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Van de Beek, un diablotin de plus dans la fourche de MU

Par Douglas de Graaf
5 minutes
Van de Beek, un diablotin de plus dans la fourche de MU

Selon la presse néerlandaise et anglaise, son transfert n'est plus qu'une question d'heures : Donny van de Beek devrait débarquer sous peu à Manchester United pour y souscrire un contrat de cinq ans, moyennant 40 millions d'euros. Courtisé par une foule de gros prétendants, le futur ex-milieu de l'Ajax (23 ans) a donc choisi le projet d'Ole Gunnar Solskjær, qui ajoute une étoile filante supplémentaire à sa constellation. Attention, cependant, à éviter une collision qui n'est pas de l'ordre de l'improbable.

Le Real Madrid, le Barça, Manchester City, le PSG, Tottenham… Une liste non exhaustive des candidats à l’accueil d’un migrant néerlandais qui attendait patiemment sa chance de faire le grand saut et de commencer une nouvelle vie plus fastueuse. Finalement, c’est la traversée de la Manche que Donny van de Beek devrait effectuer en jet privé, direction Manchester United. Une machine qui s’est un peu perdue ces dernières années, et qui, a priori, ne jouera toujours pas les premiers rôles en Premier League et en C1 cette saison. Mais l’observateur Van de Beek, fasciné par la nouvelle tête de proue dorée de l’embarcation (Rashford, Martial, Bruno Fernandes, Pogba, Greenwood), s’est dit qu’il restait bien de la place pour quelques carats. Quitte à passer un peu de temps dans les galères avant de goûter au poste de pilotage.

Un nouvel atout dans la manche de MU

Pour les fans des Red Devils, il y a vraiment de quoi s’émoustiller. Van de Beek n’est pas seulement un diamant qui reste jeune (23 ans) et qui a montré tant de merveilleuses choses sur les pelouses. Il est aussi l’incarnation du joueur collectif qui fait briller les autres, et plus ces « autres » sont de qualité (ce qui est le cas avec le quatuor offensif de MU), plus le mélange est réussi. Van de Beek est aussi l’incarnation du couteau suisse, capable de jouer à tous les postes du milieu, toujours ravi de venir aider ses copains en attaque et de lancer un nouveau jeu, jamais fâché de se coltiner les basses besognes et d’avaler les kilomètres. Malgré son jeune âge, Van de Beek cumule près de 200 matchs en pro et a l’expérience des très gros rendez-vous de C1 (la fameuse épopée de l’Ajax en 2018-2019 jusqu’en demi-finales). Il possède aussi son petit palmarès (un championnat et une Coupe des Pays-Bas), et s’est déjà frotté au gratin anglais – Tottenham, Chelsea et… Man U lors de la finale de C3 2017 perdue par l’Ajax.

Surtout, c’est par tout ce qu’il représente humainement que l’international néerlandais (neuf sélections) fait figure de perle rare pour Manchester United. Doux comme un agneau, farceur comme un clown, conciliant comme tout, le natif de Nijkerkerveen est l’archétype du profil idéal dans la vie de groupe. À l’Ajax, l’enfant du club (il y est arrivé à l’âge de 11 ans) n’a jamais fait de caprices pour forcer son départ à l’été 2019, alors que ses potes Matthijs de Ligt et Frenkie de Jong avaient obtenu leur dû. Lui a continué à se démener cette saison sans faire étalage de ses états d’âme, entamant la préparation de cette saison comme s’il allait rester. Van de Beek n’est pas candide : il a conscience qu’il débarque davantage dans la peau d’un remplaçant de luxe que d’un titulaire, mais Ole Gunnar Solskjær sait qu’il n’aura pas de problèmes de ce côté : les jérémiades, Van de Beek s’en passe très bien, comme en équipe des Pays-Bas où il n’est vu que comme un second choix.

Et c’est précisément ce que cherche Solskjær : un joueur de club plus qu’un produit marketing, ce qui a trop souvent été l’inverse à United ces dernières années. Un joueur qui fait fi de son ego pour le bien du collectif, et qui va pleinement s’inscrire dans l’entreprise de restauration de l’institution MU que le Norvégien s’efforce de mener à bien. La venue du très discret Van de Beek est un signe supplémentaire que Solskjær obtient la latitude pour construire une équipe à son image, et que le boardde Manchester United réfléchit bien plus qu’avant à ce que le joueur peut apporter sportivement plutôt qu’en matière de ventes de maillot.

Un diable en enfer ?

Reste que le caractère du blondinet pourrait bien lui faire défaut dans le temple de Manchester United, qui a broyé tant de promesses au profil un peu trop lisse (ou pas, tel son compatriote Memphis Depay). Cocooné dans son club de cœur jusqu’à ses 23 ans, Van de Beek aura-t-il les épaules pour supporter la pression dans une institution d’un calibre qui ne laisse pas le droit à l’erreur ? À Carrington, mieux vaut avoir une âme de leader ou savoir jouer des coudes pour se tailler une place, sous peine d’être relégué sur le bas-côté. Les fans de MU préféreront se rassurer avec le précédent Daley Blind, au profil semblable, dont la polyvalence a constitué à la fois un atout (longévité de quatre saisons au club) et un fardeau (sans avoir les moyens de s’imposer à un poste, il a fini par jouer les bouche-trous).

Dans un premier temps, c’est probablement ce qui attend Van de Beek. Impossible de déboulonner Bruno Fernandes ou Paul Pogba du onze, il ne resterait ainsi qu’une place dans le 4-2-3-1 de Solskjær. Et s’il serait croustillant d’y imaginer « VdB », les soucis d’équilibre des Red Devils incitent plutôt à se méfier de ce cocktail détonant. Jamais aussi à l’aise que quand il gravite autour de l’avant-centre, qu’il se rue dans le dos des défenseurs adverses ou qu’il va presser très haut, Van de Beek laisse fréquemment des espaces au milieu qui peuvent être compensés par un Nemanja Matić ou un Fred, mais moins par un Pogba qui a besoin de plus de liberté. En milieu central ou relayeur, le Néerlandais est beaucoup plus utile dans une équipe qui cherche des options supplémentaires devant, or Man U est déjà très bien pourvu avec ses quatre offensifs. Pour s’imposer dans ce United-là, Van de Beek devra apprendre à muscler son jeu et renoncer à trop s’engouffrer vers l’avant pour devenir ce deuxième milieu dont les Red Devils ont besoin pour protéger un tant soit peu leur défense. Au pire, il constituera une alternative redoutable en n°10 ou au milieu grâce à la singularité de son profil. Un bouffeur d’espaces, un chien fou dans le pressing haut : voilà bien une déroutante flèche de plus dans le carquois de Solskjær.

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