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Vas-y Richard !

Par Ronan Boscher
Vas-y Richard !

Non, il ne s’agit pas de Richard Virenque, ni du Richard de Fort Boyaux, mais bien de Richard Dunne, considéré en Irlande comme le talisman défensif du onze de Trapattoni. Un talisman qui n’a rien pu faire contre les Croates.

Tout semblait pourtant si bien parti. En septembre dernier, à Moscou, pour le compte de la 8e journée des qualifications à l’Euro, l’Irlande tire un nul du match à ne pas perdre, contre les Russes qui l’ont trimballée pendant toute la rencontre (0-0). Richard Dunne en sort avec le statut de héros de la nation (surnommé « le rideau de fer » depuis) et gagne les louanges twittées du modeste Paul McGrath – « Félicitations à Richard Dunne. La meilleure performance de tous les défenseurs centraux que j’ai pu voir sous le maillot de l’Irlande, moi y compris. » – grâce à des tacles, des têtes à foison, le sauvetage miraculeux d’un cuir sur sa propre ligne de but (un combo tacle-talonnade stupéfiant), quatre points de suture sur la joue et la bouche pour un énième tacle qui termine sa course sur la piste d’athlé du stade Luzhniki. Le onze de Trap s’en sort très bien, parvient, deux journées plus tard, à glaner la deuxième place de son groupe et une place de barragiste contre les Estoniens, qui ne feront pas le poids. Qualification cadeau pour la Polukraine, après dix ans de disette au plus haut niveau international.
Retape physique en NFL

Oui, tout semble bien parti, d’autant que Richard Dunne, qui n’a pas joué un seul match avec les Boys in Green dans les phases finales des compétitions internationales (pas une minute sous Mick McCarthy au Mondial 2002), sait qu’il est désormais toujours le premier nom à être couché par le Trap’ sur la feuille de match. Même une clavicule en miettes, soignée au début du printemps par le staff médical de la franchise NFL de son boss à Villa, Randy Lerner (les Cleveland Browns), ne l’empêche pas de débarquer avec la sélection au trèfle en Europe de l’Est. Et Richard le bizut a la bonne idée de ne pas s’adonner à sa spécialité, le but contre son camp (recordman de l’exercice en Premier League, avec neuf buts). Seulement, Richie n’avait sans doute pas imaginé que Shay Given allait le relayer dans l’exercice, contre la Croatie, lors de la première levée du groupe C de cet Euro (défaite 3-1 des Irish). Voilà, dans ce que les Irlandais appellent le « groupe de la mort » (l’Irlande serait donc l’équivalent d’un Portugal, Danemark, Allemagne et Pays-Bas), Dunne et les siens devront aller chercher leur qualification contre les Espagnols et les Italiens. Compliqué.
De toute façon, Richard Dunne n’en est pas à sa première difficulté. La principale sonne comme un cliché évident pour un joueur irlandais : la bibine. Alors à Manchester City, au début des années 2000, l’Irlandais est à deux doigts de se faire virer. Il se fait pincer dans une rixe nocturne avec un videur. Kevin Keegan, son coach de l’époque, ne supporte plus les « grasses matinées » de son défenseur, sa propension à consommer vin et bières et le ventre qui va avec. En septembre 2002, Dunne se sert un dernier verre et arrive la gueule enfarinée à l’entraînement. Une fois de trop pour Keegan qui le renvoie chez lui pour deux semaines et avec l’amende correspondante (deux semaines de salaire, soit 40 000 livres à l’époque). « J’ai cru que j’allais perdre mon job, à ce moment-là » , se rappelle Dunne. Tout se met en branle autour de lui. Viré ? Pas viré ? Difficile de trancher entre les manquements à la discipline et la conservation d’un des meilleurs éléments de l’effectif. Le syndicat des joueurs pro, le board de City et les joueurs s’activent donc pour sortir Dunne des affres de la gaudriole. L’Irlandais s’astreint à l’abstinence liquide, à enchaîner 90 minutes de travail physique tous les jours – « sinon tu ne pourras pas suivre les attaquants de Premier League » , dixit Keegan – et s’installe enfin à Manchester pour s’épargner les quatre heures de route quotidiennes qu’il s’infligeait depuis deux ans. Richard revient petit à petit dans les bons papiers du coach Keegan, de Sven-Göran Eriksson ensuite et est nommé pendant quatre saisons consécutives meilleur joueur Citizen (de 2005 à 2008). Oui, on parle bien de ce défenseur technique à la Gaël Givet.
« Dunne, ça ne parle à personne, à Pékin »

Reconnaissance des fans donc, mais loin d’être suffisant pour le nouveau board de Manchester City qui ne compte pas intégrer Dunne dans l’élaboration des prochains millésimes. Gary Cook, l’ancien président de City, sans gants, crache sa vision des choses et du football, fin 2008 : « La Chine et l’Inde sont friands du contenu football et nous allons leur raconter que City est le contenu, leur contenu. Nous avons besoin de superstars pour ouvrir les portes. Et Richard Dunne ne parle à personne, à Pékin. » Le coup est dur, mais Richie ne bronche pas, pendant une saison, avant de signer à Aston Villa, revigoré par Martin O’Neill. L’Irlandais ne profitera de son compatriote qu’une saison, O’Neill quittant le navire après la vente de James Milner à City. Le début d’une nouvelle galère, puisque les Villans traînent, depuis ce départ, le statut d’une des équipes les plus mornes de l’île. La méthode Houllier ne passe pas à Birmingham, Richard Dunne se fritera même, en décembre 2010, dans une opposition à l’entraînement, avec l’entraîneur adjoint, Gary McAllister. En mars 2011, c’est Robert Duverne qui en prend pour son grade lors d’un repas « teambuilding » trop arrosé, où tables, tableaux et un écran de télé servent de projectiles dans l’explication houleuse avec le lanceur de chronomètre. 105 000 livres d’amendes pour Richard, soit encore deux semaines de son salaire. L’arrivée d’Alex McLeish rassérène quelque peu le vestiaire à l’été 2011, mais pas le jeu de Villa ni celui de Richard Dunne, qui compte bien sur cet Euro et la sélection pour se donner un peu de sourire. Ça n’en prend malheureusement pas le chemin. Vas-y Richard !

Par Ronan Boscher

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