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Varane, quatre ans après
Alors qu'il s’était fait postériser par Mats Hummels en quarts de finale de Coupe du monde 2014, Raphaël Varane tient sa revanche et a envoyé toutes les idées reçues sur sa fébrilité en équipe de France au fond des filets de Muslera. Alors, c'est qui le patron ?
4 juillet 2014, Rio de Janeiro, 18h15 (heure française). La France est opposée à l’Allemagne pour une place en demi-finales du Mondial alors que le soleil atteint son zénith au Maracanã. À la douzième minute, Kroos se charge de botter avec précision un coup franc légèrement excentré sur la tête de Mats Hummels, qui domine littéralement le pauvre Raphaël Varane, en retard sur le défenseur allemand, et ouvre le score.
Ce n’est que le début du match, mais déjà la fin, tant les Bleus se montrent trop tendres devant la sérénité de l’Allemagne, laquelle fonce vers son quatrième sacre dans la plus belle des compétitions. À l’image extrême d’un Ginola en 1993, le jeune défenseur madrilène est le coupable idéal. Non pas pour son sélectionneur cette fois, mais plutôt au sein de l’opinion publique et des observateurs. Son inexpérience évidente est pointée du doigt.
La transformation
Après des années en dents de scie et des périodes de doute, la saison 2017-2018 semble être celle de la réelle maturité pour l’ancien Lensois, qui rend à Zidane la totale confiance qu’il lui a donnée depuis sa prise de fonction. Dans les rencontres charnières de Ligue des champions avec le Real, Varane n’apparaît plus comme le jeune padawan de Sergio Ramos, mais bien comme un vrai taulier de l’arrière-garde merengue.
Auteur de prestations XXL face au Bayern en demies et Liverpool en finale, il contribue largement au triplé du club espagnol en C1. C’est donc regonflé à bloc que Varane grimpe dans l’avion pour la Russie avec un statut de leader totalement assumé. Le numéro quatre des Bleus est transformé. Prises de parole régulières dans les vestiaires et devant la presse, ton décidé sans trop en faire… Cette confiance en soi se traduit par des performances plus que solides sur les trois premiers matchs de poule. À tel point que le capitaine officieux s’appelle bien Varane.
La consécration
Cependant ce n’est pas contre l’Australie ou le Pérou que Varane est attendu. Mais dans un match couperet, un quart de finale de Coupe du monde où les duels s’annoncent féroces. Face à la garra et le vice de Godín, Giménez ou encore Luis Suárez par exemple, qui ont pour habitude d’être assez mordants dans les duels. Mais ce Varane est un homme nouveau, un adulte mûr qui ne se laisse plus impressionner. Et qui est donc allé chasser ses vieux démons de juillet en caressant idéalement un bonbon de Griezmann dans le petit filet adverse, faisant sauter le verrou uruguayen à cinq minutes de la pause.
Certainement le but le plus important du Mondial pour les hommes de Deschamps. Varane peut désormais se regarder dans un miroir en apercevant son propre visage, et plus celui de Mats Hummels. Outre cet instant magique, le vice-capitaine des Bleus s’est en plus montré une nouvelle fois impérial dans son rôle, encourageant souvent par des applaudissements un Umtiti parfois hésitant. À l’inverse d’il y a quatre ans, c’est bien la France qui dicte le jeu sous l’impulsion de son leader et poursuit sa belle histoire à l’accent russe. Un taulier est né.
Par Salim Badiaga