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Valérie Gauvin, drôle de départ
Habituelle pointe des Bleues et attendue dans le onze de départ vendredi soir face à la Corée du Sud, Valérie Gauvin a finalement commencé son Mondial sur le banc. La raison officielle ? Un choix tactique de Corinne Diacre. L’officieuse ? Des retards cette semaine à l’entraînement. Drôle de début d’aventure.
Les prestations médiatiques des acteurs et actrices du circuit footballistique étant des pièces de théâtre, où chaque rôle est appris par cœur et est tenu à la lettre près, elles sont désormais comprises comme telles par la majorité des journalistes. Ainsi, Valérie Gauvin s’est pointée vendredi soir, dans un couloir du Parc des Princes, et a d’abord récité sa leçon : « Même si j’étais sur le banc, j’étais à fond derrière l’équipe et j’ai profité de l’ambiance. Franchement, c’était magique. » Pourtant, impossible d’oublier cette image : il était un peu après 19h et il fallait voir l’attaquante de Montpellier, buteuse à cinq reprises lors de ses cinq dernières sorties avec les Bleues, afficher un visage fermé au moment de la reconnaissance du terrain. Difficile de ne pas y apercevoir ces larmes séchées, que la jeune femme tentait de faire disparaître en discutant avec sa pote de billard et de tennis de table, Pauline Peyraud-Magnin. Moins d’une heure plus tôt, cinq minutes . avant de quitter l’hôtel, Corinne Diacre venait d’annoncer à Gauvin sa non-titularisation pour ce match d’ouverture contre la Corée du Sud et, rapidement, la nouvelle a fuité, suivie d’un complètement d’information : si l’habituelle pointe des Bleues est restée au coup d’envoi dans le carquois, c’est avant tout à cause de deux retards à l’entraînement cette semaine. Ce que l’intéressée est venue assumer après l’éclatante entrée en matière de l’équipe de France : « Je ne vais pas le cacher. C’est de ma faute, j’en tirerai les leçons et la compétition est encore longue. C’est normal. » Faute avouée, déjà pardonnée ?
Un barouf étouffé
Il faut croire, d’autant que la sélectionneuse des Bleues est rapidement venue noyer le poisson quelques minutes plus tard en conférence de presse : « Ah, si elle estime que c’est à cause de ses retards… Pas pour moi. Cette décision, c’était un choix tactique avant tout. On voulait mettre de la vitesse dans l’axe. Malheureusement, on ne s’attendait pas à un bloc coréen aussi bas et on n’a pas eu la profondeur souhaitée, ce qui ne nous a pas empêchées de marquer quatre buts. Valérie a fait une bonne entrée, c’était simplement tactique. » Sur le moment, on se pince, mais le regard serré de Diacre fait comprendre que cela ne sert à rien d’insister sur le sujet. La boss a fait son choix (Diani en pointe), ses filles ont gagné, l’équipe de France a fait le travail en rendant ce premier match « exceptionnel sans le rendre difficile à vivre » , et l’affaire ne mérite pas tout ce barouf, d’autant que Gauvin a malgré tout eu vingt minutes à grignoter vendredi soir à l’issue desquelles l’attaquante a filé dans les bras de sa mère, présente en tribunes. Elle devrait même retrouver son fauteuil de point d’appui dès mercredi face à la Norvège. Punition ou pas, l’affaire est scellée même si Diacre lui a fait comprendre, comme à Emelyne Laurent, qui partage la chambre de Valérie Gauvin et qui a également été reprise sur ses retards, qu’aucun autre écart ne serait toléré. Une guerre se gagne aussi comme ça.
Par Maxime Brigand, au Parc des Princes