Ce n’est pas deux clubs qu’il faut en région parisienne. On a une population de plus de 15 millions d’habitants, on a un bassin de footballeurs qui alimente les équipes de Ligue des champions. En Corse, ils ont deux clubs en Ligue 1, un en Ligue 2 et un en National. C’est au moins ce que l’on devrait avoir en région parisienne. On offrirait aux Franciliens des clubs avec des identités différentes. Mais un deuxième club professionnel ou un deuxième club en Ligue 1 ? Je vous pose la question.

Un club en Ligue 2 déjà.La question a toujours été posée. Mais premièrement, pourquoi s’arrêter à deux ? Et deuxièmement, un second grand club, ça veut dire quoi ? C’est d’être en seconde division ? Moi, je vous le dis en toute humilité, je ne vois pas pourquoi il n’y aurait pas un Créteil, un Red Star ou un autre club parisien en Ligue 1. Après, je ne dis pas que Créteil sera en Ligue 1 dans deux ans, pas du tout.

Comment vous expliquez cette situation ?Je pense qu’il manque une profonde réflexion. On a des problèmes fonciers à Paris, c’est indéniable. Mais par contre, il faut structurer. À Créteil, le président et le député-maire sont convaincus que ça passera par la formation. Créteil ne peut être un club à vocation banlieusarde et populaire qu’en s’appuyant sur ses jeunes joueurs. Je pense que c’est dans cette voie-là qu’il faut aller et si les gens mettent les moyens derrière, on pourra constituer un club formateur de la région parisienne. La politique du PSG aujourd’hui, c’est d’arriver à faire un club à très haute vocation sur le plan européen. Ils vont être obligés de s’appuyer sur leur formation pour l’exigence de la Ligue des champions, mais il n’y a plus beaucoup de Français dans leur équipe donc il y a la place pour que d’autres clubs franciliens prennent le créneau. Effectivement, si on monte en Ligue 2, on aura un petit avantage. Mais si on s’installe et qu’on loupe ces dossiers-là, ce sera dommageable pour le club. Comme je vous le dis, il faudra penser à des projets de fond pour maintenir ce club au plus au niveau possible.

C’est un peu récupérer les restes…Non non. À un moment, on n’aura pas les moyens financiers et il faudra tout de même qu’on ait des joueurs de qualités. Le seul moyen, c’est de les former. Comme n’on aura pas de moyens financiers, on sera dans l’optique de lancer nos jeunes joueurs. Quand un jeune joue et s’accroche, vous le faites fructifier, prendre de l’expérience. Il se bonifie, s’améliore et quelque part, c’est des possibilités de ressources ou c’est déjà des ressources économisées sur des joueurs qui ne sont pas du cru. Ce sont des perspectives. C’est de faire jouer des jeunes joueurs qui ne joueront peut-être pas au PSG parce que ce sera très compliqué. Nous, on n’aura peut-être pas la même qualité de joueurs et il y aura peut-être l’émergence de nouveaux talents à Paris.

« On est un club banlieusard et populaire, on est à l’image de la banlieue »

Vous vous impliquez particulièrement dans la politique de formation du club ?Je suis un professionnel. J’essaye de répondre à toutes les problématiques du club. Maintenant, ce n’est pas moi qui vais décider. Je m’attelle à ce qu’il y ait les résultats sportifs et à pérenniser le club.

Vos joueurs connaissent-ils votre carrière ?Maintenant, avec internet, il y a une telle possibilité de consommer de l’information qu’ils peuvent le savoir, mais je ne sais pas. Peu importe, aujourd’hui le plus important, c’est ce que je fais avec eux.

Vous avez une anecdote particulière qui résume la vie du groupe ?(Il réfléchit) C’est le quotidien. C’est d’être content d’aller aux vestiaires, sur le terrain, au club. Après, on a instauré les pizzas-poulets presque tous les mardis. Tout le monde s’y colle, c’est aussi cette notion de partage, d’offrir aux autres. C’est perdurer ce qu’on fait sur le terrain. Nos valeurs, c’est de jouer ensemble et de défendre ensemble, si on ne le fait pas, on est en difficulté. Le partage sur le terrain, faire briller l’autre, c’est un peu ce que l’on retrouve en s’offrant des pizzas, à boire. C’est avoir envie de partager.

Vous vous êtes mis un peu au portugais ?Le club porte cette entité, mais comme je le disais, on est un club banlieusard et populaire, on est à l’image de la banlieue. On a de tout dans l’équipe, on est très représentatif de ce qu’il s’y passe, de ses richesses, de ses talents et de ses qualités. Il faudrait que je me mette au wolof, au portugais, à l’arabe. On est polyglotte, on a toutes les communautés qui sont représentées.

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