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Van Persie-Sneijder-Robben : de l’orage chez les Oranje

Par Douglas de Graaf
4 minutes
Van Persie-Sneijder-Robben : de l’orage chez les Oranje

Passés à un chouïa du titre de champion du monde en 2010, les Pays-Bas pouvaient compter sur leur trio Arjen Robben - Wesley Sneijder - Robin van Persie pour faire trembler n'importe quelle défense. Sur le papier, du moins. Car sur le rectangle vert, l'alchimie n'a pas toujours été à la hauteur de ce dont les supporters oranje auraient rêvé. La faute à une incompatibilité de caractères, un clash d'ego et des rancœurs très tenaces...

28 juin 2010, huitièmes de finale du mondial entre les Pays-Bas et la Slovaquie. Dix minutes avant la fin du temps réglementaire, Robin van Persie est rappelé sur le banc par son sélectionneur Bert van Marwijk, alors que les Oranje mènent péniblement 1-0. Furieux, l’avant-centre d’Arsenal quitte la pelouse en vociférant. À l’affût, des journalistes de NOS braquent leur vision sur les lèvres de « RVP ». « Ce n’est pas moi qu’il faut remplacer, mais lui ! » aurait éructé Van Persie. Lui ? Wesley Sneijder, évidemment. Comme par magie, quatre petites minutes après l’incident, le meneur de jeu de l’Inter se charge de doubler la mise pour des Néerlandais finalement vainqueurs 2-1. Comme si son unique motivation avait été de donner tort à son meilleur ennemi.

« Chacun voulait être le n°1 »

Aux Pays-Bas, l’affaire tombe très mal et ravive de vieux démons que tout le monde avait préféré oublier. Pas les meilleurs amis du monde, Van Persie et Sneijder ? Un secret de Polichinelle depuis ce quart de finale de l’Euro 2008 perdu contre la Russie (3-1 a.p) et un coup franc que le premier a tiré à la place du second. Sauf qu’en Afrique du Sud, Bert van Marwijk fait des miracles et convainc ses lieutenants de laisser leurs petites embrouilles de côté pour le bien commun. Une harmonie de façade qui aura mené les Pays-Bas au titre de champion du monde, à un bout de crampon d’Iker Casillas près. Et rien que pour ça, le futur sélectionneur de l’Australie au mondial 2018 aurait mérité une médaille.

Car chez les Oranje, le légendaire « Grote Vier » (le Grand quatre) composé de Van Persie, Sneijder, Robben et Van der Vaart est autant une bénédiction sur le terrain qu’une zone sismique en dehors. Une question d’ego, de caractères trop forts pour être compatibles ou d’une volonté brûlante de tirer la couverture à soi que résume bien Ryan Babel, déjà présent au mondial 2010 : « Aujourd’hui, on est beaucoup plus une équipe qu’en 2008 ou en 2010 », tranchait l’an dernier l’ailier de l’Ajax à Voetbal International. « À l’époque, c’était la bataille entre le « Grote Vier ». Chacun voulait être le n°1.(…)Je me rappelle une action en finale où Robben se présente face à Casillas et se fait accrocher par un défenseur. Le connaissant, il aurait dû se laisser tomber(…)pour provoquer un carton rouge. Mais ce qu’il voulait, lui, c’était marquer. Je pense que, sur le coup, il n’a pas pensé à l’intérêt collectif, et ce sont peut-être ces 5% de petites choses qui font qu’on n’a pas été champions du monde. »

Brouillés hors du terrain ? Brouillés sur le terrain

Un individualisme qui avait le don d’horripiler Van Persie au plus point. Lors du précédent mondial en 2006, déjà, l’attaquant s’en était ouvertement pris à son ailier chauve, à qui il reprochait de lui faire une passe toutes les demi-heures (et encore). Quatre ans plus tard, « l’homme de cristal » a toujours le cuir collé au pied gauche, tandis que Sneijder se fait un malin plaisir à laisser « RVP » asséché dans son désert de ballons. Davantage enclin à la solution individuelle après son merveilleux triplé avec l’Inter, le somptueux meneur de jeu ne distribue ses BA qu’à Robben, avec qui le courant passe plutôt bien sur le terrain. Van Persie, lui, ne peut qu’assister impuissant au chauffage de banc de Van der Vaart, le seul à daigner combiner avec lui.

Sneijder, Van Persie et Robben, c’est finalement l’histoire de trois types qui n’ont jamais été faits pour s’entendre. De leurs clubs formateurs (l’Ajax pour Sneijder, l’ennemi de Feyenoord pour Van Persie) à leurs origines (le taiseux du Nord Robben contre le gamin de rue « RVP »), en passant par leurs caractères (un Van Persie qui n’a pas sa langue dans sa poche face à un Sneijder irritable), la mayonnaise n’a jamais pu prendre. Dans le « comité des sages » qui se réunissait après chaque match du Mondial, guère de trace de Robben ou de RVP, alors que Sneijder, qui avait préféré dormir dans un autre hôtel que celui de la sélection peu après l’Euro 2008, forme le noyau dur de la bande avec Van Bommel et Van Bronckhorst. Sans jamais se craqueler, le vernis oranje tiendra bon jusqu’à l’Euro 2012 et la formation de deux clans, l’un composé d’Ajacides partisans d’un football libre et offensif, l’autre réclamant une tactique plus collective et moins souple. L’identité des deux meneurs ? Un vrai mystère …

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