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Vargas répare, Vargas remplace
Eduardo Vargas, c'est l'histoire d'un jeune tatoué pourri gâté de distinctions individuelles en tout genre sur le continent américain, mais nul outre-Atlantique. Depuis son gros transfert à Naples en 2012, le petit Chilien a enchaîné les prêts et les prestations en dents de scie. Sur le banc en ce début de saison avec QPR, l'international devrait être aligné ce soir. Car pour les Rangers, il est le seul à pouvoir les tirer du bourbier.
À la 78e minute du match contre Liverpool, au Loftus Road, Eduardo Vargas remplace le vieux Bobby Zamora. À ce moment du match, ses coéquipiers sont menés 1-0 et aucun d’eux ne semble pouvoir faire la différence. Comme à son habitude, le gars entre à dix minutes du terme. QPR ne s’est pratiquement pas procuré la moindre occasion du match. Jusque-là balancé par des défenseurs trop costauds et trop agressifs sur ses quelques apparitions, Vargas était resté muet. Pas une fin en soi pour Bobby Zamora. L’attaquant de poche d’1m73 pour 67 kg doit « encore trouver ses repères. Il y a une grande différence physique entre la Liga et la Premier League. En plus, il ne parle pas encore un mot d’anglais. Il lui faudra du temps » , prévenait-il en marge de la rencontre. Mais cette fois, en l’espace de 5 minutes, le petit joker de luxe plante ses deux premiers buts de la saison qui auraient presque valu un point sans un énième csc de Caulker. L’entrée en matière se révélera stérile, mais elle aura son effet.
Soldat du maintien
Du temps, QPR n’en a pas. Lanterne rouge et troisième plus nulle attaque de Premier League avec seulement six buts plantés, le club d’Harry Redknapp présente de sérieux soucis offensifs. La défense est une telle catastrophe pour les Rangers que seul le secteur offensif sonne aujourd’hui comme l’unique chance d’un hypothétique maintien. Bûcheron physique, mais trop esseulé, Austin galère à deux buts en sept matchs. Et ce n’est pas un Bobby Zamora (33 ans) qui va lui venir en aide sur une saison, ni le banni Adel Taraabt. En fait, la seule réelle solution n’est autre qu’Eduardo Vargas. Élément perturbateur, vif, technique, bourré de vice, le pote de Vidal et de Sánchez est amené prochainement à intégrer durablement le onze de la lanterne rouge. Tout simplement parce qu’Harry n’a pas d’autres alternatives réelles. Le Chilien est également un vrai bol de fraîcheur technique au sein d’un effectif un poil trop british. Si le gamin de Santiago n’avait pas planté le moindre but avant son entrée en fanfare contre Liverpool, il était par exemple le seul qui s’était montré dangereux pour ses quelques minutes de jeu à Old Trafford contre United alors que toute son équipe était déjà sous la douche. « Il va marquer des buts et il va être un grand atout pour nous. Vous verrez, bientôt il sera impossible pour nous de le laisser davantage sur le banc » , martelait Harry Redknapp en conférence de presse après la défaite face à Liverpool.
Tatoué ou doué ?
Car le petit numéro 24 des Rangers n’est pas n’importe qui. Formé à Cobreloa en même temps qu’un certain Alexis Sánchez, Eduardo réussit au bled et se révèle sur la scène du football mondial quand ce dernier remporte en une année, sous le maillot de l’Universidad de Chile, les titres individuels du meilleur buteur de la Copa Chile, du meilleur joueur et attaquant du championnat local, du meilleur buteur et du meilleur joueur de la Copa Sudamericana. Cette saison-là, seul le titre de meilleur joueur sud-américain lui échappera, Neymar oblige. Tout le gratin du football européen croit alors reluquer la future petite pépite du football mondial. Lui choisira la folie napolitaine, sans une arrière pensée de main divine. Concurrencé dans un premier temps par Cavani, puis par le duo Higuaín-Callejón, Naples le prête rapidement au Brésil, puis en Espagne. À Valence, Vargas est irrégulier. Le gars peut se montrer extraordinaire sur un match, puis, la semaine suivante, carrément rentrer dans le rang. Globalement, ses tatouages font davantage jacter que ses performances sur le pré. Le gardien remplaçant des Three Lions, Ben Foster, se moquera d’ailleurs ouvertement sur Twitter de son dessin de Michael Jordan à la nuque lors d’une confrontation amicale entre les deux pays. Heureusement, son bon Mondial avec la Roja est loin d’être vilain et Eduardo rejaillit sur la scène internationale. Si l’OM de Bielsa y songera très longtemps, les exigences financières fixées pour attirer le gus ramèneront la Canebière sur terre. Au final, seul QPR aura à la foi et les finances pour en faire le pari.
Par Quentin Müller