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Valverde : la Galice jusqu’à la Ligue des champions
Choc entre deux mastodontes, ce City-Real démontre tout le chemin parcouru par Federico Valverde. Durant l’été 2017, l’Uruguayen est prêté pour une saison au Deportivo La Corogne pour aiguiser ses griffes en Liga. Une étape aussi formatrice que tragique dans la carrière du ce milieu tout-terrain.
Ce soir à l’Etihad Stadium, Federico Valverde connaît les deux scénarios qui s’offriront à lui au coup d’envoi : soit il s’assiéra sur le banc de touche du Real Madrid, soit il démarrera dans la peau d’un titulaire ce huitième de finale retour de C1 face aux Citizens. Peu importe le choix de Zinédine Zidane, l’Uruguayen sera de la partie. Et que ses fesses soient en train de s’agiter sur le terrain ou de s’impatienter sur le banc ne changera pas grand-chose pour celui qui a disputé plus de 40 matchs toutes compétitions avec le Real cette saison : une partie de son cœur sera forcément en Galice, puisque dans le même temps, La Corogne et Fuenlabrada seront en train d’en découdre au Riazor, et le Depor sera rétrogradé en D3 espagnole à l’issue de cette ultime journée… Valverde se souvient parfaitement qu’il y a deux ans, il bataillait dans les rangs d’un Depor pensionnaire de Liga. Bien malgré lui, il prenait part à la pénible descente aux enfers du club galicien.
Le Petit Oiseau va sortir
L’histoire entre Valverde et La Corogne débute pourtant sous les meilleurs auspices. Après une saison complète au sein de la Castilla du Real, le milieu de terrain polyvalent cherche un club où il peut démontrer son fabuleux potentiel. La cellule de recrutement du Depor débute des négociations avec les Madrilènes et prend également note des déclarations de Diego Forlán, partenaire de Valverde lors de la saison 2015-2016 à Peñarol, qui considère son coéquipier de dix-sept ans comme le prochain « porte-étendard du football uruguayen », rien que ça. Une fois intégré dans l’effectif galicien, Valverde fait connaissance avec ses nouveaux camarades sous les yeux de Pepe Mel. « Je le trouvais assez introverti et taiseux, témoigne l’entraîneur du Depor à l’époque. En même temps, il faut dire que son introduction s’est faite de manière assez cocasse : quand Federico s’est présenté, il a demandé à ce qu’on l’appelle ‘Pajarito’ (Petit Oiseau, en VF). C’était le fou rire général ! Après quelques semaines, Valverde s’est mis à gagner le respect grâce à sa manière d’être et surtout son apport sur le terrain. Quand tu es rigoureux, travailleur et bon footballeur, tu finis par t’imposer. »
Et du bon football, Valverde sait en produire dès son arrivée. « Lors du premier match amical qu’il a joué contre une équipe de division régionale en Galice, je me souviens qu’il a marqué un but de soixante-dix mètres, rappelle Mel. C’était un vrai missile depuis notre propre moitié de terrain… Là, j’ai compris que ce garçon silencieux au premier abord avait une grande personnalité et aucune peur de s’imposer. » Inéligible lors de la première journée face au Real Madrid étant donné la clause de non-concurrence dans son contrat de prêt, Valverde intègre le onze de départ du Depor trois rencontres plus tard. Entre-temps, le garçon s’est même offert un but pour sa première cape internationale contre le Paraguay (2-1). Pourtant, Valverde doit déjà faire face à un adversaire de taille : lui-même. « Sur le plan de la maturité, Federico était encore trop dans le style du paisible Uruguayen, confesse Mel. Je lui disais un peu sur le ton de la rigolade, mais il y avait un fond de vérité. Ma première consigne a été d’augmenter son agressivité et ne pas hésiter à être un chien de la casse quand cela était nécessaire. Par exemple, ce qu’il a fait en janvier dernier lors de la finale de Supercoupe d’Espagne contre l’Atlético de Madrid, le Valverde de La Corogne ne l’aurait jamais fait. »
Un Mondial à la trappe
Hélas pour sa progression à La Corogne, Valverde va connaître des difficultés à partir de la mi-octobre. « J’ai été à La Corogne pendant huit mois, décompte Mel. Durant toute cette période, nous n’avons jamais été dans la zone rouge. Au moment où je suis limogé, nous étions seizièmes de Liga et il n’y avait aucune alerte liée à un danger de relégation. Le souci, c’est que la direction du Depor s’imaginait pouvoir jouer l’Europe avec ces nouvelles recrues. C’était une erreur monumentale… » À la suite de l’arrivée de l’ancien Parisien Cristóbal en tant que coach, les cartes sont redistribuées. Spectaculaire, mais régulièrement perdant, le Depor devient relégable juste avant les fêtes de fin d’année et se dirige progressivement vers une descente inéluctable. En février, Valverde se blesse au genou et perd définitivement sa place de titulaire jusqu’à la fin de saison. « Quand Clarence Seedorf décide de ne plus le mettre dans le onze de départ, c’est également une grave erreur, souligne Mel. Je reste convaincu que sa baisse de temps de jeu dans cette fin de saison du Depor a joué dans la non-convocation de Federico pour le Mondial en Russie. Quand j’étais en poste, il était convoqué à chaque rassemblement. Ce n’est pas plus compliqué. » Entre Valverde et le Depor, c’était l’heure de se dire adieu. On ne sait pas où en serait aujourd’hui le Depor s’il avait maintenu sa confiance en Valverde lors de la fin de saison 2017/2018. En revanche, on sait aujourd’hui où en est Federico Valverde deux ans plus tard…
Par Antoine Donnarieix
Propos de Pepe Mel recueillis par AD