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Valentin Vada : « Si on réussit à piquer la troisième place à Lyon… »
Prêté par Bordeaux, où il ne jouait pas, à Saint-Étienne, Valentin Vada (23 ans) ne regrette évidemment pas d’avoir quitté pour quelques mois la Gironde. Les Verts rêvent d’une troisième place qu’ils espèrent piquer au rival lyonnais, et le milieu de terrain argentin savoure cette deuxième partie de saison. Avec, à chaque instant ou presque, une pensée pour son ami Emiliano Sala, disparu en janvier dernier.
Soyez franc : dans le vestiaire stéphanois, on parle beaucoup plus de la troisième place que de la quatrième, non ?On joue contre Montpellier vendredi. Si on gagne, la quatrième place sera assurée et Saint-Étienne jouera la Ligue Europa. Donc, en ce moment, on parle de la quatrième place. Ensuite, on verra. Si Lyon remporte toutes ses rencontres jusqu’à la fin de la saison, ils seront devant nous. Après la trente-sixième journée, on parlera peut-être plus de la troisième place.
D’autant plus que si vous y parvenez, cela signifierait que Saint-Étienne est passé devant Lyon…Cela ne fait pas longtemps que je suis ici, mais j’ai compris qu’il y avait une grosse rivalité entre les deux villes. Cela constitue donc une source de motivation supplémentaire.
C’est sûr que si on arrive à piquer la troisième place à l’OL, ce serait une vraie performance. Saint-Étienne fait une très belle saison. Si on termine troisièmes et qu’on se qualifie pour la Ligue des champions, ce serait fantastique. Ça peut devenir une saison exceptionnelle, car personne ne s’attendait à ce que l’ASSE soit à ce niveau. Par rapport aux budgets et aux effectifs, notamment.
Vous êtes arrivé en cours de saison, lors du mercato hivernal. Mais c’est vraiment depuis le succès à Caen (0-5, le 16 mars), que Saint-Étienne est au taquet… Cette victoire à Caen, c’est le match référence. Tout était presque parfait ce jour-là. On gagne, on joue bien, on étouffe notre adversaire. Depuis, nous avons pris seize points en six matchs. Il y a de la confiance au sein du groupe. Regardez notre dernier match à Monaco. Pendant toute la première mi-temps, on est nuls. Le coach a parlé, il a changé de système, et finalement, on gagne. C’est vrai que depuis deux mois, tout va bien.
Puisque vous évoquez Jean-Louis Gasset, dites-nous en un peu plus…Comme je ne jouais pas à Bordeaux, j’estimais qu’il fallait partir. J’en avais besoin. Je devais être prêté dans un club italien. Mais j’ai eu un appel du coach et ça m’a décidé à changer d’avis au dernier moment. Je ne le regrette pas. J’ai découvert un entraîneur exceptionnel. Et quelqu’un qui a de grandes qualités humaines. Quand un joueur ne va pas bien, a des problèmes, il lui parle, le réconforte. C’est aussi quelqu’un qui ne se cache pas pour dire les choses. Ce qu’il y a de bien aussi, c’est qu’on travaille dans une très bonne ambiance. Ça bosse, mais ça rigole aussi.
Parlons de Bordeaux. Vous n’aviez participé qu’à deux matchs en Ligue 1 cette saison avant d’être prêté à Saint-Étienne…(Il coupe.) Il fallait que j’aille ailleurs. Bordeaux, c’est mon club de cœur, auquel je dois énormément. Mais je ne pouvais plus rester dans cette situation. Je ne jouais pas, car il y avait des gens qui ne voulaient pas que je joue, que je montre de quoi je suis capable. Je ne citerai pas de noms.
C’était dans le cercle des dirigeants ?Non, non. Dans le domaine technique. De toute manière, Bordeaux vit une saison assez mouvementée. Il y a eu des changements d’entraîneurs, l’arrivée d’une nouvelle direction… Je sais que ça va bouger la saison prochaine. Bordeaux est un grand club, avec des ambitions. En ce qui me concerne, je suis sous contrat jusqu’au 30 juin 2020. Je vais donc retourner à Bordeaux à la fin de la saison. La suite ? Je ne sais pas encore, on verra bien…
À Bordeaux, vous avez côtoyé votre compatriote Emiliano Sala, décédé tragiquement en janvier dernier…C’était mon ami, mon frère.
Je pense à lui tous les jours. Je regarde ses photos… C’est toujours très difficile d’en parler. Et ça sera toujours difficile. Emiliano était plus âgé que moi. C’était quelqu’un de bien, un vrai battant, un amoureux du football. Il me disait toujours qu’il fallait s’accrocher, tout faire pour gagner sa place. Comme il n’avait pas un gros temps de jeu à Bordeaux, il est parti à Niort, à Orléans, à Caen pour montrer ce qu’il savait faire. Et c’est à Nantes qu’il a vraiment eu sa chance. Pour moi, c’est un exemple.
L’Argentine, depuis sa Coupe du monde décevante, a beaucoup changé. À l’approche de la Copa América, croyez-vous qu’elle puisse y jouer un rôle majeur ?Même si certains grands joueurs n’ont plus été appelés depuis la Coupe du monde, il y a encore de la qualité. Le coach a fait des choix. Lionel Messi a décidé de revenir en sélection en mars dernier (1-3 face au Venezuela, N.D.L.R). Ce serait extraordinaire qu’un joueur de cette dimension remporte enfin un titre avec son pays. Je pense qu’il le mérite. L’Argentine est une équipe en reconstruction, avec beaucoup de jeunes joueurs qu’on ne connaît pas très bien, mais qui ont un gros potentiel. La Copa América aura lieu au Brésil, et c’est le Brésil le favori. Mais je pense que l’Argentine peut aller loin.
L’Albiceleste, vous y pensez ? Bien sûr. C’est un objectif. Quand je serai un joueur plus affirmé, je ferai tout pour saisir ma chance…
Propos recueillis par Alexis Billebault