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Valère Germain, de supersub à Superman
Il était le super remplaçant de l'ASM, il est aujourd’hui indispensable à l'OM. Après onze saisons passées dans son club formateur, Valère Germain revient pour la première fois sur le Rocher dans son nouveau costard de patron de l'attaque ciel et blanc.
« Ma saison fera que les gens changeront d’avis ou non…. Je montre en ce début de saison que je peux être un attaquant important qui met des buts. » Valère Germain n’en veut pas à ceux qui estiment qu’il est seulement un bon attaquant et que l’OM devrait en acheter un grand. L’avant-centre préfère répondre à sa manière, soir après soir. C’est-à-dire sur le terrain, et sans faire de bruit. Il faut dire que le Marseillais a l’habitude des remarques sur son style. Ses onze saisons monégasques lui ont appris à se blinder et à ne plus y prêter attention.
Joker de luxe
Emmanuel Rivière, Anthony Martial, Dimitar Berbatov, Kylian Mbappé, ces joueurs ont en commun d’avoir un jour barré la route de Valère Germain à Monaco. Pas le plus grand, pas le plus puissant, pas le plus rapide, le fils de Bruno a souvent dû se contenter d’un rôle de second couteau. « Il a un jeu un peu atypique en France, qui serait mieux reconnu en Espagne par exemple. Pour certains, il ne remplit pas les critères que l’on attend d’un attaquant moderne, avec la puissance et la vitesse » , avance Claude Puel. Jean Petit – adjoint des entraîneurs successifs de l’ASM entre 2011 et 2017 – rejoint l’ancien coach niçois et reconnaît un manque de confiance de certaines personnes à l’égard du joueur : « Certains ne croyaient pas en lui. » À l’exception de Claudio Ranieri qui en fait l’un de ses leaders offensifs avec Ibrahima Touré lors des deux saisons du club en Ligue 2. Mais le retour dans l’élite et une blessure dès le début de l’exercice suivant le transforment en joker de luxe. Guère plus. Ironie du sort, c’est sa saison en prêt chez le voisin niçois qui le révèle aux yeux de son club formateur et de Leonardo Jardim. « Le vrai niveau de Valère, c’est celui de Nice. On s’est aperçu que quand il jouait tous les matchs, c’était pas mal, finalement » , reconnaît Jean Petit. Chez les Aiglons, Claude Puel apprécie le profil du joueur et sait mettre ses qualités au service de l’équipe : « C’est un joueur que j’apprécie en tant qu’attaquant, il ne présente pas les critères que beaucoup demandent, mais il a d’autres arguments. Notamment des arguments techniques, mais il a aussi une grande intelligence dans les déplacements, il est également intelligent dans le jeu, il est bon de la tête. Il avait une bonne complémentarité avec Plea. » Parce que c’est aussi ça, Valère Germain, un joueur qui sait faire briller l’autre, pour peu qu’on lui associe le bon complément. « Ça n’est pas un numéro neuf, mais plutôt un neuf et demi. Il faut le coordonner avec un avant-centre type. C’est un garçon qui marque des buts, qui crée des espaces pour les autres et qui fait des dernières passes. C’est difficile de le mettre en numéro neuf à l’ancienne. » , analyse l’ancien adjoint monégasque.
Une discrétion à double tranchant
Valère Germain n’a en effet rien de l’avant-centre type, encore moins dans son attitude. Ceux qui le côtoient ou l’ont côtoyé, à l’image de Jean Petit, louent à tous les coups son altruisme et sa personnalité : « C’est un garçon discret, qui ne fait pas la une des journaux, qui ne fait pas de scandale, qui est très collectif, que ce soit dans le vestiaire ou sur le terrain. C’est un garçon extraordinaire. » Germain ne cherche pas à attirer les projecteurs, mais Petit reconnaît que cette attitude a pu être à double tranchant : « Cette discrétion lui a certainement coûté une place de titulaire à Monaco, mais ça l’a aussi fait progresser, dans la dernière passe et dans la création du jeu. Ça l’a peut-être un peu desservi, mais ça lui a aussi rendu service. Parce que c’est devenu un très, très bon joueur. » Parfois sous-coté, en témoigne le montant de son transfert. Quand un jeune Monégasque, aussi prodigieux soit-il, mais auteur de seulement six bons mois, coûte plus d’une centaine de millions d’euros, l’Olympique de Marseille en a sorti moins d’une dizaine pour s’offrir le nouveau leader de son attaque.
À Marseille en patron
À vingt-sept ans, Valère Germain aspire désormais aux premiers rôles. « Il sentait qu’il devait aller voir ailleurs parce qu’il allait peut-être être coincé par le projet de l’ASM. Il sentait que Monaco voulait peut-être recruter, et que peut-être il allait moins jouer que l’année dernière, croit savoir Jean Petit. Les dirigeants lui ont donné un bon de sortie pour service rendu. » Dans la fleur de l’âge, Valère a toute la confiance des dirigeants et du staff marseillais. « Il continue à se bonifier, il est dans la maturité. Il arrive après un transfert, donc il est considéré, il est apprécié. Il aura sûrement encore plus de temps de jeu et il va pouvoir continuer à s’affirmer et devenir un joueur très important de l’équipe » , prédit Claude Puel. Sur les traces de son père, joueur de l’OM dans les années 1980-1990, Germain donne pour l’instant raison à son ancien coach. En seulement sept matchs sous ses nouvelles couleurs, le numéro 28 a planté cinq pions et délivré trois passes décisives. « C’est un garçon qui, au départ, était buteur, qui créait des espaces… Je pense que là, il a beaucoup performé dans le collectif et dans la dernière passe, illustre jean Petit, avant de sortir la boule de cristal. Je pense qu’il va s’imposer à Marseille. Et si l’OM achète un numéro neuf, il peut renouveler l’entente qu’il a eue avec Falcao. » Le Vélodrome ne demande pas mieux.
Par Maeva Alliche
Propos de CP et JP recueillis par Maeva Alliche