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- Tottenham-Ajax (0-1)
Van de Beek : Donny the dog
Aligné en numéro 10 face à Tottenham ce mardi, Donny van de Beek a marqué un but de numéro 9, régulé l'entrejeu des siens comme un 8 classique, avant de défendre avec l'énergie et la dalle d'un bon vieux milieu défensif. Une soirée comme une autre, dans la vie d'un joueur qui semble décidément ne rentrer dans aucun cadre.
Ce type-là serait donc un transformiste. Un changeforme. Un Sans-Visage façon Arya Stark. Donny van de Beek est une charmante énigme, qu’on ne peut faire entrer dans aucune catégorie. Cet homme-là sait tout faire. Et il le fait souvent très bien. En atteste sa nouvelle prestation XXL face à Tottenham ce mardi, où le natif de Nijkerkerveen fut le principal artisan de la victoire des Lanciers.
Le Transformiste
Une demi-surprise, pour un type longtemps décrit comme un second rôle. Un gars talentueux, précieux, qui souffle les répliques en coulisses quand les stars bafouillent leur texte, mais pas assez glamour pour figurer en haut de l’affiche. Ce mardi, pourtant, Donny van de Beek était celui vers qui les regards se tournaient en priorité. Frenkie de Jong, Matthijs de Ligt et Hakim Ziyech avaient partagé la lumière des projecteurs et le numéro six ajacide accaparait la plus grosse part de la lumière du soir. Son but, qui venait conclure une splendide action collective initiée par Neres et relayée par Ziyech, en fut évidemment l’illustration la plus visible. Un pion, inscrit sur la première tentative cadrée de l’Ajax, qui ne constitue qu’une part de la prestation protéiforme du milieu des Lanciers. Très agressif au pressing, souvent présent dans la surface adverse, il a permis grâce à sa mobilité et ses permutations avec Dušan Tadić de faire couler la défense à cinq des Spurs, dépassée dans la première demi-heure d’une rencontre à sens unique. Nouvelle illustration de l’hégémonie des Bataves, cette combinaison étourdissante initiée à la 24e minute par Tagliafico. Van de Beek laissait alors filer pour Tadić, qui lui remettait le cuir, ce qui permettait à l’homme à tout faire de l’Ajax d’armer une frappe détournée par Lloris.
Changements de costume
Puis le scénario du match changeait soudainement et Van de Beek avec lui. Après la sortie de Vertonghen, remplacé par Sissoko peu avant la pause, Tottenham repassait en 4-4-2 losange et l’Ajax devait à son tour lever les boucliers pour préserver sa cage. Les Spurs se remettaient à gagner les duels, aspiraient plus de ballons au milieu et Van de Beek redescendait d’un cran, histoire de donner un coup de main salvateur à De Jong et Schöne et permettre aux siens de ressortir plus sereinement et proprement le cuir. Beaucoup moins souverain, mais toujours maître de ses moyens et de ses nerfs, l’Ajax trouvait même le poteau par Neres, qui manquait d’un rien de tuer le match à la 78e minute.
Il fallait désormais tenir et se sortir les tripes dans la dernière ligne droite d’une seconde mi-temps très disputée, mais aussi beaucoup plus brouillonne. Le temps pour l’ami Donny d’opérer sa dernière transformation de la soirée, en grattant des ballons précieux dans l’entrejeu et en déviant un bon paquet de trajectoires de passes que les Spurs envoyaient aux abords des seize mètres néerlandais. La dernière mutation d’une rencontre où Van de Beek aura beaucoup tenté, et avec succès : 55 ballons joués, un seul perdu, 13 duels livrés pour 8 gagnés, 3 dribbles essayés pour deux réussis, trois tirs pour un but. La marque d’un type à la fois nulle part et partout à la fois. Et qui, plus que tout autre joueur de cet Ajax, est peut-être le plus emblématique représentant d’un totaalvoetbal qu’on pourrait bien revoir en finale de C1, le 1er juin prochain.
Par Adrien Candau