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Van Holsbeeck : «Jouer contre une telle équipe, c’est un peu se rendre à l’université du foot»
À l'approche du choc de ce soir entre le PSG et Anderlecht, Herman van Holsbeeck, le manager du Sporting, revient sur ses attentes vis-à-vis de son équipe, en plein renouveau. Et cause entre autres formation, Coupe du monde au Brésil et Ariel Jacobs.
Comme au bon vieux temps, le PSG se déplace ce soir à Anderlecht, pour un match de prestige, chargé d’histoire et de souvenirs. Concrètement, qu’attendez-vous de cette confrontation ?Pour nous, c’est déjà un honneur de recevoir une équipe telle que le PSG, composée de nombreuses stars internationales. Il n’y a qu’à voir leur ligne d’attaque exceptionnelle pour comprendre que cela ne sera pas une partie de plaisir. D’un côté, nous sommes très fiers de jouer contre eux et d’un autre, nous sommes conscients de nos possibilités actuelles. Nous jouons avec une équipe excessivement jeune, car cela fait plusieurs années que nous investissons dans la formation. Nous sommes ambitieux mais nous jouons contre le PSG, qui est de loin l’équipe la plus forte du groupe. Ce sera l’occasion pour nos jeunes espoirs de s’étalonner face à plus forts qu’eux, et nous espérons bien leur rendre le match difficile.
Présentez-nous un petit peu l’équipe actuelle d’Anderlecht…Nous avons été sacrés champions l’année dernière au terme d’un beau parcours, mais nous étions arrivés à la fin d’un cycle. Beaucoup de joueurs importants ont quitté le club. Suite à ces départs, plusieurs jeunes ont eu leur chance, grâce au nouveau centre de formation qui a ouvert il y a trois ans. Aujourd’hui, dans l’équipe professionnelle, vous allez découvrir Youri Tielemans, un gamin de 16 ans. Il y a aussi Dennis Praet, qui a 19 ans et joue milieu offensif, ou le back droit Chancel Mbemba, lui aussi né en 1994. Lors de notre dernier match de championnat, la moyenne d’âge de l’équipe était de 20 ans. Notre joueur le plus âgé sur la pelouse, c’est Suárez, et il a à peine 25 ans. Cette inexpérience est la cause de nos résultats en dents de scie.
Avec 32 titres de champion national et 3 coupes d’Europe dans la vitrine, le Sporting n’a pas à rougir du PSG en termes de palmarès. Pourtant, sur le papier, la confrontation de ce soir semble déséquilibrée ?Absolument, depuis l’arrivée des investisseurs qataris à Paris, nos moyens financiers ne sont pas comparables. Notre budget de 45 millions d’euros nous oblige à être un club formateur. Aujourd’hui, notre ambition, c’est la 3e place, afin de passer l’hiver et d’être reversé en Europa League. Nous ne pouvons pas vraiment viser plus haut. C’est la réalité du football moderne, où, in fine, ce sont les clubs les plus armés financièrement qui se retrouvent en quarts ou demies de Coupe d’Europe.
Vu de Belgique, quel regard portez-vous sur ce nouveau PSG ? Ils ont un effectif solide qui veut être champion de France et qui a l’ambition de gagner la Champions League. Personnellement, je crois qu’ils en ont le potentiel. Pour nous, il s’agit avant tout de profiter de cette confrontation pour admirer des stars internationales.
Quels sont vos objectifs pour ce match, et pour la Ligue des champions en général ? Vu que nous avons été battus les deux premiers matchs, si on reste objectifs, on joue l’équipe la plus forte, donc on fait profil bas. Ce sera un véritable match de gala et l’occasion de montrer qu’on a du potentiel. Mais bon, nous jouons à domicile, le Sporting se doit de tout donner, et de rendre la vie compliquée au PSG. Nous avons l’ambition de les contrarier mais, clairement, un match nul serait déjà pour nous un bon résultat. À long terme, sur six matchs de poule, c’est très compliqué pour nous de rivaliser mais franchement, sur un match, tout est possible.
Plusieurs affrontements entre hooligans ont été annoncés, comment le club compte-il empêcher les débordements ? Nous avons eu pas mal de réunions au niveau sécurité. Pour nous, le football doit rester une fête. Ces dernières années, nous n’avons jamais eu de gros problèmes pour les matchs de Champions League donc j’espère que les esprits vont s’apaiser dans les deux camps.
Cette rencontre est surtout l’occasion pour vous d’oublier un début de championnat difficile. Anderlecht est 5e du classement, à 7 points du Standard, avec déjà quatre défaites au compteur. Oui, effectivement. Le championnat et la Ligue des champions sont deux compétitions très différentes. Notre jeune équipe a envie de jouer contre le PSG, voir la différence avec un grand d’Europe. Certains jeunes avec un potentiel énorme peuvent se montrer. Jouer contre une telle équipe, c’est un peu se rendre à l’université du football : on apprend le haut niveau. Je pense que cette rencontre va justement nous servir en championnat, on va engranger de l’expérience. Nous ne sommes pas très bien classés en ce moment, mais l’avantage de la Jupiler League, c’est que la fin de championnat se joue selon un système de play-offs. Il nous reste donc une possibilité d’être champion si on n’est pas trop loin lors des dix dernières journées. Notre équipe de jeunes peut vraiment progresser et arriver à maturité à ce moment-là, quand elle aura plus d’expérience à la fin de saison.
Plus précisément, comment expliquez-vous ce début de saison moyen ? Tout simplement : quand vous remplacez six ou sept joueurs titulaires par des jeunes du centre de formation, il faut plusieurs mois pour s’adapter. Ici on n’a pas beaucoup le temps, les supporters et les médias sont exigeants, mais bon, on continue d’y croire.
De manière générale, comment expliquez-vous le recul des clubs belges sur la scène européenne ? Selon moi, le problème a deux facettes. Il y a tout d’abord le manque d’argent, mais aussi et surtout les lacunes criantes en termes d’infrastructures. C’est un problème récurrent en Belgique. Nous aimerions bien avoir un nouveau stade à Bruxelles pour accueillir plus de monde et multiplier les rentrées d’argent. Pour l’instant, faute de moyens suffisants, on a justement investi dans les jeunes et mis le paquet sur la formation, à l’instar de nombreux clubs belges.
En revanche, l’équipe nationale, elle, se porte à merveille. La pensez-vous capable d’un exploit au Brésil ? Selon moi, l’équipe nationale a beaucoup de potentiel. Le tirage au sort sera important mais on est assurés d’être tête de série donc ça s’annonce pas mal. En cas de bon tirage, je pense qu’on peut aller loin. En 1986, on est allés en demi-finales, alors pourquoi pas y retourner au Brésil ?
Pour finir, un mot sur votre ancien entraîneur, Ariel Jacobs, qui tente actuellement de relancer Valenciennes ? Ariel, c’est quelqu’un que j’apprécie beaucoup, avec qui j’ai travaillé pendant quatre ans. Ensemble, on a connu beaucoup de moments de joie, avec deux titres de champion et une Coupe de Belgique. C’est quelqu’un de très correct et de très rigoureux. En le recrutant, je crois que Valenciennes a fait un bon choix, il a le profil pour réussir à les sauver.
Propos recueillis par Christophe Gleizes