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Varane, retour pour le futur
Enfin. Après 84 jours de jeûne, Raphaël Varane va retrouver ce mardi une place de titulaire au sein de la charnière merengue. Une bonne nouvelle pour le Real, les Bleus et l’intéressé. Mais attention, une rechute est trop vite arrivée. D’autant plus que le passif de Varane ne laisse rien présager d’optimiste…
Demain, c’est loin. Et 84 jours, c’est long. Très long pour un footballeur. C’est pourtant le temps qu’il aura fallu à Raphaël Varane pour retrouver une place de titulaire au sein de la charnière du Real Madrid. Ce mardi, pour une demi-finale pour du beurre de Copa del Rey (3-0 à l’aller) face au voisin de l’Atlético, le Français sera associé à l’un des deux abonnés du poste depuis le début de saison. C’est Carlo Ancelotti qui l’a affirmé hier en conférence de presse : « Il a besoin de jouer en ce moment et l’un des deux (Pepe ou Sergio Ramos, ndlr) va se reposer. » De quoi redonner le sourire à l’ancien Lensois, qui ne s’est jamais vraiment remis de sa blessure contractée en mai dernier. Depuis, le Français n’a refoulé les terrains qu’à neuf reprises. Et encore, dans quel état. Du coup, depuis sa dernière titularisation en Liga le 9 novembre dernier, le Real Madrid a donné au Français le temps de se remettre. Six semaines de repos complet et un laps de temps suffisant pour se remettre à niveau plus tard, le revoilà. Mais dans quel état ? La réponse, inconnue, inquiète toute la nébuleuse madrilène.
Communication verrouillée pour genou éclaté
« Il poursuit un programme de travail individuel (…). Il commencera un travail de renforcement pour être prêt pour les premiers matchs de janvier. » « Il sera en mesure de s’entraîner avec le groupe dans 10 à 15 jours. » « Il fait tout ce qu’il faut pour s’entraîner dès la semaine prochaine avec le groupe. » Entre ses déclarations, respectivement datées de mi-décembre, du 5 janvier et du 14 janvier, Carlo Ancelotti n’a jamais vraiment su répondre avec sérieux aux questions des journalistes. En cause, la nature de la blessure du défenseur central des Bleus. Tout commence lors d’un match le 11 mai dernier face à l’Espanyol Barcelone. À la suite d’un choc avec Wakaso, l’ancien Lensois doit céder sa place dès la 19e minute. Le diagnostic est radical : Varane doit se faire retirer le ménisque externe du genou droit. Dans le même mois, c’est chose faite à la clinique de Boujan-sur-Libron dans l’Hérault par le professeur Henry Silbert. Pour son retour à la compétition en septembre, nouveau problème : ses cartilages du tibia frottent contre ceux du fémur. Autrement dit, impossible pour lui de courir sans douleur.
S’ensuivent alors quelques semaines de calvaire. Le Français joue peu et doit endosser la tunique de pompier de service avec les Bleus. Pour le match retour face à l’Ukraine, il joue ainsi sous infiltration. Puis, plus une minute. De retour au Real Madrid, « un véritable traitement a été mis en place par le staff médical du Real » , explique au Parisien Franck Le Gall, médecin de l’EDF. « Raphaël a observé un repos complet de six semaines, le temps d’éteindre le phénomène inflammatoire avant reprendre un travail athlétique étalé sur quatre semaines. » Dans les bureaux de l’institution madrilène, le sujet divise et énerve. Comme le révèle Diego Torres dans les colonnes du País, « dans le club, il y a des dirigeants contrariés par le résultat d’une intervention chirurgicale qu’ils pensent avoir été mal faite. » Sauf que le Real Madrid n’est pas tout blanc – sans jeu de mot aucun. Durant l’été, le médecin de l’équipe première, Luis Serratosa, est viré des services Sanitas-Real Madrid. Mais ce sont les nouveaux docs du club qui, juste avant Noël, lui font une viscosupplémentation. En termes moins barbare, un liquide est injecté dans son genou pour le huiler.
À double tranchant avant le Mondial
Loin de ces préoccupations et de cette chasse aux sorcières, Raphaël Varane retrouve donc le chemin de l’entraînement collectif lors de la troisième semaine de janvier. Une semaine plus tard, il fait son retour dans la convocation et se déplace avec le groupe à San Mamés – il entrera d’ailleurs pour les derniers instants de la partie. Face à l’Atlético Madrid ce mardi, ce sera ainsi sa première titularisation depuis le mois de novembre. Avec des sourires mais aussi des craintes. « Il peut jouer mais nous devons être vigilants avec lui, expliquait fin janvier Ancelotti. Il ne peut pas jouer des matchs tous les trois jours. Il a besoin d’une semaine de repos. » Ce répit nécessaire à son genou n’est pas sans rappeler un passé médical compliqué. Comme nous l’expliquait l’an dernier Alain Delory, adjoint du pôle espoir de Liévin, en quatrième et troisième, « son genou gauche, puis droit, l’ont éloigné pendant huit mois successifs des terrains » . Cette redondance de problèmes au genou effraie à quelques mois du Mondial. Car s’il ne peut enchaîner les efforts, Varane devrait souffrir de nouveau au Brésil. Et à la vue de son talent et de ses prestations passées, la France ne peut que difficilement se passer de son Laurent Blanc 2.0. A contrario, du repos entrecoupé de matchs de haut niveau pourrait être plus que bénéfique à la défense bleue…
Par Robin Delorme, à Madrid