- Ligue 2 – 7e journée – Monaco/Dijon
Valère inestimable
Révélation de Monaco la saison passée, Valère Germain a débuté la nouvelle sur d’excellentes bases. Surtout, le fils de Bruno permet de montrer que l’ASM version Rybolovlev et Ranieri, ce n’est pas qu’une affaire de gros sous et de joueurs étrangers.
Clarifions une chose dès le départ : Valère Germain n’a rien d’un phénomène. 1,82m, 73 kg, habile des deux pieds mais pas un génie technique, bon de la tête mais pas zlatanesque non plus, rapide mais pas fulgurant, plutôt intelligent tactiquement, assez malin dans ses déplacements, honnête finisseur. Son profil ressemble à beaucoup d’autres attaquants de son âge. Ce n’est pas un prodige, pas même un grand espoir puisqu’il a déjà 22 ans. Valère Germain n’a pas le profil d’une immense star et il ne le sera très certainement jamais. Pourtant, au sein de la très ambitieuse équipe de Monaco, il est, à n’en pas douter, l’un des éléments, si ce n’est l’élément le plus important actuellement.
Lancé par Laurent Banide
Pourquoi ? Car pour qu’une équipe obtienne des résultats sur le long terme, elle ne peut pas s’appuyer éternellement sur une somme de talents. S’il n’y avait que ça, ce serait trop facile. Depuis l’arrivée de Dmitry Rybolovlev à la présidence en décembre 2011, l’ASM a de l’argent, plein d’argent. Alors il recrute énormément. Des joueurs talentueux, certes, mais qui ne savent pas, pour la plupart, l’institution que représente Monaco. Un club souvent raillé, mais qui a indéniablement l’un des plus beaux palmarès du football hexagonal. Tombé en L2 au printemps 2011, il a besoin de se retrouver au plus vite sous le feu des projecteurs de l’élite, lui qui, contrairement à d’autres, ne peut pas s’appuyer sur une base populaire pour vivoter dans les divisions inférieures.
Or, au sein de l’effectif monégasque bâti avec l’argent de Rybolovlev et l’expérience de Claudio Ranieri, Valère Germain est la caution locale. Un gars qui connaît parfaitement un club qu’il a intégré en 2005, à l’âge de 15 ans. Avant ça, il y a eu la naissance à Marseille, les débuts au foot à Cassis, l’enfance à Orléans et le centre de préformation de Châteauroux. Le tout sous le regard bienveillant d’un paternel bien connu : Bruno Germain, ancien défenseur de l’OM époque Panasonic et du PSG version Tourtel, éphémère international, triple champion de France et finaliste de la C1 1991 avec Marseille, entre autres palmarès. Ok, Valère n’a pas la pression d’un Enzo Zidane, mais la filiation reste peu évidente à assumer. Alors le garçon a pris son temps, gravissant lentement mais sûrement les marches vers le haut niveau : champion de France des réserves en 2008, premier contrat pro en 2009 et les grands débuts avec l’équipe première au printemps 2011, lancé par Laurent Banide, au moment où l’ASM plonge en L2.
Une carrière à la Maldini, carrément ?
« Cette descente va sûrement offrir des possibilités à des joueurs du club » , estimait à l’époque Valère, malin. Il a bien raison : dès le début de l’exercice 2011/2012, il est titularisé, inscrit ses premiers caramels et restera l’une des rares satisfactions de la saison, avec un très correct bilan final de 8 buts et 2 passes décisives en 34 matchs disputés. Rien d’extraordinaire, mais sa complémentarité en attaque avec Ibrahima Touré, arrivé au mercato hivernal, laisse bonne impression. Du coup, malgré un effectif pléthorique, Valère Germain apparaît comme un incontournable de la nouvelle saison. Ses stats s’améliorent – 3 buts, 4 passes en 6 journées de L2 – et son importance dans le jeu asémiste se fait ressentir.
En progrès physiquement, plus mature, toujours aussi altruiste et irréprochable dans l’engagement, il est aussi et surtout un joueur capital symboliquement au sein d’un club en quête d’identité. Valère reconnaît que Monaco est sa « maison » depuis plus de sept ans et qu’il ne serait pas contre y vivre « une carrière à la Maldini » . Des propos qui ravissent, forcément, alors que l’équipe de l’ASM donne l’impression d’être en perpétuel mouvement depuis quelques années. Régulièrement appelé chez les Espoirs, il doit tout de même ne pas trop s’enflammer, au moment où ses trois dernières décevantes sorties en championnat ont contrasté avec un excellent début de saison. Manière de rappeler que, si indispensable qu’il soit, le bon Valère Germain ne fera pas monter le club – son club – tout seul.
Par Régis Delanoë