Valère, comment va-t-on quand on se voit annuler son premier doublé en Ligue 1 à la suite de l’arrêt du match contre Nantes (1) ?
Mieux (rires). J’avais un peu les glandes à la sortie du vestiaire, d’autant que c’était mon premier doublé en Ligue 1 et que je rejoignais Hatem (Ben Arfa) au classement des buteurs avec six réalisations. Ce n’est pas qu’on se tire la bourre, mais c’est significatif de la bonne forme actuelle du club avec deux meilleurs buteurs au bout de 9 journées. Si j’ai réussi à les mettre contre Nantes, je peux les remettre dans les matchs qui arrivent. Il faut que cette déception se transforme en force.
Ce sont deux buts d’un mec en confiance, non ?
Oui, sur le premier, je ne me pose pas de questions. Le ballon arrive sur mon pied gauche, je le tente et ça va au fond. C’est de la confiance, mais de la réussite aussi. Le deuxième, c’est vraiment de la confiance, je mets le ballon au premier poteau, d’instinct. Ça rentre. C’est le reflet de mon début de saison en tout cas.
C’est le moment de ta carrière où tu te sens le mieux ?
Il faut relativiser, car on n’a fait que 9 matchs, 8 en réalité, donc c’est difficile d’avoir du recul. En Ligue 2, avec Monaco, j’avais fait une saison pleine quand on était remontés (14 buts, 7 passes en 35 matchs). J’espère faire encore mieux.
Le plaisir est revenu ?
Clairement. Il y a un bon groupe, je retrouve le plaisir de jouer. Je m’épanouis, les résultats sont là, on tire tous dans le même sens. Il n’y a que des bons mecs dans le vestiaire, c’est vraiment un plaisir de jouer ensemble et je pense que ça se voit sur le terrain. On arrive tous les matins avec le sourire à l’entraînement, on a envie de jouer au sens premier du terme. C’est important quand tu veux t’épanouir.
Hatem monopolise pas mal de joueurs dans un match, ça nous libère.
On se focalise beaucoup sur Hatem Ben Arfa pourtant…
C’est parfait pour nous. On peut s’exprimer librement derrière. Hatem monopolise pas mal de joueurs dans un match, mais aussi les médias, nous, derrière, on est plus tranquilles. On ose plus. Pour l’instant, ça se passe bien pour tout le monde, même si on prend pas mal de buts. Je pense que l’arrivée de Ben Arfa, avec son jeu, on a aussi découvert que nos trois milieux de terrain savaient très bien jouer au ballon. Que ce soit « Papy » Mendy, Seri ou Koziello. C’est bien de se dire que tout le collectif est de qualité.
Tu es étonné de la tournure que prend votre début de saison ?
Si on m’avait dit l’année dernière que Nice jouerait aussi bien et que j’allais être de cette aventure… Mais vu notre préparation et la qualité de nos matchs amicaux, je ne suis pas surpris. On a tout fait pour se mettre dans les meilleures dispositions. Il y a une certaine logique. Le coach est en place depuis un moment, ça compte aussi. On sait que ça étonne pas mal nos supporters, mais il faut malgré tout relativiser, on n’est qu’en début de saison. Si on arrive à faire ça jusqu’en janvier, par exemple, on pourra dire que l’on a mis en place quelque chose.
Tu parlais de la préparation, peut-on parler de déclic contre Galatasaray en amical, par exemple, avec cette large victoire 4-0 ?
En début de préparation, on a joué contre des équipes abordables et on gagnait. Mais c’est quand on a commencé à jouer contre Beşiktaş, Galatasaray ou Naples qu’on a pris conscience de notre potentiel. Face à Galatasaray, on s’est surpris. On s’est posé la question de savoir s’ils avaient vraiment joué à fond. Ils étaient surpris de notre niveau, énervés et tendus. On l’a senti en fin de match. Le fait de battre Naples à la maison (3-2), ça nous a boostés aussi. Mine de rien, quand tu passes 7 buts en deux matchs à Galatasaray et Naples, ça te fait cogiter.
Le coach nous répète souvent qu’on est le petit Barça ou le petit Paris.
Claude Puel joue dans un 4-3-1-2, quel est ton rôle ?
Il me demande de jouer, de m’éclater. J’ai beaucoup de libertés, peu de consignes strictes. Je dois être à fond, ne jamais me relâcher, même si je sais que je vais avoir un trou physique, car je n’ai pas beaucoup joué l’an dernier. Hatem est dans le même cas, il faut tenir toute la saison. Depuis le début, le coach nous répète souvent qu’on est le « Petit Paris » ou le « Petit Barça » , toutes proportions gardées, on a un style de jeu différent des autres clubs de Ligue 1, on essaie de jouer au sol, de redoubler les passes, de trouver les partenaires démarqués. Il insiste vraiment sur le jeu. On ne peut pas balancer de longs ballons en essayant de rivaliser dans les airs. On s’en sortira par le jeu.
