- C3
- 3e tour
- Marseille-Ostende
Valère actuel
Auteur du premier triplé de sa carrière pour ses débuts officiels au Vélodrome, Valère Germain a planté le décor avec le style qui lui est propre : sans en faire des caisses. Affûté et déjà parfaitement intégré à sa nouvelle équipe, l’ancien Monégasque a montré qu’il était une recrue parfaite pour un OM qui ne doit pas pour autant oublier sa quête d’un autre neuf.
C’est avec le sourire de l’enfant qui a enfin trouvé un copain pour jouer à la balle que Dimitri Payet s’avance devant les journalistes en zone mixte. Fraîchement douché, le nouveau capitaine de l’Olympique de Marseille s’approche du micro du Phocéen et après un bref bilan de la rencontre, s’attarde sur la star de la soirée. « Valère se déplace très bien et c’est un redoutable finisseur, lance l’international français, tout heureux d’avoir un type qui a de l’appétit pour manger ses tartines de caviar. Quand il y en a un qui les met au fond, c’est tout de suite plus facile. C’est pour ça qu’ils(les attaquants, ndlr)coûtent cher. Quoique celui-là, on ne l’a pas eu très cher(rires). » Le Réunionnais peut se marrer : recruté pour huit millions d’euros et deux millions de bonus, Valère Germain est une sacrée bonne affaire dans un monde où l’OM peine à trouver un deuxième neuf à moins de vingt millions d’euros. Un gros coup dont on a presque l’impression qu’il a été rendu possible par la personnalité de l’ancien attaquant de l’AS Monaco, sur et en dehors de la pelouse. Car Valère semble parfois appartenir à un autre temps. Son immense talent n’a pourtant jamais été autant d’actualité.
Le boy next door
Si vous avez déjà eu l’impression que pour Valère Germain, buzz n’est qu’un personnage de Toy Story et que le passement de jambes s’utilise uniquement sur ordonnance du Doc Gyneco, rassurez-vous : ce n’est pas qu’une impression. À 27 ans et six saisons après son début chez les professionnels, le natif de Marseille est toujours resté le même. Malgré des moments précieux avec la génération dorée de l’AS Monaco la saison passée, avec laquelle il s’est découpé de larges tranches de rire, Germain n’a jamais été et ne sera jamais bling-bling. Son mètre 80 ressemble à un mètre 70, son tatouage sur l’avant-bras se voit moins que ses dents écartées et sa coupe de cheveux est la coupe de base dans PES ou FIFA. Sur le terrain, même combat : Valère n’aime pas la chantilly, en revanche, il ne loupe jamais la cuisson de ses frappes, ni celle de ses passes. En pré-saison, Rudi Garcia vantait l’aptitude de son nouveau joueur à disparaître et réapparaître au bon moment, pour la mettre au fond. Ce jeudi, le Vélodrome a pu apprécier la qualité de déplacement et l’intelligence de jeu d’un joueur qui, sur le front de l’attaque, remplace un Bafé Gomis méritant, mais clairement à la ramasse dans ce domaine. Au fond, Valère Germain a des airs de Nando De Colo. Un basketteur de génie – la preuve, il joue quand même au CSKA où il a ramassé l’Euroleague et le titre de MVP – qui a souvent été desservi par sa dégaine de mec normal, de voisin à qui on va demander du sucre. Des types modestes, mais conscients de leurs qualités qui ne s’enflammeraient certainement pas après un triplé face à Ostende. C’est d’ailleurs l’attitude qu’a adoptée l’attaquant de l’OM, même après son premier hat-trick en carrière. S’il a logiquement concédé « pouvoir en marquer un ou deux de plus » sur la rencontre, le numéro 28 a tenu à remercier ses coéquipiers.
Il faut dire que pour un joueur possédant la science du déplacement de Germain, avoir Maxime Lopez, Dimitri Payet, Florian Thauvin, Luiz Gustavo ou Morgan Sanson derrière lui, c’est du pur bonheur. Un bonheur qu’un autre numéro neuf devrait connaître prochainement. Car si Valère n’a eu besoin que d’un seul match pour prouver ses immenses qualités, l’OM aura besoin de plus pour bien faire tout au long de la saison. Au fond, Germain, c’est un peu le symbole de la tournure que semble prendre cet OM Champions Project : malin, pas bling-bling, mais terriblement efficace. En espérant pour les Phocéens qu’ils se soient rendu compte que ce n’était peut-être pas de devant, mais derrière, sur les côtés et dans l’axe que le danger pourrait venir. Car aussi brillant soit-il, le nouvel attaquant de l’OM ne mettra pas un triplé tous les week-ends.
Par Swann Borsellino