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Varane, le chant du coq
Auteur d’un doublé décisif contre Huesca ce week-end, Raphaël Varane a permis au Real Madrid d’éviter un revers face à la lanterne rouge de Liga et marque de nouveaux points dans la quête de reconnaissance en tant que leader du vestiaire madrilène. Pour le champion du monde 2018, l’heure est venue de briser les clichés.
Ce n’était pas une décision réjouissante, mais c’était probablement la plus sage. En accord avec les médecins du Real Madrid, Sergio Ramos a choisi d’être opéré de son ménisque gauche défaillant qui rendait impossible son retour sur les terrains depuis déjà deux semaines. En interne, il y avait légitimement de quoi s’inquiéter de la convalescence de SR4 après la défaite contre Levante et l’exclusion express de son remplaçant au poste, Eder Militão, présent seulement sept minutes de jeu sur la pelouse. Malgré les retours de Zidane et Nacho une semaine plus tard, le mauvais scénario a semblé se répéter à Huesca à la suite de la splendide ouverture du score de Javi Galán. Sauf qu’au moment de bomber le torse, Raphaël Varane est apparu pour affirmer que ce Real possède toujours de la ressource mentale.
À la recherche du respect
Lors de la conférence de presse d’avant-match, Zinédine Zidane était sorti de sa zenitude habituelle pour hausser le ton dans sa langue maternelle. Son objectif ? Simplement demander « du respect » de la part de la presse, toujours prête à mettre en doute la capacité d’un entraîneur à commander les opérations quand une mauvaise dynamique pointe le bout de son nez. Cela tombe bien, Raphaël Varane est également à la recherche de ce « respect » depuis son arrivée au Real Madrid il y a bientôt dix ans. Non, Varane n’est plus ce jeune défenseur central français précoce et prometteur. À 27 ans, le stoppeur s’est construit un palmarès long comme le bras avec, entre autres, quatre C1, trois championnats d’Espagne et un statut de champion du monde. Pourtant, le « respect » ne semble toujours pas à l’ordre du jour. Pourquoi ? Parce que Varane est encore considéré comme l’assistant de l’emblématique Sergio Ramos, et en l’absence du capitaine, l’international tricolore récolte sournoisement l’étiquette d’un garçon fébrile.
Finalement, les destins de l’entraîneur Zidane et du surdoué Varane se calquent parfaitement. Chacun dans leur domaine, les deux hommes sont arrivés dans le gratin européen à la vitesse de l’éclair et leurs débuts se sont passés de manière admirable : Zidane a empoché sa première C1 six mois après son arrivée sur le banc madrilène et Varane a remporté sa première Liga dès sa première saison passée chez les Blancos. L’argument des faibles d’esprit sera d’évoquer la chance, celui des plus pragmatiques de souligner l’ADN des champions. Varane n’apparaît pas comme l’homme le plus charismatique qui soit en dehors du terrain, mais ce n’est pas ce que requiert son travail. « Ce n’était pas un match facile, mais nous avons tous vu le caractère de l’équipe ce soir, évoquait l’intéressé juste après la rencontre dans le stade El Alcoraz. C’est une victoire importante pour engranger de la confiance dans une période où nous connaissons de nombreuses absences et cela complique notre situation. Il ne faut jamais baisser les bras. Avec ce succès, nous prouvons que nous lutterons jusqu’au bout. » Avec ou sans Ramos.
Sur les traces de Zidane et Benzema
Depuis le début d’année, une flopée de médias annonce tour à tour que Zidane devrait quitter son poste d’entraîneur de la Casa Blanca à l’issue de la saison 2020-2021. Cependant, aucune information issue du club n’a confirmé cette tendance et le contrat actuel de ZZ chez les Merengues court jusqu’en juin 2022. Si des problématiques sur la prolongation de cadres existent (Ramos, Modrić ou encore Vázquez sont en fin de contrat en juin prochain), Zidane continue à diriger le vestiaire du Real Madrid et peut compter sur ses compatriotes pour l’aider à garder la mainmise sur son groupe. Samedi, Karim Benzema a frappé son coup franc sur la barre et Varane s’est imposé dans les airs pour égaliser du dos cinq minutes après l’ouverture du score de Huesca (55e, 1-1).
[ VIDÉO BUT] #LaLiga Raphaël Varane égalise pour le Real Madrid ! Très bon coup franc de Benzema sur la transversale, puis reprise de la tête du défenseur !https://t.co/z3uk2xNSPl
— beIN SPORTS (@beinsports_FR) February 6, 2021
Un but qui vient débloquer un compteur à l’arrêt depuis le 29 janvier 2020 lors d’un match de coupe d’Espagne contre le Real Saragosse. Et comme l’appétit vient en marquant, le Lillois de naissance s’est offert le premier doublé de sa carrière professionnelle en Liga, une nouvelle fois à l’affût aux six mètres (84e, 1-2). Même si sa performance reste à relativiser contre le bonnet d’âne du championnat, voilà de quoi créditer son apport offensif et suivre les traces de ses aînés tricolores. D’un côté Zidane, entré dans la légende du club il y a dix-huit ans grâce à sa reprise de volée lumineuse contre le Bayer Leverkusen en finale de C1. De l’autre Benzema, fortement responsabilisé à la suite du départ de Cristiano Ronaldo en 2018 et élu meilleur joueur de Liga la saison passée. Pour Varane, la bénédiction populaire doit passer par deux mois consécutifs en taille patron. La machine est lancée…
Par Antoine Donnarieix