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Van der Vaart et son Andalousie maternelle
Reçu comme le messie par le peuple betico, Rafael van der Vaart retrouve une Espagne qu'il avait quittée à l'été 2010. Cinq ans d'exil auquel il met fin en retrouvant une région qui a vu naître sa mère et où il a toujours souhaité venir habiter. Un certain retour aux sources.
Le 4 août 2008 prend des airs de retour aux sources pour Rafael van der Vaart. Alors meneur de jeu de Hambourg, le Néerlandais s’engage pour cinq saisons avec le Real Madrid et revient dans un pays qui, à défaut de l’avoir vu naître, l’a couvé. Fils d’un père gitan et d’une mère andalouse, il « s’espagnolise » dès son adolescence. Rafael devient alors la « Tulipe de Chiclana » dans la cour d’école et les dédales du centre de formation de l’Ajax. Une référence au village natal maternel, Chiclana de la Frontera, qui se trouve dans la région de Cadiz, à l’extrême sud de l’Andalousie. Cet épisode merengue, loin d’avoir été une réussite, ne dure que deux saisons. Après un passage tout aussi éphémère à Tottenham, il regagne son port allemand. Sa romance hambourgeoise se termine par un sauvetage in extremis du dinosaure teuton. Macia, directeur sportif du Betis Séville, se charge de lui regonfler le moral. « Il m’a si bien parlé du projet que j’ai décidé de signer pour le Betis, explique l’intéressé lors de sa présentation. Et puis ma famille est ici, cela a également joué. »
Le traumastime de Johannesburg
La relation entre Rafael van der Vaart et l’Espagne s’entame bien avant sa naissance. Il faut remonter à la jeunesse de Lolita. Sa mère, andalouse, fuit en bas âge le régime de Franco en compagnie de ses parents. Haute comme trois pommes, elle trouve refuge aux Pays-Bas et grandit dans le village d’Heemskerk. Là-bas, elle croise lors son adolescence un gitan, Ramon van der Vaart. De ce flirt d’une soirée en boîte de nuit découle une relation amoureuse. Et le jeune Rafael qui, le 11 février 1983, voit le jour dans une caravane. Dès qu’il le peut, il vient sur les terres maternelles. Autrement dit, dès que les vacances débutent, il traverse avec ses paternels l’Europe de haut en bas. À Chiclana de la Frontera, la partie espagnole de sa famille l’y attend chaque été. « Nous sommes plus qu’heureux qu’il vienne juste à côté de chez lui ! Comment ne pas l’être ?! » , s’enthousiasme son cousin de 29 ans, Cosme, auMundo. À une heure et demie de Séville, ce village côtier s’attend à effectuer un aller-retour toutes les deux semaines vers la capitale andalouse. Au plus grand bonheur de sa grand-mère, la Doña Dolores.
Une figure maternelle qui, un soir de juillet 2010, s’est retrouvée déchirée entre l’amour de son petit-fils et celui de son pays. C’est que la relation de Rafael van der Vaart avec l’Espagne n’a pas toujours été idyllique. Défait en prolongation lors de la finale du Mondial sud-africain par la Roja, il rate, lui qui est entré en jeu à la 99e minute, le tacle qui aurait pu empêcher le pion décisif d’Andrés Iniesta. « Je n’ai pas réussi à tacler le ballon d’Iniesta pour quelques centimètres, relate-t-il lors de son arrivée au Benito Villamarin. Mais l’Espagne était meilleure ce jour-là. » De même, son passage au Real Madrid, de 2008 à 2010, est entaché par des performances en dents de scie et une confiance au ras des pâquerettes. Recruté par la faute de la blessure longue durée de son compatriote Sneijder, il vient gonfler la colonie néerlandaise du Santiago-Bernabéu sans fait de gloire. Pas grave, aujourd’hui, il traverse les Pyrénées plus fort encore. En tout cas, c’est ce qu’il affirme : « Je viens avec de l’ambition, pour jouer le haut de la Liga. Je suis un joueur plus complet que lorsque j’ai signé au Real. Plus complet et plus expert. » La fameuse modestie néerlandaise.
« Je l’avais promis à ma grand-mère »
Van der Vaart débarque donc au Betis Séville avec le statut de nouvel idole du peuple betico. Après un an de purgatoire en Liga Adelante, le club aux plus de 40 000 socios espère perdurer en Primera. Mieux, il aimerait y jouer le rôle de trublion. Un projet qui enthousiasme le Néerlandais et qui excite le Benito Villamarin qui s’est déjà trouvé une nouvelle coqueluche. Assise sous la guérite lors de la présentation de son petit-fils, la Doña Dolores ne cache pas sa joie : « J’ai toujours aimé le Betis. Je voyais jouer Joaquín et je ne ratais aucun match. Je disais qu’il ressemblait beaucoup à mon petit-fils. Et aujourd’hui, je vais vraiment le voir. » En somme, la « Tulipe de Chiclana » ne fait que tenir parole, lui qui avait promis en avril dernier qu’il prendrait « sa retraite à Cadiz » . Un « objectif à moyen terme » qui le verrait alors prendre la direction de la troisième division espagnole. En attendant un hypothétique baroud d’honneur à quelques encablures de Chiclana de la Frontera, le néo-Betico profite de ses vacances sur la côte andalouse. Un pèlerinage qu’il effectue chaque été depuis près de 32 ans.
Par Robin Delorme