Le match de Saint-Étienne a validé cette méthode, non ?
Sur celui-là, mais aussi Bastia et Bordeaux, on a joué ensemble (trois victoires, 13 buts marqués en trois matchs). C’était beau, facile, comme si on se connaissait par cœur, alors que ça ne fait que trois mois que l’on joue tous ensemble. C’est surprenant de voir que la mayonnaise prend si vite. C’est un travail de tous : du président, des recruteurs, du staff, des joueurs. Et puis ça peut paraître anodin, mais c’est un bon groupe, alors c’est facile de bien s’entendre.
Ironie de l’histoire, tu ne jouais pas à Monaco à 30 kilomètres de Nice, et là tu plantes but sur but quand, en Principauté, les attaquants peinent à trouver les filets.
Je souhaite que Monaco fasse une bonne saison. Ils ont vendu Martial dans les derniers jours du mercato aussi. Je ne pense pas que cela soit un problème d’attaquants uniquement, c’est plus l’animation offensive qui fait défaut. Ils marquent peu, en encaissent pas mal. Nous, on a peut-être moins de joueurs de qualité, mais tout le monde est en mouvement, tu as des appels en permanence, le danger vient de partout. Peut-être qu’il manque du mouvement, que les milieux marquent plus, les excentrés aussi.
Contre Rennes, vous allez une nouvelle fois jouer le dimanche à 21 heures sur Canal Plus. Comme face à Saint-Étienne. Nice n’est pas habitué à ces honneurs…
On y pense un peu quand on joue. Il y a plus de caméras, plus de monde dans le stade, la famille aussi est mobilisée. C’est bien pour tout le monde, pour le club, pour nous. À Saint-Étienne, les gens ont découvert Koziello et Séri, par exemple. Ça met le club en lumière.
Vous n’avez pas joué depuis longtemps avec la coupure de Nantes. L’équipe sera-t-elle dans le rythme ?
On va très vite le voir. On aurait aimé terminer ce match, je suis persuadé que l’on aurait gagné, car on se sentait bien offensivement. Avec trois points de plus avant la trêve, on aurait emmagasiné plus de confiance, on se serait retrouvé dans le top 5 avant d’aller à Rennes, ce n’est pas rien. Bon, là, on sait qu’on a un match en retard, on avance en sous-marin, car si on arrive à grappiller des places avec un match en moins…
Les objectifs sont-ils revus à la hausse, du coup ?
On veut faire mieux que l’an dernier. Retrouver une certaine cohésion entre le club et les supporters. Donner du plaisir. Après c’est certain, si on continue sur cette logique, on verra les choses autrement. Mais il ne faut pas s’enflammer, on est l’équipe la plus jeune du championnat, il faut garder les pieds sur terre. Personne ne nous attend et c’est tant mieux. En tout cas, on est capables de finir dans les 6-7 premiers. Reste à voir comment on saura gérer notre trou, car dans une saison, on a toujours un moment où les choses tournent moins bien. Ça sera important de voir notre réaction à ce moment.
D’un point de vue personnel, tu t’es fixé des objectifs ?
Faire une saison pleine. Pour l’instant, j’ai quasiment joué autant de temps en 8 matchs que toute la saison dernière (rires). Je dois me calquer sur ma saison de Ligue 2 en matière de statistiques. Et puis prendre du plaisir.
C’est facile de quitter son club formateur pour un autre club à 30 kilomètres, non ?
Ça n’a pas trop pesé dans ma décision. Le plus important, c’était le discours de Claude Puel, le staff de qualité, le fait que Nice me tournait autour depuis plusieurs années, l’état d’esprit sur le terrain. J’ai senti une envie commune sur ma venue. Le président m’a souvent appelé, j’ai eu le coach au téléphone aussi et je connaissais pas mal de joueurs ici, dont Papy Mendy qui a fait ses classes à Monaco avec moi. Tout ça accumulé, plus le temps d’adaptation quasiment nul puisque je suis du coin, Nice était la destination parfaite.
(1). 2-2, le match a été arrêté à la 46e et sera rejoué dans son intégralité le 4 novembre suite aux intempéries qui ont touché la Côte d’Azur
Naples résiste à l’Inter et garde sa première place