- France – Ligue 1 – 1re journée – Reims/PSG
Vasseur enlève les roulettes
Après avoir débuté comme formateur avec les équipes de jeunes du PSG, puis avoir effectué de convaincants débuts comme entraîneur dans l'ombre du côté de Créteil, Jean-Luc Vasseur a quitté la région parisienne pour Reims, où il est question de jauger ses talents de technicien sur un vrai grand terrain de compétition : la L1. Pour son premier match sur le banc d'une équipe de l'élite, il a l'honneur de débuter face à l'ogre parisien. Boum.
Jean-Luc Vasseur l’assure à chaque interview donnée avant ce premier match de gala disputé ce vendredi face au double tenant du titre de la L1 : « Je n’ai aucune revanche à prendre par rapport au PSG. Je veux juste bien préparer Reims pour son entrée dans le championnat. » Il martèle ce discours pour tenter de convaincre son auditoire. Pour essayer de se convaincre lui-même aussi, certainement. Car le sosie d’Arno Klarsfeld aurait pourtant de quoi l’avoir un peu mauvaise au moment de se retrouver sur un banc face au PSG, lui qui a beaucoup donné pour ce club, d’abord un peu en tant que joueur, puis surtout en tant que formateur, avant de se faire assez salement congédier. C’était en juin 2011 : après dix ans passés dans l’encadrement sportif parisien, dont les quatre dernières saisons en tant qu’entraîneur des U17, il voit son contrat non renouvelé. Déjà à l’époque, il ne se dit « pas amer » , mais regrette la décision prise par les dirigeants. « J’aurais vraiment aimé continuer » , avoue-t-il. D’autant qu’il vient de sacrer sa jeune équipe championne de France de la catégorie. Au sein des U17 cette saison-là, figurent Adrien Rabiot, Hervin Ongenda, Mike Maignan (actuel troisième gardien du PSG), mais aussi Antoine Conte, transféré définitivement cet été du côté de Reims. En clair, Vasseur a fourni du très bon boulot, mais son travail ne trouve pas récompense.
« Les 0-0 ne m’intéressent pas »
Il a néanmoins vite l’occasion de relancer sa carrière. D’un coup de carte Navigo, il se retrouve nommé entraîneur en chef de Créteil, en remplacement d’Hubert Velud. La tâche s’annonce compliquée, l’USCL stagne à l’époque en National et ne semble plus en mesure de retrouver la Ligue 2. En bon formateur de métier, Jean-Luc Vasseur trouve néanmoins de la matière à réussir ce nouveau défi, avec une palanquée de jeunes pousses qui ne demandent qu’à s’exprimer au niveau professionnel. Si la première saison est achevée en milieu de tableau, la seconde est une réussite totale, avec un début canon pour prendre de l’avance en tête du classement (10 victoires lors des 11 premières journées), puis une belle maîtrise pour ne plus jamais s’inquiéter de la concurrence. « Pour pérenniser un club, soit vous avez des pétrodollars, soit vous avez une formation de qualité » , analysait-il lors d’une interview accordée à So Foot en février 2013, au cours de laquelle Vasseur révèle sa frustration de ne pas voir d’autres clubs que le PSG pour représenter la région parisienne en élite, malgré l’immense réservoir de jeunes talents. Lui, le natif de Poissy, se révèle en ambitieux, adepte d’un football offensif « proche d’une philosophie allemande » . « Les 0-0 ne m’intéressent pas » , assurait-il récemment en conférence de presse. Après avoir assuré le maintien de Créteil en Ligue 2 la saison passée (avec une équipe ayant inscrit plus de buts que le champion Metz), Vasseur a eu l’opportunité de montrer ce dont il est capable avec une formation de Ligue 1. Il n’a pas manqué de la saisir.
Le 4-4-2 façon Gourcuff
À Reims, il remplace Hubert Fournier (encore un Hubert, après Velud à Créteil !). La première impression visuelle du méconnu technicien est qu’il remplacera Hervé Renard dans le rôle de la belle gueule du championnat de France. Yeux minaudeurs et sourire à dix plaques, Jean-Luc Vasseur apparaît au public et aux médias en homme affable, volontiers séducteur. Il n’a pas que son physique pour atout, mais aussi le style de jeu qu’il s’échine à mettre en place. Exit les plans un poil frileux de Fournier à une seule pointe, l’idée du nouveau venu est d’appliquer un 4-4-2 pouvant passer en 4-3-3 avec deux vrais ailiers. « Cela ressemble à ce que j’ai vu à Lorient » , a constaté la recrue Grégory Bourillon, ancien disciple de Christian Gourcuff, l’une des références en matière de jeu offensif en France depuis un paquet d’années. À noter qu’en tant que joueur, Vasseur a réalisé sa meilleure saison à Rennes sous les ordres d’un autre druide breton, Michel Le Milinaire, lors de la saison 1993/1994. Après une préparation délicate sans aucune victoire, le Stade de Reims version « JLV » s’apprête donc à changer d’ère en commençant par la plus prestigieuse des affiches à domicile. « Ce sera un match en prime time, on va tenter de montrer ce que l’on sait faire, montrer de belles choses, rester sur la bonne dynamique des dernières saisons, a commenté le nouveau technicien au micro de RMC il y a quelques jours. Ce ne sera pas radicalement différent, mais on veut faire du beau jeu. »
Par Régis Delanoë