- C1
- 8es
- City-Real (2-1)
Varane, supplément boulettes
Coupable de deux erreurs grossières, Raphaël Varane a offert autant de buts à Manchester City, compliquant grandement la tâche du Real, sorti de la Ligue des champions la tête basse. Mais au-delà de cette performance individuelle ratée, c'est surtout l’absence de Sergio Ramos qui semble avoir perturbé le défenseur français.
Dans un début de match marqué par des échanges de passes répétitifs entre défenseurs centraux – rien de bien étonnant à première vue –, Zinédine Zidane ne pensait sans doute pas que sa mine allait être déconfite plus vite que prévu. Pourtant, dès la huitième minute de jeu, quand Thibaut Courtois donne un ballon a priori anodin à Raphaël Varane, ce dernier panique face au peu de solutions proposées par ses coéquipiers, et se fait chiper le ballon par Gabriel Jesus, qui sert Raheem Sterling dans un fauteuil. L’égalisation de Karim Benzema vingt minutes plus tard lui permet de ne pas trop ressasser. Mais à vingt minutes du terme, alors que le Real est encore bien dans son match, sur un dégagement à l’emporte-pièce de Rodri, il n’a besoin de l’aide de personne pour se trouer de nouveau, permettant à Gabriel Jesus de crucifier les Madrilènes. Il ne faisait pas bon être Raphaël Varane, ce vendredi soir, à Manchester.
La vie sans Ramos
Il n’en fallait pas moins pour que les réalisateurs de la rencontre s’attardent une énième fois sur Sergio Ramos, suspendu après son tacle de dernière minute lors du match aller perdu au Bernabéu (1-2). Cheveux attachés, manches retroussées et regard agacé, il est apparu impuissant face au naufrage des siens. En Ligue des champions, sur les sept derniers matchs à élimination directe sans son capitaine courage, le Real ne l’a emporté qu’une seule petite fois. Une statistique qui en dit long sur la dépendance Ramos. D’ailleurs, cette saison, cela s’était déjà produit lors du match aller face au PSG, en septembre, et les Espagnols étaient repartis de la capitale française avec trois buts dans les valises (3-0). Pourtant, avant ce huitième de finale retour, Varane avait volontairement minimisé l’absence de Ramos : « On connaît l’importance de Sergio, mais nous sommes un groupe où tout le monde a un rôle à jouer. » Varane a joué le sien, mais l’absence de son compère de charnière semble l’avoir mis dedans, comme souvent. Il aurait dû être le boss, diriger sa défense à quatre comme un patron, et montrer aux Skyblues que même sans son aboyeur, personne ne passe. Mais c’est finalement tout le contraire qui s’est produit.
« Je veux montrer mon visage, car cette défaite est la mienne »
Certes, le premier but encaissé n’est pas que pour lui, Casemiro et Kroos ne lui étant par exemple d’aucun secours, mais le second est une faillite individuelle qui ne laisse pas de place au hasard. À ce moment de la rencontre, le but de Jesus met fin aux espoirs du Real, et le défenseur de 27 ans peut s’en vouloir. Mais il n’est pas non plus le seul, Eder Militão, associé au Français dans l’axe, n’a pas été non plus rassurant. Que ce soit dans son placement défensif, souvent imprécis, ou dans son jeu au pied, régulièrement risqué. Casemiro et Dani Carvajal ont également participé à la contre-performance de leur équipe. Avec seulement 74,4% de passes réussies, le milieu brésilien n’a pas apporté sa sérénité habituelle à la défense madrilène, surtout quand il était nécessaire de gagner du terrain sur l’adversaire, ce que le Real n’a quasiment jamais réussi à faire. De son côté, le latéral droit espagnol a été dépassé toute la rencontre, même lorsque Cancelo est venu le fixer dans son couloir. C’est dire.
Tout ça n’effacera pas les deux boulettes de Varane, et ce dernier le savait pertinemment quand, à la fin du match, il a assumé la défaite à lui tout seul : « Je veux montrer mon visage, car cette défaite est la mienne. J’assume mes responsabilités. Je ne peux pas expliquer mes erreurs, cela peut arriver dans le football. C’est une soirée difficile pour moi. » Tellement difficile que le Real sort de la Ligue des champions en huitièmes de finale pour la deuxième saison consécutive. L’année dernière, Zidane n’était pas sur le banc, et au match retour contre l’Ajax, Ramos n’était déjà pas là aux côtés de Varane. La déroute avait été sensiblement similaire, voire même plus grossière. Mais celle de ce vendredi soir confirme une chose : la Maison-Blanche peut gagner sans Cristiano, la preuve en Liga, mais pas sans capitaine Ramos.
Par Maxime Renaudet