- CM 2018
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- France-Suède (2-1)
Varane le commode
D'abord annoncé buteur lors de l'égalisation française, Varane est finalement rentré chez lui sans son nom au tableau d'affichage. Pas grave, il s'est rattrapé en balançant un match complet aussi bien devant que derrière.
Le speaker du stade de France est sûr de lui, et attrape son micro comme le plus flamboyant des chanteurs pour hurler le nom du buteur : « RAPHAËL VA-RA-NE !!! » En le martelant et en le faisant répéter trois fois au public de l’arène Saint-Denis, évidemment. Sur la pelouse, le défenseur du Real Madrid célèbre, s’agite, est recouvert par ces Bleus qui veulent le féliciter pour leur avoir permis d’attraper cette égalisation moins de cinq minutes après le but de Forsberg. Mais Varane a beau serrer le poing, les ralentis finissent pas semer le doute. A-t-il vraiment touché le ballon ? Ou bien est-ce Albin Ekdal qui plante un contre-son-camp ? La vérité est ailleurs. Du bout de sa coiffure pour une fois sobre, c’est bel et bien Paul Pogba qui tape la balle. Costaud. Mais après avoir passé tout le match à bétonner et à nettoyer derrière avec Lolo Koscielny, lui aussi en forme olympique, Varane veut sa part du gâteau devant. Souvent placé très haut, cinq minutes après l’égalisation de Pogba, le numéro 4 oublie toute notion de placement et se fait un petit plaisir balle au pied jusqu’aux 25 mètres. Sa frappe est belle, bien placée sur le côté gauche du but d’Olsen, et ce dernier doit balancer son mètre 98 pour aller chercher la balle. Pas fichu d’en capter un de tout le match, le gardien suédois relâche même le ballon sans prévenir. Une mauvaise idée, surtout quand Griezmann et Giroud traînent dans les parages, et la situation amenée par la frappe de Varane aurait pu mener au 2-1. « Monsieur propre » ne marquera pas ce soir, tant pis pour lui, mais continuera son festival.
Une séance à part avec Koscielny
À la 75e minute, il est flashé à déjà quatre-vingts passes effectuées, pour un 100% de réussite hallucinant. Nickel en défense, il offre une première intervention puissante et autoritaire dès la 11e minute après un coup de pied arrêté suédois transformé en ballon qui traîne salement dans la surface. Tout le monde semble statique, Lloris est trop loin pour sortir, et il faut la grosse chiche de Varane pour éparpiller un peu les nuages autour de la cage des Bleus. Son dégagement sans appel à la 71e alors que les Suédois couraient comme des dératés après le score, le penalty non sifflé dont il a été victime, ou sa tête à la 77e à un moment où la France avait besoin d’en marquer un troisième ont été les autres moments marquants de sa soirée. « J’ai un bon jeu de tête » , assurait-il sur RMC un peu plus tôt dans la semaine, affirmation qu’il avait visiblement envie de prouver face à la Suède, pendant que son acolyte Koscielny s’occupait de rester derrière pour surveiller au cas où. Un tandem efficace, dont la complémentarité a crevé l’écran hier soir. Arrivé au rassemblement des Bleus après un match réussi face à Leganés – où il a même balancé un petit pont à Gabriel lors du 3-0 du Real –, il s’était entraîné à part, en intérieur, avec Koscielny à Clairefontaine mercredi dernier. Rien n’a filtré de la séance spéciale des deux compères, mais au vu du résultat, personne ne viendra demander des comptes. En zone mixte, Varane se contentait d’un ennuyeux « c’est important de terminer l’année sur un bon résultat » . Bouillonnant sur le terrain, mais toujours en mode robinet d’eau tiède devant les médias.
Par Alexandre Doskov, au Stade de France