Qu’est-ce que vous attendez de ce quart de finale entre la France et l’Allemagne ?
Je pense que ça sera un match assez ouvert, avec du rythme. Je m’attends à quelque chose de très intense et très serré. Il devrait y avoir beaucoup de duels également. En tout cas, il y aura du spectacle, comme on en attend pour un match comme celui-là.
Une équipe vous semble plus en forme ?
Sur les deux derniers matchs, la France a l’avantage. Elle a montré plus de constance dans ses performances depuis le début de la Coupe du monde. Les Allemands ont commencé très fort contre le Portugal, depuis il y a eu des prestations inquiétantes. Mais attention, lorsqu’ils sont sous pression, ils sont toujours très forts. Donc c’est plutôt du 50-50, ça reste très ouvert pour les deux équipes. Et elles ont clairement leur place à ce niveau.
Vous vous attendiez à ce que la France soit aussi plaisante et inquiétante pour ses adversaires ?
Non. C’est une surprise pour tout le monde. Mais la France se présente là comme une équipe, je veux dire comme une vraie équipe, avec un état d’esprit irréprochable. Elle est bien loin de l’épisode 2010.
Comment est-elle perçue en Allemagne ?
Une très jeune équipe talentueuse, avec un entraîneur expérimenté. Les Allemands savent qu’ils vont avoir fort à faire contre cette France-là, et qu’il faudra nécessairement être meilleurs que le match contre l’Algérie.
Toutefois, à la télévision allemande, les commentateurs utilisent parfois des termes passés de mode comme « grande Nation » ou « équipe tricolore » . Est-ce qu’ils n’ont pas une image un peu datée de cette équipe de France ?
Comme je le disais, la France retrouve surtout du respect. Elle a prouvé qu’elle était redevenue flamboyante et les Allemands se rappellent les victoires en 1998 ou en 2000. Pour eux, c’est une grande nation du football.
De quoi doit se méfier la France ?
Le milieu de terrain allemand est très fort. Avec Kroos, Özil, Götze… en particulier, ils peuvent conserver le ballon très longtemps et faire tourner. Ils maîtrisent l’entrejeu.
Et cette défense à 4 centraux ? Un défenseur central peut-il s’adapter facilement à ce poste ?
Ce n’est pas un problème, oui. Un défenseur doit savoir le faire. Lilian Thuram se présentait comme un central, et il a longtemps joué latéral droit avec l’équipe de France. C’était même le meilleur latéral du monde. La discussion est ouverte actuellement parce que l’Allemagne est la seule équipe à le faire aux quatre postes. C’est l’inconnu. Et ça pose des questions. Mais d’un point de vue tactique, c’est intéressant.
En quoi ?
Cela donne une bonne ossature à l’équipe et permet d’avoir des joueurs très forts dans les duels, autant aériens qu’au sol. Comme les joueurs devant sont très aptes à conserver la balle, c’est compréhensible d’avoir fait ce choix-là.
Cela fait plus de dix ans que vous vivez en Allemagne désormais, qui allez-vous supporter pendant ce quart de finale ?
Aujourd’hui, je possède même les deux nationalités, et ce, depuis plusieurs années. C’est très difficile à vivre pour moi ce match. Je ne sais qu’une seule chose : je ne serai pas triste à la fin de la rencontre. Si la France gagne, ça sera mérité pour eux. Ils font un bon parcours, avec une belle équipe. Si c’est plutôt l’Allemagne, ça sera logique, ils ont des joueurs exceptionnels. J’en connais quelques-uns parmi eux : Podolski, Lahm, Schweinsteiger… Forcément, j’ai des affinités avec eux et j’aimerais les voir gagner. C’est vraiment difficile pour moi de choisir. Je préfère penser qu’une équipe se qualifiera et que je ne serai pas triste.
Comment on explique ce changement du football allemand depuis dix ans, depuis que vous vivez là-bas ?
Il y a eu un développement vraiment important et intéressant dans le monde du football ici, notamment dans le secteur de la formation. Il y a eu la construction de plusieurs centres, une refonte du système d’entraînement des jeunes, etc. En reprenant le modèle français, en pleine réussite à la fin des années 90, ils ont réussi à faire éclore une génération exceptionnelle. Et il y en a une autre qui arrive en plus après, tout aussi forte. Ils récoltent maintenant les fruits de leur semence.
Mais ça sera tout de même un peu triste pour la génération actuelle si elle n’arrive pas à ses fins…
Il leur manque clairement un titre. Ils se sont bien présentés sur toutes les dernières grandes compétitions, en atteignant à chaque fois la demi-finale ou la finale, mais sans avoir le titre au bout. Il y a une forte attente pour un succès aujourd’hui. Ils attendent ce titre.
Autant dire que les supporters allemands s’attendent à gagner…
Plutôt, oui. Mais ils savent aussi que ça sera difficile contre la France. Ils ne se voient pas déjà gagnants à coup sûr. Il y a un quart de finale à passer d’abord, avant le titre.
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